Éoliennes en mer : à Oléron aussi, ils sont vent debout !

éoliennes en mer

Les éoliennes en mer s'étaient invitées, mercredi soir, sur la table du débat du second tour. Ou plutôt les fantômes des éoliennes en mer prévues au Touquet et finalement jamais réalisées. Période de réserve électorale oblige, nous n'entrerons pas dans l'investigation « Qui disait vrai ? Qui mentait ? » Les fact-checkers ont fait leur travail.

Vacances : descendons la côte, allons vers le sud. Oléron. Oléron est une île magnifique. Hors saison, bien sûr. Magnifique car plus grande, mieux préservée, plus authentique que Ré, sa voisine. Moins parisianisée, aussi. Un bout de continent, avec ses villages, ses places. L'une de ces îles où l'on oublie parfois que c'est une île. Une île à la campagne ou la campagne sur l'île.

Mais voilà, à Oléron aussi, le gouvernement a projeté un parc d'éoliennes en mer. Après Saint-Nazaire, qui devrait être opérationnel cette année, et Fécamp en 2023, ce serait donc au tour d'Oléron (Charente-Maritime), parmi la quinzaine de nouveaux parcs prévus d'ici 2030. Et c'est dans quelques jours - le 28 avril prochain - que Francis Beaucire, qui préside depuis cinq mois le débat public, présentera le rapport qu'il en a tiré. L’État disposera alors de deux mois pour y répondre et émettre à son tour ses observations. Interrogé par Le Parisien, le 7 mars dernier, ce géographe de formation ne manie pas la langue de bois : « Ce projet, imaginé dans un territoire d’une exceptionnelle richesse biologique, a heurté à peu près tout le monde. [...] Le “non” s’est imposé presque comme une question de principe. ».

Et en effet, quand on connaît un peu la région d'Oléron, on ne peut qu'être très circonspect sur un projet emblématique de la contradiction écologique inhérente à ce concept, puisque le parc était initialement situé dans une zone Natura 2000 et un parc naturel marin.

Le « non » l'a donc emporté aussi bien chez les particuliers, les professionnels (de la pêche, notamment), mais aussi chez les collectivités. Ainsi le premier vice-président du comité régional des pêches (CRPMEM) de Nouvelle-Aquitaine, Johnny Wahl, Oléronnais cité par Le Parisien, est-il catégorique : « Que l’État abandonne ce projet ! S’il passe en force, on ne se laissera pas faire. »

Du côté des collectivités, l'intérêt initial pour le projet s'est étiolé et a laissé place à la méfiance, comme l'explique Le Figaro de ce vendredi, pour deux raisons. D'abord, le projet initial de 2016 était beaucoup plus modeste (120 km2, contre plus de 1.000 km2 avec les deux parcs désormais prévus...). Par ailleurs, le département est déjà fortement pourvu en éoliennes terrestres. Seule la communauté d'agglomération de La Rochelle a dit oui au projet.

Nul doute que le débat et la contestation vont aller crescendo. Et la belle Oléron n'a pas fini de faire parler d'elle.

D'aucuns y verront un nouveau symptôme du « retard français» sur l'éolien en mer, comme l'écrivait La Croix, il y a deux jours. En effet, c'est le 23 avril 2012, il y a dix ans, que le gouvernement désignait les lauréats du premier appel d’offres pour quatre parcs éoliens offshore : Saint-Brieuc, Saint-Nazaire, Courseulles et Fécamp, qui devaient entrer en production en... 2018. Or, la première éolienne en mer n’a été posée que le 12 avril 2022 dernier, au large de Saint-Nazaire. Toujours pour La Croix, ce retard français reposerait « en partie sur un manque de planification ». Ce mot, qui fleure bon de Gaulle ou l'URSSS, s'est d'ailleurs invité dans les discours de plusieurs candidats.

On peut aussi légitimement s'inquiéter de cet emballement pour l'éolien en mer, de cette hybris, de ces contradictions écologiques patentes, de ce manque de mesure, de prudence. À Oléron, en tout cas, la résistance s'organise. Le Figaro rappelle qu'un collectif NEMO (Non à l'Éolien Marin à Oléron) a lancé une pétition contre ces « éoliennes géantes (4 fois la hauteur du phare de Cordouan, 50 m de plus que la tour Montparnasse) ». Philippe Micheau, le président du comité départemental des pêches, a déclaré à Sud-Ouest que la zone projetée est « une zone privilégiée de travail située quasiment pile devant La Cotinière, le plus gros port de pêche de Charente-Maritime ».

