Dimanche après-midi, 16 heures, la nouvelle tombe : après le retrait de Benjamin Griveaux, c'est Agnès Buzyn, ministre de la Santé, qui a été désignée par LREM pour conduire la liste de la majorité présidentielle pour les municipales à Paris.

Mounir Mahjoubi et Marlène Schiappa avaient été cités comme possibles recours, mais c'est très vite la solution Buzyn qui s'est imposée. Chacun des deux, avec ses limites, a servi de faire-valoir. Quant à l'intéressée, elle ne démentait pas. Et tout concourait à sa désignation : son profil d'universitaire et de médecin sied comme un gant à la sociologie parisienne et enlève à Cédric Villani une partie de sa singularité, son expérience ministérielle vaut celle de Dati et son profil de femme peut rivaliser avec celui d'Hidalgo.

En fait, la campagne de Griveaux étant plombée depuis des semaines, le remplacement par Agnès Buzyn s'imposait. L'affaire Griveaux est arrivée à point nommé pour relancer la machine LREM dans la capitale. Un mois pile avant l'élection. Et cela épargne à la candidate des mois de précampagne usants et délétères, en lui donnant une sorte de virginité politique.

En fait, c'est une sorte d'opération Fillon à l'envers. Une façon, un mois avant le scrutin, de rebattre les cartes, de prendre de court les adversaires.

Emmanuel Macron et son monde ne cessent de fustiger les manipulations fantasmées des réseaux sociaux, de Poutine et de Trump sur les élections françaises. Mais certains pourraient finir par penser que ce sont eux les véritables déstabilisateurs. En effet, une déstabilisation peut passer par la disqualification de l'adversaire au dernier moment, mais aussi par le retrait de son propre candidat au moment opportun. L'élection est aussi une question de kairos(καιρός). Emmanuel Macron nous avait prévenus.

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16 février 2020 à 19:31

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