Au début, il y eut Robert Hue. Puis Daniel Cohn-Bendit et François Bayrou. Trois symboles ridicules. Trois petits fossoyeurs politiques : celui qui permit au PC d'atteindre 2 %, le vétéran de 68 devenu libéral et le petit traître de la droite, cette droite qui lui a pourtant fait toute sa petite carrière. En fait, trois ringardises pour donner un peu d'assise politique à une marchandise fabriquée par l’Élysée et le système : Macron.
Et puis les flux - non d'électeurs, mais d'élus - grossirent, venant de droite et de gauche.
Il y eut donc cet incroyable putsch raté des UDI-juppéistes contre Fillon, tous ces Lemaire, ces Apparu, ces Lagarde qui montraient leur vrai visage. Leur seul intérêt dans cette élection apparaissait au grand jour : ce n'était pas le respect de leur électorat, de ses convictions et de ses attentes, pas même le respect du vote des primaires, qu'ils avaient déjà déchiré ; leur seul intérêt, c'était leur place, leur poste de ministre ou de député qu'ils voyaient se dérober au vu des sondages. Et ces jours-ci, c'est le petit monde des notables et des sénateurs centristes qui frétille et craint tellement pour son fromage, emmenés par MM. Perben et Mercier. Ces inconnus à qui la droite permit tout de même d'occuper un jour le poste de garde des Sceaux... Ils étaient inconnus mais, à présent, ils sont à ajouter à la liste de ces traîtres. L'épisode de ces trahisons a le mérite d'éclaircir les rangs et de révéler un Fillon plus solide qu'on pouvait l'imaginer.
À gauche, même débandade, même fuite des traîtres: ils ont perdu la primaire avec Valls ? Aucun scrupule à cracher sur le vote et les convictions de leurs électeurs ! Ils rallient Macron. Pompili, Le Drian : trahison plus ou moins courageuse et assumée, pour ces deux-là, qui espèrent ainsi garder leur maroquin. Trahison plus honteuse chez beaucoup de socialistes, comme Valls et bien des élus locaux, qui disent ne soutenir personne ! Alors, le pauvre Benoît Hamon, avec sa candeur d'ex-leader étudiant propulsé à un poste vraiment trop grand pour lui, a visé juste en déclarant : "Je ne m'attendais pas à autant de trahisons." Il en devient émouvant, et même plus authentique que son rival de banquier.
Avant Macron, la trahison était un phénomène un peu flou, un peu subjectif : certes, la gauche et la droite ne tenaient pas leurs promesses, mais on s'y reconnaissait encore. Mais maintenant : ils trahissent ouvertement, ils « assument », comme on dit. Des girouettes qui changent de camp au beau milieu de la bataille. Mais, finalement, ces désertions-trahisons sont salutaires : car ils ne se sont pas contentés de trahir leur parti, le vote de leurs électeurs, leurs valeurs, leur chef (ce qui fait quand même déjà beaucoup !), mais ces traîtres sont les mêmes qui, depuis trente ans, trahissent le peuple et la France. Et là, c'est grave.
En 2017, la grande trahison est en marche et elle a un visage : Macron. Elle croit avoir déjà hissé son drapeau sur l’Élysée. Sauf que tous nos notables centristes ou socialistes, nos ministres hollandais ou chiraquiens ont oublié une chose : n'en déplaise à M. Bayrou, nous ne sommes pas encore revenus à la IVe République, et le 23 avril, ce ne sont pas ces traîtres réunis en congrès qui éliront le président de la République, mais le peuple.
Alors, à droite comme à gauche, dès le 23 avril, TSM ! Tout sauf Macron !
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