Et si la Task Force Lafayette (TFL) montrait l’exemple ? Si elle appliquait concrètement ce que beaucoup de soldats français, aussi bien dans la troupe que dans les états-majors, espèrent : une intervention au sol pour en finir une fois pour toutes avec l’État islamique ?
Car chacun le sait, les seuls bombardements - qu’ils soient français, russes, américains ou autres - ne suffiront pas à éradiquer le mal où il se trouve. Le bon sens populaire semble aussi dicter cette stratégie puisque, selon un récent sondage du Parisien, une majorité de Français (56 %) "se déclarent favorables à ce que la France participe, au sein d'une coalition internationale, à une intervention militaire terrestre en Syrie".
En quelque sorte, c’est déjà chose faite avec la poignée de Françaises et de Français qui sont partis combattre aux côtés des peshmergas. Ils se sont réunis autour d’une unité qu’ils ont baptisée Task Force Lafayette, du nom de la Brigade interarmes et interarmées française qui a combattu en Afghanistan de 2009 à 2012 au sein de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS). Tous les membres de l’actuelle TFL sont d’anciens militaires issus de l’armée de terre, de l’air et de la marine, ou sur le point de la quitter. Ils sont âgés de 23 à 50 ans. Nombre d’entre eux ont servi dans des unités d’élite : Légion étrangère, Forces spéciales…
En s’engageant contre l’État islamique, ils inscrivent leur "action dans la ligne de nos valeureux aînés ayant combattu sur tous les théâtres pour les valeurs universelles de la France", indique leur dossier de presse. Un peu à l’image de Lafayette, parti soutenir les insurgents pour l’indépendance américaine (avec l’aval de Louis XV, toutefois), à l’image des volontaires français des Brigades internationales, de l’escadrille Normandie-Niémen, etc. Ni mercenaires comme le célèbre Bob Denard, ni barbouzes, les « combattants de la liberté » (ainsi se surnomment-ils) entendent rester "apolitiques et areligieux".
"Nous ne sommes pas un groupe d’extrême droite. On n’est pas des croisés", insistent-ils. Ces soldats français vont délivrer leurs savoir-faire aux peshmergas sur la ligne de front : formation, logistique, assistance médicale, groupes de combat…
Ils ne peuvent compter que sur la générosité du grand public pour financer leur opération, car chacun des combattants paie son billet d’avion pour rejoindre Erbil, dans le Kurdistan irakien. Ils disposent d’un compte Facebook et d’un blog. Les autorités françaises, tant le ministère de l’Intérieur que celui de la Défense, affichent un silence très gêné. En effet, cette action, même si elle est totalement légale puisqu’ils ne rejoignent pas un groupe terroriste et qu’ils ne sont pas payés, ne sort pas du cadre légal, si tant est qu’il y en ait un.
Quoi qu’il en soit, ces « combattants de la liberté » ne restent pas les bras croisés et indifférents aux exactions commises par Daech. Ils ont ouvert la voie. Au chef des armées de donner le feu vert pour une action commune au sol, avec des forces alliées, et ainsi anéantir l’hydre de l’État islamique de la surface du globe.