Il va falloir qu'ils s'habituent à la défaite. Mais les militants de gauche ont du mal, on l'a encore vu à Villeneuve-sur-Lot. Dimanche soir, les télévisions montraient ces visages déformés par la haine, vociférant, huant le jeune candidat frontiste de 23 ans qui avait osé éliminer leur poulain. Pour l'attitude démocratique, on repassera...
Heureusement, il y eut des scènes comiques : « No pasarán ! », criait ainsi une vieille femme édentée par les 26 % reçus en pleine figure. Elle devait encore se croire en 36, de l'autre côté des Pyrénées. Pourtant, en face, on avait beau chercher, pas l'ombre d'un caudillo. Plus loin, un homme rouge de colère, semblant sortir d'un apéro un peu glauque, gueulait son envie de se battre contre « l'extrême droite »... Mais un des moments les plus drôles du show, nous le devons au candidat PS qui invoquait sans rire le... beau temps, coupable de son mauvais score ! De son côté, Jean-Louis Costes (UMP), fragile premier de la classe (28 %), récitait son catéchisme au cours d'une risible conférence de stress : « J'appelle à faire barrage », « la démocratie est en danger », « nous sommes une terre d'immigration », bla bla bla...
Sur les plateaux, Florian Philippot, goguenard, buvait du petit lait devant ces discours usés jusqu'à la corde. Désir, l'homme du passé (et du passif), déclarait comme si nous étions en 1984 : « Il faut qu’il y ait ce cordon sanitaire. » Méprisant, son collègue Bruno Le Roux, président du groupe rose à l'Assemblée, expliquait (à tous ces imbéciles qui votent mal) qu'« il n’y a pas de solution au Front national dans la crise que vit la France aujourd’hui ». Cambadélis, un des hérauts de la lutte anti-FN, plus lucide, sentait le vent nauséabond des drames à venir : « Si nous ne réagissons pas, nous aurons des dizaines de Villeneuve-sur-Lot, c’est maintenant certain ! »
Ces acteurs connaissent leur rôle sur le bout des doigts. La pièce est connue : le Front républicain doit faire barrage. Mais le public commence à fatiguer. S'en rendent-ils compte ?
Car nous allons vers une recomposition du champ politique : les années qui viennent peuvent être celles de l'affrontement en pleine lumière du bloc UMPS et d'une opposition FN. UMP, PS et alliés forment un front presque « ripoublicain », sorte de remake des années 1950, quand tous les partis s'unissaient contre le retour du Général, lui aussi traité de « fasciste ». Malheureusement pour ce front-là, le citoyen de base commence à saisir le mécanisme sournois qui maintient au pouvoir ce véritable syndicat d'élus. Au final, une nouvelle bipolarisation se dessine, au vu des résultats pitoyables des partis satellites, Front de gauche (5 %), Verts ou MODEM (2 %). Sur le ring, une coalition-caricature du « tous pourris » ; en face, un mouvement qui n'a jamais été au pouvoir. Les prochains rounds vont être tendus...
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