
Voilà qui devient, non point conjoncturel, mais structurel : cette historique tendance qu’a la gauche – depuis Mai 68, tout au moins – d’avoir des problèmes avec le peuple. Alors, à défaut de pouvoir le dissoudre, ce même peuple, telle une vulgaire Assemblée, ou de le mener au knout, façon 49-3, la seule latitude qui lui reste consiste manifestement à l’insulter de la manière la plus vulgaire qui soit.
Ainsi, Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, invitée de la matinale de France Inter, radio une fois de plus en grève, vient-elle de lâcher une perlouze aux fumets atomiques : « Quand on écoute France Inter, on n’écoute pas RTL. Malgré tout le respect que j’ai pour RTL ou pour Europe 1, il y a à Radio France une mission spécifique de décryptage de l’information… » Parce que dans les deux autres radios privées incriminées, ces journalistes levés dès potron-minet préfèrent peut-être peigner la girafe plutôt que de “décrypter l’information” ?
Après, on peut penser ce que bon semble des journalistes en question ; il n’empêche que… Oui, il n’empêche que les tweets en retour de ces mêmes journalistes étaient plus que rageurs et, sur le fond, largement justifiés, surtout lorsque s’adressant à un ministre de la Culture sûrement persuadé que Patrick Modiano était footballeur à l’OM, et qui reconnaissait n’avoir pas lu un seul livre depuis deux ans…
Décidément, de Jean-Vincent Placé à Fleur Pellerin, la gauche au pouvoir n’a pas la main heureuse avec ses recrues coréennes. Malédiction des enfants issus du pays du Matin calme ?
Certes, Fleur Pellerin n’ouvre un livre que chaque 32 février des années bissextiles, hormis peut-être ceux qu’elle offre à colorier à ses enfants. Mais, si elle était mieux au courant d’affaires qui, après tout, la concernent, elle saurait que sur RTL, il n’y a pas que des clones de Jean Roucas ou de Michel Leeb. Jean-Michel Apathie, ça vole tout de même un peu plus haut que le défunt Yves Mourousi. Et Yves Calvi, patron de la matinale de la radio en question, a plus longtemps fait ses classes à France 5 qu’au cabaret des 2 Ânes. Idem pour Stéphane Bern ou Laurent Ruquier, transfuges de ce France Inter qu’on aimerait bien entendre si on pouvait encore l’écouter… Bref, le jour où les copains de Fleur se décideront enfin à se remettre au boulot…
Idem pour Europe 1. Nous ne saurions forcément dire pourquoi, mais il semblerait que le « décryptage de l’information » puisse être, lors de la matinale, mieux assuré en termes de revue de presse par une Natacha Polony que par une Pascale Clark. Après, comme il se doit, c’est juste une banale histoire de points de vue.
Certes, on a bien le droit de préférer Caroline Fourest à Hanna Arendt.
On a aussi le droit de couper le poste, vu le QI stratosphérique des trisomiques qui nous causent dedans. On a aussi le droit de rêver, un jour prochain dans un monde futur, d’un véritable ministre de la Culture. Si, un jour, on nous avait dit que Fleur Pellerin nous ferait regretter Jack Lang, qui l’aurait cru…
Bienvenue dans le monde d’aujourd’hui.
7 avril 2015