
Quand plus d’un électeur sur deux vote pour un parti alors que la participation est honorable, la légitimité démocratique de ce parti devient incontestable. L’attitude extrêmement digne et sportive de son candidat saluant la belle campagne de son adversaire fait perdre tout crédit à ceux qui disent qu’en dépit de ses scores, le FN ne serait pas un parti républicain. L’emploi dévoyé de ce mot et les vieilles insultes de fascisme révèlent au contraire de quel côté est le sectarisme.
Le même jour que cette modeste élection au retentissement étonnant, le PS a offert le spectacle de ses divisions et de la course au pouvoir, par tous les moyens, à l’occasion des primaires marseillaises. Côté UMP, Xavier Bertrand n’a pas trouvé mieux que d’ajouter sa candidature à une bataille d’« ego » qu’il prétend dénoncer, sous couvert d’unité… Beaucoup de Français doivent se dire que, peut-être, il est temps de renvoyer dos à dos les deux machines électorales, leurs ambitions, leurs appétits, leurs mensonges et leurs échecs, qui après plus de trente ans d’alternance n’ont fait qu’aggraver la maladie du pays.
La montée du Front national n’a donc rien d’étonnant. Il lui reste à transformer l’essai en devenant le premier parti de droite, comme le Partido Popular l’avait fait en Espagne en délogeant les centristes. Sur sa route, trois obstacles.
Le premier est ce qui le sépare vraiment de l’UMP et du PS : son opposition à l’Europe. La réussite relative des pays qui ont conservé leurs monnaies, le marasme du sud de l’Europe, les interventions tatillonnes de la machine européenne tandis qu’elle passe à côté de tous les grands sujets ont dissipé le rêve européen. Cet obstacle devient un atout.
Le second s’appelle la crédibilité. Cela tient à la capacité reconnue de dirigeants capables d’expliquer techniquement comment en finir avec l’euro et comment rétablir les frontières économiques. Il y a là encore un effort considérable à accomplir.
Enfin, le troisième est l’isolement qui semble rendre impossible l’accession au pouvoir national, comme aussi, dans de nombreux cas, sur le plan local. Là, prioritairement, la métamorphose est nécessaire, faute de quoi, Brignoles restera sans lendemain.
21 octobre 2013