À l’époque pré-qatarienne, le PSG, tout de même, c’était quelque chose : il arrivait que le club parisien luttât pour le maintien, mais, toujours, dans les gradins, à Boulogne comme à Auteuil, cela chantait en chœur. Le football moderne est passé par là. À Manchester aussi.

Autrefois, au bon vieux temps du gazon frais, les rencontres sportives opposaient les villages voisins où l’esprit de clocher le disputait à la force physique des compétiteurs. Les querelles picrocholines nourrissaient l’âme du sport. Dans les villes, les rivalités séculaires s’ancraient dans l'activité physique.

Dans les dictatures, où toute liberté s’efface au profit de la pensée unique, les oppositions sont d’ordinaire d’une autre nature. Lorsque la Roumanie fut sous le joug communiste, les clubs furent l’émanation des différents ministères sous la coupe du parti. À Bucarest, le Steaua fut fondé par le ministre de la Défense, le Rapid par les cheminots et le Dinamo par le ministre de l’Intérieur. En Russie, le Dynamo Moscou était le club de la police, le CDKA celui de l’armée.

Avec l’internationalisation du sport-roi, parallèle à la mondialisation, et l’émergence de nouvelles puissances financières sur le gazon, la glorieuse incertitude du sport s’est effacée au profit d’une peu glorieuse « happy end » qui voit le plus riche gagner. Il n’y a désormais plus vraiment place pour les surprises, encore que Leicester est sur le point de décrocher le titre en Premier League.

À ce petit jeu, les mécènes d’autrefois et autres généreux sponsors ont laissé place aux investisseurs du Golfe. La rencontre de Champions League, qui oppose Manchester City au PSG - dites plutôt QSG ou QSI -, est l’aboutissement du remplacement du sport-spectacle, qui n’avait déjà plus grand-chose à voir avec le sport d’autrefois, en simple spectacle.

Le public a, quant à lui, beaucoup changé. Autrefois, le Paris Saint-Germain possédait, dans son antre décuplant le moindre bruit, un des meilleurs publics d’Europe. Bien sûr, il y avait eu des tensions entre la tribune nationaliste de Boulogne et les petits jeunes d’Auteuil. Et deux morts. Le prétexte était trop beau pour remplacer les supporters par des spectateurs.

Il y a quelques années de cela, Manchester City traînait son spleen dans la troisième division anglaise. De l’avis de nombreux amateurs de football briton, les fans citizens étaient parmi les meilleurs du royaume de Sa Gracieuse Majesté. Leur âme est désormais, en partie, noyée dans le houblon.

Bien sûr, la presse a présenté la rencontre entre Mancuniens et Parisiens comme, non seulement un match de rêve, mais aussi un match musical, entre le rock d’Oasis et le rap de Booba (Le Monde). Pourtant, City-PSG sera, avant tout, une rencontre entre l’Émirat d'Abou Dabi et le Qatar. Pauvre football !

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12 avril 2016

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