Fondation Kairos : des « îlots de résistance » pour défendre la liberté scolaire

C’est un paradoxe bien français : plus l’école publique promet l’égalité des chances, plus elle les retire à ceux qui les mériteraient. Ce vendredi 23 mai, la fondation Kairos organisait un colloque autour de cette question : « L’égalité par la liberté ? » Une occasion de remettre sur la table le rôle de l’enseignement libre et de s’interroger sur les moyens à mettre en œuvre pour sortir l’école française de la crise qui fait de ses élèves les derniers de la classe.
L’école ne repose jamais seulement sur des savoirs, rappelle d’emblée la philosophe Chantal Delsol : elle s’ancre toujours dans des croyances, des coutumes, des traditions. Si l’on a souvent reproché à l’école d’autrefois d’avoir été gouvernée par les institutions religieuses, celle d’aujourd’hui est bien dominée par un autre dogme, selon elle : celui du républicanisme égalitariste fondé sur l’idée que « la situation d’égalité permet la pleine utilisation des facultés de chacun ». Une idéologie qui promettait l’épanouissement universel par des structures uniformes, mais qui a fini par rayer de l’équation l’effort, le mérite et le bon sens. « Le républicanisme a été teinté d’un égalitarisme marxisant », tranche-t-elle. Résultat : une institution malade, incapable de faire émerger les meilleurs.
« Il faut restaurer l’effort », insiste Chantal Delsol, redonner leur valeur aux diplômes et cesser de construire le système autour de « l’infime minorité qui ne les obtient pas ». Sinon, avertit-elle, « nous aurons un pays fanatique de l’inégalité où le peuple et les élites ne parleront plus la même langue ».
L’émancipation, cette idole contemporaine
Bérénice Levet, elle, prend à rebours l’air du temps : ce ne sont pas les droits mais les devoirs, qui nous attachent, qui nous lient. Son grand combat est « contre l’idole de l’émancipation ». Dans une société obsédée par l’autonomie, on finit par rejeter tout héritage. « On coupe un à un tous les fils qui nous rappellent à nos vérités », analyse-t-elle, qu’elles soient naturelles, culturelles ou civilisationnelles. « Recevoir serait une offense faite à notre liberté. » Cette logique conduit à l’oubli des grandes œuvres et des grandes idées : « On pousse dehors les grandes choses d’autant plus qu’on ne les comprend plus », disait Balzac. Elle le cite à propos.
« On ne fait plus des individus capables de faire, mais des gens conditionnés à "mieux être" », résume, de son côté, le sociologue Mathieu Bock-Côté. Pour lui, le système public est devenu « un laboratoire aux mains des universitaires ».
Contre le déclin, oser la liberté
À force de tout essayer pour enrayer le déclin scolaire, un angle mort demeure : la liberté. Autour de la table, les constats sont tout aussi sévères et les solutions variées. Pour l’économiste Olivier Babeau, il faut « en finir avec l’uniformisation des programmes » et redonner du pouvoir aux établissements.
Max Brisson, sénateur Les Républicains, abonde en ce sens, lui qui tente de faire bouger les lignes de l’intérieur. Il défend une proposition de loi pour donner une vraie autonomie juridique aux écoles primaires. Trop de circulaires, trop de directives venues d’en haut : « Il faut revenir à l’établissement, c’est là que tout se passe. » Pour les familles, l’école doit redevenir « une classe, un professeur, un enseignement ». Bock-Côté les suit : pour lui, il faut créer des « canots de sauvetage », des « îlots de résistance » pour s’extraire d’un système qui, selon ses mots, « nous amène à sa perte ».
Liberté scolaire : le faux procès
Pourtant, dès qu’on parle de liberté scolaire, les procès d’intention pleuvent. Anne Coffinier, à l'origine de la fondation Kairos pour l'innovation éducative et organisatrice de l’événement, répond à ceux qui pourraient l’accuser de faire le jeu du séparatisme islamiste. « Vous facilitez ces mouvements et leur créez un boulevard », entend-elle souvent. Elle rappelle que défendre l’enseignement libre, c’est défendre le droit au choix. Et pose les questions essentielles : « Est-ce qu’on tolère la charia, oui ou non ? » Si l’on assume jusqu’au sommet des institutions que l’islam n’a pas sa place en République, rien ne devrait empêcher de le combattre avec fermeté, jusque dans les écoles libres. Elle conclut : « Le libre choix est le meilleur allié d’une véritable justice sociale et d’une véritable égalité des chances. » Encore faut-il qu’on le laisse exister.

