Et la répression contre les gilets jaunes se poursuit en silence…

gilets jaunes SEPT19

La 43e manifestation des gilets jaunes, samedi dernier, ne s'est pas trop bien passée. Dans les grandes villes, et à Paris notamment, les policiers n'y sont pas allés de main morte pour maîtriser une foule assez peu dense pourtant, mais très pacifique. Volée de grenades, encerclement, matraquage en bonne et due forme, arrestation d'un jeune homme qui mangeait une pizza et qui fut projeté sans ménagement dans le bus des gardes à vue.

Tout cela se voit sur les réseaux sociaux qui, décidément, s'avèrent être une vraie source d'information. J'ai ainsi pu voir et écouter un jeune journaliste belge prénommé Nicolas, porteur d'une vraie carte de presse, interviewé par une chaîne privée alors qu'il était encerclé par une dizaine de gendarmes sur les Champs-Élysées. Très calmement, il expliquait qu'il venait de se prendre une amende de 135 euros pour manifestation illégale ! Il concluait, devant l'air embarrassé des gendarmes, que le pays des droits de l'homme et celui de la liberté n'était décidément plus qu'une image vieillotte.

Question violence, une scène hallucinante qui donne raison à Vladimir Poutine lorsqu'il interpelle Emmanuel Macron sur la virulence des arrestations en France. À Bordeaux, en effet, une vidéo montre un paraplégique recevant une volée de gaz lacrymogène pendant qu'un membre des forces de l'ordre envoie un violent coup de botte à son fauteuil roulant ! Un observateur des droits de l'homme, à Toulouse, a été violemment jeté à terre et exfiltré par les street medics.

Un film de 90 minutes de Jamel Bouabane nous fait vivre ce qui s'est passé autour des Champs-Élysées, ce 7 septembre. « Vous avez le droit d’être sur l'avenue, mais seul. Si vous êtes plusieurs, c’est une manif non déclarée, donc vous êtes passible d'une amende de 135 euros ! » Voilà la réponse des gendarmes aux personnes interpellées pendant que le cinéaste filmait avec son téléphone. Merci à MM. Macron et Philippe, signataires de ce sinistre décret n° 2019-208 du 20 mars 2019 instituant une contravention pour participation à une manifestation interdite sur la voie publique. Sont visés les gilets jaunes ! Car les Black Blocs sont hors jeu puisque rarement interpellés, comme ceux qui ont incendié, à Montpellier, une voiture de la police municipale, samedi dernier, occasionnant le début d'incendie d'un immeuble.

À Paris, Éric Drouet a été verbalisé deux fois dans la journée pour avoir été présent dans « un périmètre interdit ». Amende : 270 euros. Il a expliqué à RT France que sa première interpellation était au motif de manifestation alors qu'il était tout seul dans la rue. « Que je sache, on ne m'a pas interdit de venir à Paris... C'est du harcèlement politico-policier. »

Intéressante, aussi, cette vidéo en accéléré qui, sur le site Facebook Gilets jaunes le mouvement, montre plusieurs milliers de manifestants défilant dans une rue commerçante de Montpellier, là où la police n'en a dénombré que 2.000, dont 500 Black Blocs. Édifiant, ce tour de France des défilés jaunes sur cette même page Facebook et qui remplace le silence de nos chaînes, pour ceux qui veulent savoir et qui ne se sont pas contentés des quinze secondes offertes par France 2 sur ce sujet. Le journal Libération, lui, a estimé que cela avait été « une journée sans grande ampleur ». Alors...

Attendons la grande manifestation jaune nationale prévue à Paris le 21 septembre.

Floris de Bonneville
Floris de Bonneville
Journaliste - Ancien directeur des rédactions de l’Agence Gamma

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