Faut-il croire les sondages ?

21 avril 2002

Faut-il croire les sondages, quand Emmanuel Macron est à plus de 30 % avec un litre d’essence à plus de 2 euros (alors que les gilets jaunes étaient sortis sur les ronds-points quand le litre était à 1,50 euro), quand Éric Zemmour est à 11 % malgré ses 115.000 adhérents et ses salles combles pendant ses meetings, quand le RN était donné vainqueur aux élections régionales de 2021 dans plusieurs régions (surtout la Provence-Alpes-Côte d'Azur où Thierry Mariani devait l’emporter) et qu’en définitive, pas une seule région n’est allée au RN ? De plus en plus de voix s’élèvent sur les plateaux de télévision ou sur Twitter pour questionner la fiabilité des sondages.

Des sondages assez précis en 2012 et 2017

Lors des élections de 2012, les sondages à un mois de la présidentielle pour le premier tour avaient vu juste : François Hollande et Nicolas Sarkozy étaient annoncés pour le second tour et s’y étaient retrouvés avec une marge d’erreur très faible, et le classement donné pour la suite (Marine Le Pen en troisième, Jean-Luc Mélenchon en quatrième et François Bayrou en cinquième) s’était également vérifié.

En 2017, Emmanuel Macron était crédité, un mois avant l’échéance du premier tour, de 26 % d’intention de vote, suivi par Marine Le Pen qui en rassemblait 25 %. Ils s'étaient bel et bien retrouvés au second tour, avec respectivement 24 et 21 % des voix, ce qui était légèrement inférieur aux prédictions. La grande surprise vint de Jean-Luc Mélenchon, crédité de 13/14 % d’intentions de vote, qui obtint 19,5 % des suffrages, ce qui le plaçait à 600.000 voix du second tour !

Le cas 2002

Le schéma le plus inattendu de l’histoire de la Ve République date toutefois de 2002 : lors d’un sondage du 9 mars 2002 pour Le Point, France 2 et Europe 1, Jean-Marie Le Pen était crédité de 8 % des voix, ce qui le plaçait en quatrième position, loin derrière Jacques Chirac (24 %), Lionel Jospin (22 %) et Jean-Pierre Chevènement (11 %). Tout le monde fut surpris, à commencer par Jean-Marie Le Pen lui-même, de le voir qualifié pour le second tour avec 17 % des suffrages face à Jacques Chirac (20 % au premier tour !). Aujourd’hui, Éric Zemmour évoque souvent cet événement pour prendre de la distance avec les sondages qui ne le placent qu’en troisième ou quatrième position.

« Il n’y a aucune raison de douter de la fiabilité des sondages », pour Jérôme Sainte-Marie

Interrogé par nos soins, Jérôme Sainte-Marie, membre de l’Institut d’études et de sondages d’opinion PollingVox, assure qu’« il n’y a aucune raison de douter de la fiabilité des sondages. Affirmer qu’Emmanuel Macron ou Marine Le Pen seraient sciemment surévalués est complètement délirant. » Il s’amuse, de plus, du fait que « ceux qui assurent aujourd’hui que les sondages se trompent sont les mêmes qui s’en servaient comme d’un argument politique en septembre/octobre, quand c’était à leur avantage. La tension autour des sondages est d’autant plus forte lorsque l’on repose sa stratégie politique en partie dessus. » Il vise évidemment les équipes d’Éric Zemmour.

Comment expliquer, alors, la différence qu’il peut y avoir entre les différents sondages à un moment donné ? « Il faut comprendre le système de notation sur la certitude d’aller voter, explique-t-il. Dans un sondage politique, on note l’intention d’aller voter sur un axe de 0 à 10 (0 signifiant la certitude de ne pas aller voter et 10 la certitude d’y aller). Selon que l’on retienne uniquement les avis de ceux qui sont à 10 sur cet axe (disons 60 % de la population) ou selon que l’on prenne la fourchette de 8 à 10 sur l’axe (75 % de la population), les résultats ne sont pas les mêmes. Autant les résultats des sondages ont été parfaitement exacts en 2017 avec une grande participation, autant ils ont été lourdement erronés en 2021 avec une forte abstention D’où la défaite de Thierry Mariani aux élections régionales en 2021. Mais tous les sondages aujourd’hui, quelle que soit leur méthode d’évaluation de la participation, indiquent les deux mêmes participants au second tour, Macron et Le Pen. »

Pour finir et pour répondre aux sceptiques des sondages, Jérôme Sainte-Marie rappelle qu’« on a tendance à s’entourer de personnes qui pensent comme nous. C’est humain, ça galvanise, notamment pendant les meetings. Mais ça crée aussi des aveuglements. »

Matthieu Chevallier
Matthieu Chevallier
Etudiant en journalisme

Vos commentaires

83 commentaires

  1. Et si comme les 500 cents signatures on sortait de l’anonymat les sonde(es)? croyez vous pas que tout ce cirque cessera ?

  2. Si c’est ça, laissons Macron au pouvoir sans même nous rendre aux urnes, comme dans toutes les dictatures. Quand on sait que c’est son beau fils qui s’occupe des sondages…….

