Élections de mi-mandat aux États-Unis : bilan d’une victoire très serrée pour les républicains

TRUMP BIDEN

Nous n’avons pas assisté à la vague républicaine tant attendue, ce mardi 8 novembre, lors des élections de mi-mandat outre-Atlantique. Victoire, certes, mais en demi-teinte. C’est, en tout cas, ce que nous transmettent la plupart des médias français : déception des conservateurs face aux bons scores démocrates. Sophisme agaçant, car les républicains devraient en toute vraisemblance reprendre le Congrès et sont encore au coude-à-coude pour le Sénat. Sans oublier nombre d’élections de gouverneurs en parallèle.

Côté Congrès, ce jeudi, on comptabilisait 207 sièges républicains contre 189 démocrates, là où la majorité est à 218. Côté Sénat, en revanche, tout est encore possible. À ce jour (chiffres du New York Times), la chambre haute dispose de 48 sénateurs démocrates contre 49 républicains (majorité à 51). Le verdict définitif ne sera connu que dans plusieurs semaines, en fonction des résultats de la Géorgie (situation de ballottage), du Nevada et de l’Arizona.

À première vue, donc, Joe Biden n’a pas obtenu la sanction que présageait son faible taux de popularité (au 8 novembre, le baromètre Reuters lui donnait un taux de 39 % de soutien au sein de la population américaine). Comment expliquer une telle contre-performance de l’opposition ? Les médias français, notamment, avancent l’effet de l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade, le 24 juin dernier. C’est une hypothèse, mais sans doute pas majoritaire au regard des candidats pro-vie qui, eux, ont très bien réussi (le sénateur Ron Johnson dans le Wisconsin, le sénateur Mike Lee pour l’Utah, le gouverneur Brian Kemp en Géorgie, le représentant Ted Budd en Caroline du Nord…).

Pour le sénateur républicain Ted Cruz (Texas), c’est simple : l’opposition des républicains est triple. En plus du Parti démocrate, il faut compter dans les vents contraires 90 % des médias et les institutions elles-mêmes. Le journaliste Tucker Carlson, lui, fustige les démocrates qui, sous prétexte de pandémie et alors qu’ils avaient la majorité au Congrès, ont fait passer des lois à leur avantage, favorisant par exemple le vote anticipé. La déconvenue du chirurgien Mehmet Öz face à John Fetterman, au poste de gouverneur de Pennsylvanie, en serait une des conséquences.

Il y a toutefois beaucoup de bonnes choses à souligner. Tout d’abord, en cas de confirmation de majorité au Congrès, il en sera fini du règne de sa présidente, Nancy Pelosi, et des crazy democrats (expression de Ted Cruz). Ensuite, les grandes victoires républicaines reviennent à des candidats très conservateurs, à l’instar du gouverneur Ron DeSantis, en Floride, gagnant par près de vingt points, ou du sénateur J. D. Vance dans l’Ohio. Dans son discours de victoire, ce dernier a réaffirmé se battre pour les familles et les travailleurs, tout en dénonçant les ravages de la crise des opioïdes (exceptionnel dans un tel discours pour être souligné). Preuve en est qu’il n’y a pas besoin de lisser son programme pour être élu.

Autre point positif, le retournement de secteurs jusque-là acquis aux démocrates. Reprenons le cas de la Floride. Pour le Sénat, le républicain Marco Rubio vient de gagner par sept points le siège hautement symbolique du comté de Miami-Dade, comté à près de 70 % hispanique. Inexplicable pour les médias mainstream quand on se rappelle qu’en 2016, pour les présidentielles, Hillary Clinton y menait par trente points. Ron DeSantis justifie ce succès par la politique menée depuis quatre ans : maintien des emplois et de l’ouverture des écoles en période de Covid, lutte contre l’idéologie woke et l’insécurité, etc.

Le phénomène se retrouve même à New York, zone pourtant largement acquise aux démocrates en 2020. Depuis 2016, les CSP+ urbaines étaient très défavorables pour le Good Old Party. Or, les démocrates viennent de perdre plusieurs postes dans la vallée de l’Hudson et Long Island. Le démocrate Patrick Maloney a, par exemple, perdu son siège de représentant du 17e district. Il sera intéressant d’analyser plus en détail les raisons de telles bascules.

Gaëlle Baudry
Gaëlle Baudry
Chroniqueuse à BV, spécialiste des Etats-Unis, consultante indépendante

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