À l’approche des débats à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe sur la « Pétition pour les droits des nouveau-nés survivant à leur avortement », signée par plus de 210.000 personnes, des médecins et des sages-femmes osent témoigner du sort de ces enfants. Chaque année en Europe, de nombreux enfants naissent vivants lors d’avortements tardifs. Ces enfants sont le plus souvent abandonnés à la mort sans soins, luttant pour respirer pendant parfois plusieurs heures, ou tués par injection létale ou asphyxie, en toute illégalité. Leur corps est généralement incinéré avec les déchets biologiques.
Ces médecins et des sages-femmes témoignent aussi du malaise du personnel médical. Ils révèlent que, le plus souvent, les parents ne sont pas informés de la survie de leur enfant et des causes réelles de sa mort. Parfois même, le nouveau-né est tué seulement parce que porteur d’un handicap, afin de « préserver » ses parents.
Ils témoignent pour convaincre les responsables politiques et la société de prendre des mesures pour respecter ces enfants et leur famille.
Voici un exemple parmi les nombreux témoignages remis au Conseil de l’Europe.
Je suis médecin depuis 8 ans. Voici deux témoignages datant de mes études, le premier alors que j’étais étudiante, le deuxième pendant mon internat.
- Lors d’une garde en salle d’accouchement, une femme était en travail dans le cadre d’une ITG à 5 mois de grossesse [interruption thérapeutique de grossesse]. L’accouchement est imminent, l’interne de gynécologie se prépare. Le gynécologue senior de garde, qui s’apprête à regagner son lit, s’approche de l’interne et lui dit à voix basse, mais suffisamment fort pour que je l’entende : “Si l’enfant respire à l’arrivée, tu appuies fort ici sur la trachée jusqu’à ce qu’il arrête totalement de respirer” et, se tournant vers moi : “Et toi, tu n’as rien entendu.”
- Nouvelle nuit de garde, mais en pédiatrie cette fois. Je suis interne aux urgences pédiatriques. Le pédiatre senior de garde me téléphone et me demande de le rejoindre en salle de réanimation néonatale juxtaposée aux salles d’accouchement. Un enfant qui vient tout juste de naître y est intubé et ventilé. Il présente des défaillances multi-viscérales et le morphotype d’un enfant porteur de trisomie 21 (aucun de ces signes n’avait été mis en évidence lors des échographies prénatales). Mon chef me demande de lui dire à quoi me fait penser le faciès de ce bébé. Après ma réponse, il demande à l’anesthésiste présent s’il reste du produit de péridurale de la mère, ce qui est le cas. Il le prend et l’injecte alors à l’enfant qui meurt en une à deux minutes, seul. Pendant qu’il agonisait, les deux médecins discutaient, sans aucune gêne ni aucun regard pour ce bébé. Quant aux parents, ils n’ont été informés de l’état de santé de leur enfant qu’après sa mort !
Entre le 23 et le 26 juin, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe se prononcera sur l’opportunité de nommer un rapporteur sur cette question.
Consulter ici [PDF] le texte de la pétition remis à l’Assemblée.
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