Cordouan, La Cotinière, Oléron... Si tous ces noms qui font vibrer ceux qui ont un jour mis le pied sur cette île si simple et si enchanteresse pouvaient aussi demeurer les lieux authentiques qu'ils sont, alors, non, la France ne serait pas « en retard ».

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

66 commentaires

  1. Malheureusement, Si Macron repasse, l’ile de Ré sera aussi affectée par l’implantation d’éoliennes. L’ile de Ré est effectivement un repère de bobos en juillet et en août, mais dix mois sur douze, elle est tout aussi « authentique » que sa sœur Oléron!
    J’ose le dire, Ré est incomparable à Oléron.
    Ré a une beauté aristocratique alternant les somptueuses constructions de Vauban et les clochers pointus émergeant des marécages.
    Protégeons indistinctement ces deux iles sœurs des folies de Macron!

  2. Ce que beaucoup de propriétaires ou de maires ignorent encore, c’est qu’un jour il faudra démonter et éliminer l’énorme socle de béton de ces bêtises ignobles . Ce jour là le démentellement programmé se fera à leurs charges . Les contrats sont ainsi rédigés.

    • Si le démontage se fait aussi vite que celui des blockhaus de la guerre 39-45 et qui pour beaucoup sont toujours là, nos descendants n’ont pas fini de voir ces socles d’éoliennes, 2000m3 de béton quand même ! pour les plus petites.

      • et pour les plus gros ? les socles ont un grand avenir, tant pis pour les bateaux, les pêcheurs, la faune, la flore, les grands prêtres pseudos écolos ont décidé, pauvre monde, sait-on avec précisions quels peuvent être les impacts de ces horreurs sur la nature ?

  3. Merci Frédéric Sirgant. Le débat s’est invité dans la campagne mais insuffisamment développé. Notre nucléaire pourrait nous conduire à une autonomie énergétique d’une part, d’autre part l’aspect visuel est secondaire par rapport aux destructions de millions d’oiseaux terrestres ou marins et d’insectes utiles à notre biosphère et à notre survie alimentaire. Il est étonnant sinon scandaleux que la population ne soit pas consultée. Il faudra y penser dimanche. Pour moi, c’est fait mais discrétion!

  4. l eolien est une escroquerie de plus ca brasse du vent ,ca coute une fortune et le rapport est negatif , quand il n y a pas de vent ils les font tourner pour faire croire que ca marche , et tout ca n est pas recyclable ou est l ecologie la dedans a part dans la tete de bobos les éoliennes devraient etre immergées ou enterrées humour …………….

  5. Disparition des oiseaux sur terre et maintenant sur mer. Laideur partout pour un résultat minime . Tout comme la voiture électrique et sa batterie au lithium sans compter l’absence de bruit nocif aux animaux et..aux gens . Les revers d’une médaille lucrative pour certains sont plus meurtriers que prévus.

  6. Qui a un intérêt financier à faire la fortune des Allemands et des Espagnols, pour défigurer nos côtes pour des instruments qui ne fonctionnent que de manière aléatoire en fonction du vent et sont dépendants du gaz.

    • Qui sait que la toute nouvelle centrale à gaz de Landivisiau est équipée d’alternateurs allemands, que le transport a été effectué par des sociétés hollandaises et que l’acier nécessaire au montage du bâtiment est venu à Brest, par cargos, de Turquie.
      Je crée des emplois en France qu’il disait l’autre.

      • En Espagne : installation à marche forcée de 20 GW d’éoliennes jusqu’en 2020, date d’arrêt des subventions. Intermittence de la production compensée par la construction de centrales au gaz pour 15 GW. Qui, elles, ne défigurent pas les côtes, comme en Cantabrie. Ils cumulent donc la pollution visuelle et atmosphérique.
        En France, le remplacement de la production de Fessenheim nécessiterait 2000 éoliennes terrestres. S’il y a du vent.

