Ces jours derniers, nos magistrats sont de plus en plus sollicités. Quand ce n’est pas pour statuer sur les élégances humoristiques, c’est pour désormais fliquer les flics. Ainsi, le 16 février 2012, un certain Faycal A., flanqué d’un certain Meshal H., se font alpaguer par la maréchaussée, après le braquage d’une bijouterie du Vésinet, dans les Yvelines.

Bon, on n’a déjà pas affaire à des prix Nobel en puissance, les deux pieds nickelés niant toute implication dans l’affaire, nonobstant le fait qu’ils aient oublié un peu d’ADN sur place et que leurs exploits aient été immortalisés par des caméras de vidéosurveillance. De la télé-réalité, en quelque sorte.

La réalité, ils la découvrent peu après, lorsque devant répondre aux questions des argousins. Jusque-là, tout va à peu près bien. Leurs dépositions se recoupent, leurs alibis concordent ; bref, presque du travail de professionnels. C’est après que le temps se couvre. En effet, les pandores qui ont oublié d’être idiots placent les deux zigomars dans la même cellule pour leur première garde à vue. Seul petit détail : cette dernière est équipée de micros.

Là, les deux crétins se lâchent. Se refont le film tout en soignant les détails à venir. « Toi tu dis ça… » « Et moi je ferai comme ci et dirai ça… » Le lendemain, ça ne manque pas, ils n’ont plus qu’à signer leurs aveux. Une affaire prestement emballée, donc. Eh oui, voyou, c’est aussi un métier et, dans la catégorie, il y a les aigles et les buses ; ceux qui taquinent le Stradivarius et les autres qui pianotent sur le Bontempi.

En bonne logique, cela aurait dû être la zonzon pour nos deux artistes. Primo pour le braquage. Deuzio pour la nullité crasse. Seulement voilà, pas de veine, la justice de notre pays – en laquelle nous avons toute confiance – en a décidé autrement. La Cour de cassation a ainsi décidé que cette petite ruse portait atteinte « au droit à un procès équitable et au principe de loyauté des preuves, le stratagème qui en vicie la recherche par un agent de l’autorité publique ». Mieux, Maître Patrice Spinosi, avocat d’un des deux zouaves en question, affirme : « La garde à vue n’est pas faite pour faire avouer et piéger les suspects, mais pour faire des confrontations quand les preuves ont été rassemblées ; ce n’est pas le début de l’enquête, c’est son aboutissement. Nous entrons dans une nouvelle phase, celle du rappel des exigences du procès équitable. »

Un dossier qui vient donc d’être renvoyé en cour d’appel. Sacrés magistrats ! Esprits tortueux ? Que nenni. Ou quenelle, plutôt…

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10 janvier 2014

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