  3. Vu son opinion d’une évidente partialité, je m’étonne qu’il ne suggère pas, par mesure d’économie bien sûr, de supprimer les élections et de ne se fier qu’aux sondages… Ils sont tellement fiables ! Et comme toute cette fange, il sous-tend l’inconséquence des Français. Mais ces étudiants journalistes ne sont-ils pas systématiquement élevés au biberon de la gauche, même gauche radicale ?

  4. Depuis janvier 16, le Senior Vice-président de Kantar est Sébastien Auzière. Le groupe Kantar est propriétaire de la SOFRES, un des plus anciens et importants sondeurs français.
    Sébastien Auzière est le fils aîné de Brigitte Trogneux, divorcée Auzière et remariée Macron.
    Croire aux sondages revient à croire (vieille expression) au « Petit Jésus soviétique ».

  5. Vous oubliez que les sondages n’avaient jamais donnaient Hollande en-dessous de 23% et même la veille du renoncement de Hollande. Je n’évoque pas les sondages sur l’élection de Trump, là, on a atteint les sommets de la manipulation…. Je vous laisse apprécier les sondages sur le Brexit. Comme le dit Marine le Pen «  les sondages ne se trompent pas, ils mentent ! »

    • N’oublions pas non plus le referendum sur la constitution en 2005. Ils disaient OUi et il y a eu 55% de NON!

  6. Il n’et pas un sondeur pour oser un Macron v/s Dupont-Aignan qui devrait découler d’une réélection de M. Macron inéluctable! Parti de 2%, ce candidat ferait un jump jamais vu tout comme le retrait des deux candidatures qui s’écharpent et qui doivent faire assaut de grande intelligence….ou devraient faire ….et se consacrer à peaufiner des législatives tenant compte de l’avance de l’une des deux! Sinon ce sera une grande cure de cette droite là et gare à eux qui seront supplantés!

  7. J Sainte Marie ne fait que défendre son gagne pain il est évident que même si les sondages sont bidonnés il ne va pas le dire.

  8. Bien sur que non. C’est le Service d’Investigation du Gouvernement (S.I.G.) qui supervise les Ets de sondages, et de plus le beau fils de Macron est Patron d’une des plus importantes. Raison de plus pour aller voter pour Zemmour Reconquête…pour une France rayonnante dans le Monde avec un U.E. et sa Commission Européenne bien recadrée…Sinon c’est GPA, et toutes les lois sociétales pour leur religion politique, et ceci même en pleine guerre….

  9. Faut-il croire les sondages ? Non. Les sondages ne sont pas destinés à donner les vrais chiffres mais à influencer les électeurs (et en France, rien de plus facile).
    Il suffit de savoir qui les rétribue.

  10. Un sondage depuis la Suisse donne des intentions de vote et des chiffres complètement différents et donne Zemmour en tête… Curieux non ?

  11. (suite) Schéma second tour : Camp national (4 candidats) : 35% mini + 1/2 de Pécresse 7%, + 1/3 voix de gauche (si c’est MLP) 7% Total 49 %
    Macron : 29 % maxi + 1/2 de Pécresse 6%, + 1/3 voix de gauche =7% Total 42  % Macron battu ; Mais les abstentionniste du 1er tour peuvent tout chambouler

      • Merci GM : l’inconnue c’est les abstentionnistes du 1er tour qui peuvent faire basculer le résultat. Je pense que MLP est suffisamment dédiabolisée (grâce à EZ) pour que, détestation de EM aidant, ne se reproduise pas le même phénomène qu’en 2017 (où elle n’avait pas été bonne). Elle peut passer ric-rac mais c’est dans la rue que se fera le 3 e tour

    • si il font réélire Macron en s’abstenant il ne faudras pas qu’ils viennent se plaindre quand on ne vote pas on perd le droit de la ramener.

    • Malheureusement ils vont se trouver toutes les bonnes raisons de ne pas aller voter « blanc ». Découper un papier blanc au format d’un bulletin et le glisser dans l’enveloppe est trop compliqué pour eux, à moins que ce ne soit de la fainéantise. Et ça leur donne la possibilité ultérieurement soit de râler soit d’aller manifester.

    • Voilà la véritable bonne question. Si nous voyons en Zemmour celui qui va sauver la France, ce qui est mon cas, nous devons en priorité pendant le mois qui vient convaincre les abstentionnistes d’aller voter. Outre les arguments de base bien connus et présentés par lui-même, son noble comportement à Moissac vis à vis du lanceur d’oeuf mérite d’être mis en avant en sa faveur.

  12. Oui on peut croire les sondages car ils permettent de voir que Macron sera battu si…
    Toutefois l’opinion publique fluctue selon les événements et la proximité du scrutin.
    Ainsi en 2017 à 10 jours du vote les sondages ne se sont guère trompés si ce n’est sur Mélenchon qui a fait 1% de plus et MLP 1,5% de moins) (dans la marge d’erreur)
    Pour 2022:
    Macron durant tout 2021 : 24% – Camp national (4 candidats =35% minimum 40% maxi ; Pour rappel : en 2017 : seulement 27 % ! (à suivre)

      • Merci : encore mieux mais j’ai joué le jeu en prenant les moyennes des sondages publiés et les hypthèses basses

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