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25 commentaires
La grande question c’est quoi l’égalité et c’est quoi la justice ? L’égalité c’est que tt le monde peut étudier et aller à l’école pour s’instruire, la justice chacun obtient ce qu’il mérite. Depuis des décennies on baisse le niveau on pénalise les meilleurs pour qu’eux se mettent au niveau des moyens voir des médiocres qui refusent de se donner les moyens de réussir, on a voulu faire des intellectuels et on a méprisé les manuels, aujourd’hui on doit faire venir de l’étranger des soudeurs pour nos centrales, l’éducation nationale méprisante envers les intelligences manuelles a envoyé au casse pipe des milliers de gamins. J’ai souvenir d’une prof qui déclarait méprisante envers un camarade d’école si tu ne travaille pas mieux tu iras en CAP ou BEP l’ultime insulte pour nous, pour nos parents qui travaillaient durement honnêtement et qu’on méprisait. J’ai même eu droit à une réflexion devant toute la classe car j’avais de bonnes notes, c’est étonnant Malika avec ta maman femme de ménage qui ne sait ni lire ni écrire, ce jour là j’ai ressenti une rage et une colère phénoménale et une honte aussi, ces sentiments m’ont poussé à me dépasser et à réussir pour ma mère qui a élevé seule ses enfants et qui ont tous réussi. L’éducation nationale devrait s’appeler l’instruction nationale, l’éducation la réussite dépend de la volonté des parents et dépend des enseignants à conditions qu’ils soient bons et surtout au niveau, ce qui est loin d’être le cas, recruter des profs avec une moyenne de 4/20 c’est plus que limite, pour nos enfants nous reprenions systématiquement les cours, notamment en maths là c’est catastrophique. Je suis effarée par le niveau plus que bas, je ne parle même pas du primaire, lorsque je vois ce qu’on demande à mon petit fils de faire j’ai envie de pleurer tant c’est au ras des pâquerettes, il s’ennuie à l’école et la maîtresse l’a même enguirlandé car il finissait trop vite ce qu’elle donnait a faire à la classe. Septembre école privée catholique d’un bon niveau, là ou étaient mes enfants après un passage éclair dans le public.
Étant gouvernés par des apprentis sorciers, je crains que nous ne voyons pas la fin de la dégradation de l’Enseignement en France, sinon de la France tout simplement.
Dans le rapport concernant les Frères Musulmans, vous verrez que nos rapporteurs et, je pense, nos politiques, proposent de mettre en place l’apprentissage de l’arabe au sein de l’Éducation nationale (page 62).
Il est extraordinaire que nos politiciens de centre et de gauche, aient réussi à faire disparaître, à cause des « hussards de la République », toutes les langues et dialectes en France : l’occitan, le breton, l’alsacien, le basque, le corse, les langues créoles, sans nommer les patois, tout cela dans le but de développer un sentiment national ! et un siècle plus tard, nous allons développer l’arabe pour « assimiler » les musulmans sans doute pour (re)développer un sentiment national ?
Mais de qui se moque t’on ?
Pour info, de nombreux établissements de l’enseignement supérieur ne vous ont pas attendu pour proposer l’enseignement de l’arabe. C’est le cas notamment de l’ESPOL, Université Catholique de Lille. Le Russe et le Chinois y sont également enseignés.
Cette ouverture sur le monde ne pose de problème à personne.
Au lieu de rajouter toujours des lois aux lois, plus ineptes les unes que les autres, il faudrait en supprimer beaucoup et on verrait beaucoup plus clair.
Un conseil : revoyez le très beau film d’Éric Besnard « Louise Violet » qui fait l’éloge de notre école publique, laïque et républicaine.
On ne peut pas mélanger l’huile et le vinaigre
Si, si, on peut. Mais ça ne dure pas.
Le privé en France c’est aussi Averroès, mais le public c’est aujourd’hui toujours l’effacement des humanités.
« C’est un paradoxe bien français « . Cela n’a rien d’un paradoxe, c’est le nivellement par le bas, seul moyen socialiste d’obtenir une « égalité » se limitant à « je ne veux voir qu’une tête ».
Le seul pays musulman que j’ai connu est la Turquie. Je n’ai pas eu envie d’y rester. Et j’ai trouvé peu de l’ancienne Byzance, excepté Sainte Sophie. L’islam conquérant en France donnera une sorte de Turquie.
Je constate avec un certain plaisir que je ne suis pas seul à estimer que l’Islam n’a pas sa place en France. Merci !
