Alain Juppé, homme de consensus s'il en est, est soit encensé, soit voué aux gémonies. Dans les deux cas, son tempérament en est la cause : "modéré" pour ses soutiens, "tiède" pour ses détracteurs. Laissons de côté les groupies, et penchons-nous sur les adversaires d'Alain Juppé, et sur les griefs qu'ils énumèrent contre celui qu'on disait jadis "le meilleur d'entre nous". Si Juppé n'a aucune sympathie de ma part, je trouve contre-productives et malsaines certaines attaques dont il peut être l'objet.

Ne le critiquons pas sur son âge, en parlant démagogiquement de "renouveau". Juppé (tout comme son mentor) est loin d'être sénile ; disons-le, il a l'esprit bien plus preste et aguerri que nombre de pieds tendres quadragénaires encore tâtonnants dans l'arène politique. Quant à ce "renouveau" dont on invoque sans cesse la pieuse flamme, permettez-moi de n'y souscrire qu'à moitié. S'il est salutaire pour un pays que l'alternance se fasse par la jeunesse et le renouvellement des dirigeants, cela ne saurait devenir un postulat infaillible, au risque de tomber dans ce jeunisme irrespectueux de l'âge qui, hélas, gangrène l'Occident contemporain.

Ne le critiquons pas sur ses choix d'antan. Alain Juppé a lui-même confessé avoir manifesté dans les rues en mai 68, et voté pour Krivine aux présidentielles de 1969 lors desquelles il avait 24 ans. Est-il judicieux d'attaquer un homme sur les choix de jeunesse qu'il fit un demi-siècle en arrière ?

Ne le critiquons pas sur le milieu dont il est issu. Diplômé de l'École normale, de Sciences Po et de l'ENA, inspecteur général des finances, on peut difficilement être plus technocrate que lui. Cependant, les attaques relatives au milieu social ou à la profession d'une personne me semblent indignes de par leur teneur recelant souvent une jalousie mesquine. D'autant qu'être issu de tels milieux ne dispense guère d'être patriote et honnête ; même si - je le concède - ce choix est rarement fait.

Ces attaques sont basses, non constructives et contraires aux valeurs d'une société saine. L'âge avancé, l'expérience politique et les hauts diplômes qui jadis inspiraient le respect seraient-ils devenus symboles d'opprobre ?

Ne le conspuons pas pour ce dont il n'est pas ou plus responsable, mais plutôt pour ce qu'il est hélas encore. Ses tentatives sans cesse répétées pour gauchiser la déjà gauchisante droite "classique" : notamment son perpétuel louvoiement sur le voile, ou encore sa sympathie affichée pour le "mariage pour tous" ; voilà des terreaux fertiles, qui non seulement auraient le mérite de constituer non plus de basses attaques méprisables et méprisantes, mais de saines critiques ; et surtout une mise en garde pour nos concitoyens tentés par l'aventure juppéiste.

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25 janvier 2016

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