Les racistes anti-Arabes peuvent s’abstenir de lire ce qui va suivre. Choses vues, choses entendues…

J’attendais mon tour au rectorat de Paris, avenue Gambetta, pour régler quelques problèmes scolaires de mon gamin. Dans la salle d’attente, il y avait un grand gaillard d’environ dix-huit ou dix-neuf ans qui avait dû redoubler un nombre incalculable de fois. Sa mère et sa sœur aînée l’accompagnaient. Ils parlaient en alternant l’arabe et le français. À un moment, la mère, très en colère, lança à son fils : « Tu n’as pas compris, Driss, que nous, les Arabes, nous devons travailler deux fois plus, deux fois mieux que les autres. » Elle parlait d’or.

Oui, il n’est pas toujours facile d’être arabe en France. Oui, les Arabes doivent travailler deux fois plus que les autres. Ainsi avaient fait, avant eux, les enfants des immigrés juifs d’Europe centrale. Ainsi avaient fait des fils et des filles de Polaks, envoyés dans les mines du Nord. Ainsi avaient fait les rejetons des Ritals et des Espingouins.

Et maintenant Fathia, qui est tout à l’opposé de Driss, mais si proche de sa mère. En primaire, elle était dans la même école et dans la même classe que mon fils. Ils étaient amis. Elle vivait seule avec sa mère (le père était reparti au bled) dans un HLM du XIIe arrondissement. La mère travaillait dur : secrétaire administrative dans un hôpital. Très peu d’argent. Chez moi, il y en avait beaucoup plus.

Un jour, Fathia abandonna mon fils : elle était surdouée, toujours première, et on lui avait fait sauter une classe. Il y a quelques jours, par hasard, j’ai croisé sa mère et j’ai naturellement demandé des nouvelles de Fathia. « Ça a été très dur. » Au collège – public bien sûr – où elle était, la petite s’obstina à être première. Dans sa classe, il y avait des enfants de la cité d’à côté, de la même origine qu’elle.

Elle fut harcelée, insultée, humiliée. « T’es une Arabe blonde, tu fais ta Française ! » Fathia fit une dépression. Que pouvaient faire les profs contre une dizaine de gamins abrutis ? Sa mère la retira du collège.

Fathia est aujourd’hui dans un établissement privé catholique. Toujours première.

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11 janvier 2013

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