En effet, qui aimerait vivre comme en Iran, ou Afghanistan et autres pays musulmans ? Que ces musulmans qui vivent en France, pays de la liberté, réfléchissent à deux fois avant de promouvoir un état-califat car ce sera fini de la liberté de plaisanter, de rire, de chanter, de danser et les femmes seront transformées en belphégor , des objets sexuels pour hommes en rut, plus d’aides sociales et peines radicales concernant les délinquants et autres…
L’Islam, comme toute religion en pays civilisé et démocratique, a sa place en France; mais la pratique religieuse doit rester personnelle, comme la Loi de 1905 -séparation de l’Eglise et de l’Etat – l’a imposé à l’Eglise Catholique, laquelle dictait avant au peuple ses règles de vie au quotidien.
Elle ne faisiat pas que ça. Les dix commandements, fondements du christianisme, ont débouché directement sur le Code Pénal, fondement de nos démocraties. Qu’on le veuille ou non.
Au nom de l’égalité on a mis dans une même classe ,avec un même enseignement des enfants parlant français chez eux et des enfants d’origine étrangère et ce ,en classe de CP où l’élève apprend à lire et à écrire et qui ,à mon avis est la classe la plus importante:il ne faut pas s’étonner ensuite que l’éducation primaire soit dans cet état!
Un élève qui ne sait ni lire ni écrire à la fin du CP trainera un handicap tout au long de sa scolarité ,je le sais par expérience.
Quand un pays a tant d’étrangers ne parlant pas le français ,il ouvre des classes qui enseignent le » français langue étrangère ».
C’est la seule solution!
L’égalité n’existe pas vraiment car il y aura toujours des grands des petits ,des gens intelligents et des idiots ,des personnes qui réussissent leur vie et des personnes qui la ratent!
Vouloir prôner cette qualité relève d’une idéologie incompatible avec le pragmatisme de la réalité et préjudiciable à la notion d’excellence!
Il ne se passe pas grand chose.
Tout est tellement vrai, mais je rejoins Glandu. A part quelques exceptions, l’enseignement est aux mains de la Gauche et de leur vision égalitaire. Comment réussir avec ce mur indestructible ?
Qui a donné l’Enseignement au parti Communiste en 1945 ?
De Gaulle, en même temps que l’industrie, les transports, l’énergie, les médias et la santé. Contemplons ce qu’ils en ont fait!
CQFD. Nous sommes d’accord Bernard Guilhon !
Encore une fois, beaucoup de paroles sur un sujet sensible qui déboucheront sur peu d’actions.
Le sénateur Brisson parle de revenir aux établissements, qui sont au coeur de l’action. Mais si les enseignants eux-mêmes sont contaminés par les idées progressistes – hypothèse envisageable sachant que la majorité d’entre eux vote à gauche, voire extrême gauche – plus d’autonomie ne signifiera pas nécessairement retour aux fondamentaux, plus spécialement dans le primaire.
Tous les enseignants ne sont pas de gauche!
Certes. Mais quand même l’enseignement est largement gangrené par la gauche (voir le nombre de syndiqués et quel syndicat) et même l’enseignement catholique (j’y étais) quant à l’université (particulièrement sciences humaines) c’est plus que gangrené. Et comme ils se savent puissants et qu’ils sont persuadés en plus de détenir la vérité et bien bon courage pour faire bouger les choses . L’erreur de départ : avoir confondu égalité et équité. On n’est pas tous égaux. Sinon tout le monde participerait aux jeux olympiques, tout le monde pourrait aller danser à l’opéra ou bien jouer d’un instrument de musique. Par contre on peut tous nous donner la chance d’y accéder en se formant. Mais seuls quelques uns y arriveront. Et au lieu de vouloir donner le bac à tout le monde pour qu’ils aillent traîner en fac et pourrir l’aéroport système donnons leur plutot la possibilité de trouver des voies qui correspondent à leur capacité et que les enseignants eux mêmes arrêtent de mépriser toutes les voies qui ne sont pas générales … ils devraient être les plus ouverts d’esprits . Ils sont les plus étriqués .
Beaucoup, quand même.
Oui, je me souviens d’un instit me disant au sujet de l’un de mes enfants assez doué suite à ma question sur le fait qu’il s’ennuyait à l’école = « il attendra que les autres en oient à son niveau ».
Nous l’avons alors mis en privé.
Et il a fini, jeune adulte à s’expatrier dans un pays où « à compétence égale, salaire égal et reconnaissance égale, quel que soit le milieu d’origine ».