Depuis hier, les députés de l'Assemblée nationale planchent sur le projet de loi sur le séparatisme. 1.700 amendements destinés à lutter contre le séparatisme.

La députée Emmanuelle Ménard se confie au micro de Boulevard Voltaire.

Le projet de loi sur le séparatisme va être débattu à l’Assemblée nationale. 1.700 amendements, dont 300 ont été jugés irrecevables. L’opposition proteste parce que le temps qui va lui être accordé sera minime. Ce débat va-t-il se dérouler dans de bonnes conditions ?

Il a déjà commencé, hier après-midi, et il ne se déroulera pas dans de bonnes conditions. J’ai été victime de cette censure sur un certain nombre d’amendements que j’avais déposés. Tout ce qui touche à des sujets un peu sensibles, par conséquent tout ce qui touche à l’islamisme, est écarté d’un revers de main parce que le gouvernement ne veut pas que l’on puisse en discuter. Vous avez bien vu ce qui est arrivé avec l’amendement d’Aurore Bergé sur la proposition d’interdire le voile aux mineurs. Il a suivi le même sort que beaucoup des miens et ceux des groupes d’opposition. Il a été purement et simplement écarté en étant jugé irrecevable comme des cavaliers législatifs, selon le jargon parlementaire.

Vous avez raison, la deuxième chose : c’est encore une fois un texte majeur qui va être étudié selon la procédure du temps législatif programmé et qui nous empêchera nous en tant que députés non inscrits.

Si ce projet de loi a été décidé à la base, c’est parce qu’il y a un vrai risque de séparatisme. Il est exclusivement lié à l’islamisme. Pourquoi cette volonté du gouvernement de ne pas nommer ce mot et ne pas cibler concrètement l’enjeu et la priorité ?

Sur ce thème majeur de civilisation, le gouvernement manque terriblement de courage. Vous parlez de séparatisme, mais ce n’est même pas du séparatisme. Les islamistes n’ont plus du tout l’intention de se contenter de régner en maître dans tel ou tel quartier. Ils veulent conquérir l’ensemble de notre pays. Le problème, c’est l’islamisme, et lui seul, qui veut faire des femmes des citoyens au rabais, il rêve d’imposer ses règles à l’ensemble des habitants de notre pays et il exige toujours plus de dérogations aux règles qui régissent notre façon de vivre. C’est aussi au nom de l’islamisme que, depuis plusieurs années, des centaines d’hommes et de femmes ont été blessés, tués et mutilés dans des attentats terroristes commis en son nom. La priorité qui doit être la nôtre, ce n’est pas de lutter contre le séparatisme et encore moins de rappeler les valeurs de la République.

Êtes-vous condamnée à regarder les débats comme un spectateur impuissant ? Y a-t-il un moyen, pour l’opposition, de faire entendre une voix dans la teneur des débats et dans le vote de la loi ?

L’opposition peut intervenir et se faire entendre dans le cadre très strict du projet de loi. Dès que l’on tente d’élargir le débat en expliquant que le problème n’est pas les valeurs de la République mais bien la lutte contre l’islamisme, on est retoqué. On ne peut se faire entendre que dans le cadre de ce texte. Encore une fois, la seule possibilité qui s’offre à nous est d’avoir 50 minutes sur 25 députés non inscrits. Si vous calculez très rapidement, cela fait deux minutes par personne. Inutile de vous dire que c’est se moquer du monde. Tous ceux qui ont la même sensibilité que je défends n’auront quasiment pas le droit à la parole dans l’Hémicycle. Je ne siège pas à la commission, donc je n’ai pas le droit de voter.

Vous avez répondu en faisant une autre proposition de loi.

Absolument. Puisque j’estime que le projet de loi du gouvernement manque complètement sa cible, j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes et de travailler à une proposition de loi contre l’islamisme. Elle dit bien son nom et il n’y a pas d’ambiguïté possible. J’ai déposé une quarantaine d’articles dans cette proposition de loi avec des mesures qui me semblent être primordiales et nécessaires de prendre en France, si on veut se protéger contre ce terrorisme et cet islamisme.

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19 janvier 2021 à 22:00

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