  7. La pollution visuelle est une chose, la débauche de béton est encore plus irréversible quant à l’incapacité notoire de recycler les pales… les americains les enterrent.

    Il est aberrant que des hommes continuent d’inventer des systèmes sans proposer en même temps les solutions pour en éliminer les déchets en fin de vie : panneaux solaires, batteries, etc…

    Toute cette gabegie pour une fabrication aléatoire d’électricité qui profite à des investisseurs étrangers.

    • Et à nos hommes et femmes politiques corrompus… Qui s’en mettent plein les poches, avec les pots de vins qui leurs sont versés.

    • on fera comme les USA, on les enterrera comme on enterre les fûts des déchets nucléaires. on défigure et on pollue la nature, puis on enterre des déchets indestructibles et on pollue les sous-sols. Bravo, bel héritage que nous préparons pour nos descendants. Misérables escrocs écolos ou non, politiciens ou non.

  8. Que ce soit sur terre ou en mer, les éoliennes ne servent à rien : la production intermittente nécessite de recourir à de l’énergie fortement carbonée (gaz ou charbon) pour compenser. Le bilan est très défavorable. Elles fournissent une électricité très chère. Elles ne créent quasiment pas d’emplois en France. Elles défigurent nos paysages. Elles détruisent la faune, leur implantation s’accompagne souvent de multiples dérogations aux lois protégeant la nature.

    • Et elles consomment beaucoup plus de ressources par unité d’énergie produite qu’une centrale nucléaire, compte tenu de leur durée de vie et de leur intermittence.
      Il est temps de mettre fin à l’imposture climatique destiné à faire accepter aux populations – occidentales – une baisse de leur niveau de vie qu’elles n’auraient jamais accepté sans la campagne de peur du réchauffement. Ce dernier est devenu un mantra alors qu’il n’y a aucune preuve de cette théorie. Aucune.

      • Au contraire, je connais au moins quatre lois de la physique générale allègrement violées par la théorie de l’effet de serre d’Arrhénius lorsqu’elle est appliquée à l’atmosphère.

  9. Outre la défiguration de nos paysages et donc maintenant des côtes, ces machines ne servent à rien sauf à enrichir une mafia tout en ruinant l’entreprise phare qui avait fait de la France une nation indépendante sur le plan de l’énergie. Demain, il faut virer celui qui permet cette vilénie.

  10. D’après une musique médiatique, « tout le monde » souhaite des éoliennes. A part quelques maires de petites communes pour qui les royalties issues de l’installation d’une de ces horreurs apparaît comme une mane divine et quelques idéologues forcément aveugles, je n’en connais pas.

    • A chaque fois qu’ils veulent nous faire accepter ce qu’ils ont planifié, un sondage vient montrer qu’une majorité est pour. Sondage orienté évidemment. Il faut systématiquement refuser de donner crédit à ces entreprises de formatage de l’opinion.

  11. Sans compter les 150 éoliennes offshore prévues sur la façade méditerranéenne avec des mats d’une hauteur de plus de 100m. A commencer par Gruissan et Port La Nouvelle. Ceci avec la complicité des présidents de région PACA et Occitanie.
    Lorsque vous voterez demain, pensez à cette monstruosité visuelle qui polluera à jamais la cote méditerranéenne.

    • Moi je vais y penser. Vous aussi.
      Mais combien d’huîtres cuites vont y penser?
      Chez nous, c’est en plein parc Régional, réserve naturelle d’oiseaux (dont des migrateurs protégés) que ces êtres sataniques veulent installer ces machines!

      • Il n’y aura bientôt plus que la dynamite pour faire comprendre aux sans cervelle l’inutilité de ces engins du diable.

  12. Je réside tout près et j’affirme que la majorité de la population est contre ce projet . Des éoliennes de 220m de haut , minimum 80 machines, fabriquées à l’étranger, implantées à 15kms des cotes ,donc bien visibles, en face de la Cotinière , le port de pêche vient juste d’être agrandi. La LPO est contre. Projet implanté dans une zone classée Natura 2000. Les Pêcheurs devront aller plus loin, les cables même si ils ont recouverts de rochers finissent par poser problème avec les filets. STOP.

  13. Si vous allez au Touquet il y a une brise permanente Sud/Ouest, bizarrement aucune éolienne en perspective !

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois