Fraude, dépense publique, intérêt limité : MaPrimeRénov’ enfin suspendue !

On ne rénove plus. Des poseurs installent (mal) des fenêtres en PVC fabriquées en Chine...
@Clay Banks-Unsplash
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Au 1er juillet, le dispositif MaPrimeRénov' sera suspendu. Le ministre de l’Économie, Eric Lombard, l’a confirmé le mercredi 4 juin, à l’occasion des questions au gouvernement au Sénat. Motif : un « encombrement » administratif et un « excès de fraudes ». La nouvelle a été très mal accueillie par les professionnels du bâtiment et ceux de la filière rénovation énergétique. Dans les colonnes de 20 minutes, Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment, prévient : « Ça va gronder ! » Des manifestations et des blocages pourraient être organisés en guise de protestation.

Les particuliers et une partie de la classe politique sont également vent debout. Pour certains, cette suspension est un scandale. Il y a pourtant une autre manière de voir les choses, à contre-courant de l’avis général.

Un décision impopulaire

C’est assez rare pour le souligner, mais cette fois, il semble que le gouvernement ait pris une bonne décision. En premier lieu, parce que la France est proche de la banqueroute et que le coût du dispositif est estimé à 3,6 milliards d’euros en 2025. Sa suspension permettra donc quelques économies non superflues.

En outre, le ministre de l’Économie a estimé que 12 % des dossiers déposés étaient « suspicieux », soupçonnés de fraude. Le chiffre est suffisamment important pour qu’il soit pris au sérieux. Il est révélateur d’un dysfonctionnement de fond.

Afin de bénéficier de l’aide de l’État pour réaliser des travaux de rénovation énergétique (isolation, toiture, fenêtre…), les particuliers sont dans l’obligation de faire appel à des entreprises certifiées. Entreprises qui, pour beaucoup, parce qu’elles sont agréées, n'hésitent pas à gonfler leurs tarifs. Pour le particulier qui touche MaPrimeRénov', c’est indolore ; pour l’entreprise, c’est un gain plus important ; pour l’État, c’est encore une manifestation de mauvaise gestion : c'est Nicolas qui paie.

 

Les craintes exprimées par le secteur du bâtiment démontrent enfin que la filière vit sous perfusion étatique. Si l’on en croit ses représentants, 10.000 emplois seraient menacés par cette suspension. Sur son compte X, Mac Lesggy, vulgarisateur scientifique et ingénieur agronome, fait remarquer l’incongruité de la situation : « Les professionnels peuvent s'inquiéter de la disparition de la poule aux œufs d'or ; pour les autres, la disparition de MaPrimeRénov' ne changera pas d'un iota les émissions de CO2 de l'habitat. Toutes les études (britannique et allemande) le montrent. »

Une décision salutaire ?

La question de l’intérêt des rénovations effectuées se pose, en effet. Un architecte marseillais explique à BV : « Le problème principal des rénovations énergétiques qui sont faites, c'est qu’elles sont mal faites. » Il donne un exemple : « Pour les fenêtres, dans la plupart des cas, les huisseries anciennes en bois pourraient être rénovées, mais elles sont supprimées et remplacées par du PVC dont les qualités sont bien moindres et dont la durée de vie n’excède pas 15 ans. Pire, le plus souvent, elles sont mal posées, car on a affaire à des entreprises qui n’ont pas de savoir-faire. Hier, il y avait des menuisiers qui savaient rénover et fabriquer ; aujourd’hui, nous avons des poseurs qui installent des fenêtres usinées en Chine. »

Il ajoute : « L’autre problème dont on ne parle jamais en matière d’isolation, c’est l'imperméabilité. A force d’isoler, les bâtiments ne respirent plus et cela provoque des dégradations. » Pour ce professionnel du bâtiment, « il faut aussi se rendre compte que cette lubie de la rénovation énergétique conduit à la perte des caractéristiques architecturales régionales », car partout sur le territoire, ce sont les mêmes matériaux qui sont désormais utilisés, « des matériaux sans âme et inesthétiques », le plus souvent.

Mac Lesggy résume parfaitement la situation : « Comme les ZFE, MaPrimeRenov’ était une réponse inadaptée à un problème mal posé (comme toujours quand on privilégie des moyens plutôt que des objectifs). Il faut souhaiter que l'État, qui prévoit de le suspendre, abandonne définitivement ce dispositif. » Ma PrimeRénov' ? Ni fleurs, ni couronnes !

Vos commentaires

62 commentaires

  1. MaPrimeRénov’

    Le PDG de la Start-Up Nation ne sait pas ce qu’est un audit ni même un contrôle de gestion? IL ne se manifesta que quand on lui fait pas d’abus, – mais seulement dans certains domaines car son dessein profond est d’emmerder les Français.

  2. Bien d’accord avec cet article. De plus, cette prime est basé sur le DPE (diagnostic de performance énergétique) très souvent corrigé car on s’est aperçu que ses conclusions étaient souvent fantaisistes.
    Cette prime profite surtout aux entreprises, nombreuses à effectuer des travaux de mauvaise qualité, et peu aux propriétaires qui paient les travaux.

  3. Nos textes de lois sont mal rédigés. Ils sont écrits dans la précipitation pour répondre à l’air du temps. Ils répondent à une idéologie qui, dans bien des cas, néglige l’ensemble du sujet. Ils ne traitent que ce qui répond à la préoccupation du moment sans prendre la précaution d’élever l’analyse pour savoir s’ils ne touchent pas d’autres secteurs. Et enfin, le souci, les conditions de leur application ne sont jamais traitées, au mieux, survolées. Ce qui justifie cette demande de la population, réduire les effectifs des assemblées, trop d’inutiles.

  4. Non le gouvernement veut supprimer cette prime que pour le fait de faire une économie qui cache bien d’autre dépenses beaucoup plus grande et qui les impacts directement il est plus facile de leurrer les geux que de toucher à leurs intérêts

  5. MaPrimRénov’, c’est l’usine à gaz comme savent si bien les faire les technocrates verts-de-gris.
    C’est une machine qui appauvrit les (co) propriétaires, obligés d’avancer la fameuse « prime », obligés de s’endetter sur des années en copropriété, aux dépens de leurs descendants et de leurs ressources, souvent de minces retraites après avoir travaillé toute une vie.
    La mesure profite d’abord aux bailleurs et investisseurs qui en profitent pour augmenter les loyers, faire des colocations destinées aux étudiants, aux jeunes travailleurs.
    Quant aux « subventions », elles servent d’abord à rémunérer tous les intermédiaires qui sont partie prenante obligée du chantier de l’ITE (isolation « thermique » par l’extérieur) : AMO (Assistant Maître d’Ouvrage), syndic et autres parasites financiers ou « techniques » qui se servent au passage et rognent la fameuse « prime » au détriment des résidents, souvent enfumés par les discours serinés par les « écolos » avec la bénédiction de l’Etat.
    Cette « PrimRénov' », c’est un scandale. Nous n’avons même pas la garantie ni de son bon usage, ni de son utilité. Elles ont bon dos les « passoires thermiques ».
    Si on cherche des passoires, allons voir du côté de ceux qui ont vidé les caisses de l’Etat, donc des contribuables, qui font encore tenir ce pays tiré vers le bas tous les jours davantage par cette engeance qui nous pille. Les passoires, c’est elle, cette engeance égoïste, sans foi ni loi.

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