François Ruffin est un vrai homme du peuple. Visiblement, il ne fait pas semblant, ou alors c’est qu’il est très fort. Lorsqu’il défend les obscurs, les sans-grade, ceux qui ne peuvent pas faire autrement que de prendre la bagnole pour aller bosser et qui, à la clef, ne gagnent pas grand-chose, il est crédible. Qui plus est, ses accents sont frappés du sceau de la sincérité. Laurent Gerra en fait régulièrement le benêt de Mélenchon. Sur ce coup-là, notre imitateur a tort. Car Ruffin sait appuyer là où ça fait mal. Autrement dit, et comme on dit aujourd’hui, il sait faire le buzz.

Et ce dimanche, sur le plateau du « Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI », ça n’a pas raté. « Le mandat qui est en jeu aujourd’hui, ce n’est pas le mandat des députés, c’est le mandat du président de la République », a lancé Ruffin. Car cette réforme est d’abord celle du président de la République. Et donc, « s’il veut passer en force » sur ce sujet, Emmanuel Macron doit « remettre son mandat en jeu ». En clair, passer par un référendum. François Ruffin, qui a été à bonne école - la même qu’Emmanuel Macron à Amiens, en l’occurrence le lycée de la Providence -, prend à son propre jeu le chef de l’État qui aurait affirmé, la semaine dernière, qu’il ne voulait pas de « chienlit » dans le pays, reprenant l'un des mots favoris du général de Gaulle. C’est ta réforme, camarade, eh bien, chiche, fais comme le fondateur de la Ve République, mets ton mandat en jeu, par un référendum ! Au moins, les choses seront claires ! Après tout, la réforme des retraites qui doit engager notre société pour les prochaines décennies n’est pas moins importante que celle du Sénat et la régionalisation, objets du référendum de 1969 ! Ou comment retourner la situation après qu’Emmanuel Macron a laissé planer la menace d’une dissolution si son gouvernement était censuré sur la réforme des retraites, l’an prochain.

Les choses seront claires, disions-nous ? Justement, elles ne le sont pas. En effet, Emmanuel Macron se persuade ou tente de persuader les Français qu’il a été réélu sur son projet. D’abord, quel projet sur les retraites ? Le 22 avril, deux jours avant le second tour, sur France Inter, le candidat-Président annonçait que s’il était réélu, il ouvrirait une grande conférence sociale dès son élection. On en est où, de cette grand-messe promise par celui qui affirmait ce jour-là, presque exalté : « Je crois dans mon idéalisme [Heureusement !]. Je crois qu’on peut le faire » ? En guise de « grande conférence sociale », on est tout de même passé par l’hypothèse d’un vulgaire amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale, hypothèse qui n’est pas complètement exclue, révélait franceinfo, jeudi 29 septembre, si les syndicats refusaient la concertation proposée par Élisabeth Borne. Les choses seront claires ! Mais elles ne le sont pas depuis le début. Depuis le soir du second tour de l’élection présidentielle. Car Emmanuel Macron n’a pas été réélu sur son projet mais sur le rejet de Marine Le Pen et du Rassemblement national, rejet qui, visiblement, est de moins en moins évident, preuve à l’appui : les élections législatives. Si les Français avaient adhéré au projet de Macron, ils auraient voté à l'identique en juin…

Mais pour revenir à François Ruffin et son idée de référendum, comment ne pas saluer les accents populaires, voire populistes, de cet insoumis, l’un peut-être des rares et véritables insoumis de l’équipage mélenchoniste, sachant que la majorité de ceux qui se parent de ce titre sont en réalité soumis aux idéologies en vogue à l’extrême gauche aujourd’hui ! Loin des véritables aspirations populaires. Alors, encore un petit effort, camarade, et tu rejoindras d’autres bancs !

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02 octobre 2022 à 19:55

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40 commentaires

  1. Macron n’aura pas besoin de dissoudre !! En menaçant de le faire, il aura les voix des trouillards LR et NUPES qui seront loin d’être de nouveau élu en cas de dissolution, et par voie de conséquence, qui perdront leur presque 30 000 € mensuel ( indemnité de parlementaire, réserve parlementaire, allocation pour un ou plusieurs assistants parlementaires, etc, etc…. ). Aussi simple que cela, et cela lui garanti de garder ses 240 députés LREM ( qui fondrait comme neige au soleil en cas de nouvelles élections ! ).
    Macron est le nouveau Machiavel, expert en trahison ( lisez  » le traitre et le néant  » ) et en mensonges.

  2. Que fait il chez Mélenchon c’est Zemmour qu’il doit rejoindre au plus vite sinon il n’est pas crédible .

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