Après le mariage pour tous, le flicage du Web pour tous, et en attendant le chômage pour tous, voici venir la télé-déclaration pour tous. Cette année, seuls 40,2 % des foyers fiscaux ont rempli en ligne leur déclaration d’impôts sur le revenu, soit 12 % de plus qu’en 2014. C’est mieux, mais pas encore assez pour le gouvernement, qui s’impatiente devant tant de réticences, alors que plus de 80 % des Français sont raccordés à la Toile. Rien de tel qu’une petite amende pour inciter les récalcitrants à sauter le pas.
Fief des raisonnements primaires et binaires, la Hollandie considère que les ménages aisés, dont les revenus dépassent 50.000 euros par an, disposent forcément d’un ordinateur et d’une connexion Internet. Ceux qui refuseront de se soumettre au monde merveilleux du haut débit (qui n’a jamais si bien porté son nom) et s’obstineront à vouloir utiliser le formulaire papier se verront pénalisés de 15 euros. Quid des personnes âgées qui ne maîtrisent pas toujours les nouvelles technologies ? Il leur suffira de cocher une case sur le document CERFA indiquant qu’elles ne possèdent pas d’équipement informatique. Rien n’empêchera, donc, n’importe quel contribuable hostile à la télé-déclaration de faire de même. L’absurdité de l’administration française n’a pas fini de nous époustoufler.
Si la démarche est louable dans l’absolu, elle est détestable dans sa méthode. La généralisation progressive de la déclaration en ligne devrait permettre d’économiser 250 millions d’euros par an de frais d’affranchissement, et d’alléger les effectifs du ministère des Finances de 2.500 personnes en 2016. Et avec une dette publique qui tutoie 98 % du PIB, les cigales socialistes vont devoir racler les fonds de tiroir. Mais le tandem Hollande-Valls s’est révélé si irrespectueux des libertés individuelles que chaque nouvelle entorse apparaît comme une fracture ouverte avec le peuple. Celui-ci se sent de plus en plus méprisé, muselé, infantilisé et engoncé dans une camisole de contraintes qui le délestent de son libre arbitre. On a le droit de ne pas être un fanatique de la dématérialisation ou de craindre un piratage de données de grande ampleur.
Premier palier vers le prélèvement à la source à venir en 2018, cette mesure sera dévoilée mercredi, dans le cadre de la présentation du budget 2016, qui prévoit également une baisse d’impôts de deux milliards d’euros, concernant huit millions de contribuables. De quoi se réjouir ? On y décèlera plus volontiers un simple rééquilibrage - compte tenu du coup de massue fiscal assené aux citoyens jusqu’ici -, voire un écran de fumée. Le gouvernement, qui doit diminuer de 50 milliards ses dépenses publiques d’ici à 2017, ne réfrénera pas sa propension naturelle à nous reprendre, par des voies détournées, ce qu’il prétend nous avoir généreusement restitué. Pour preuve, la taxe foncière explose et se voit même multipliée par dix dans certaines zones ; des coupes sont envisagées dans les aides au logement ; une taxe sur les revenus des particuliers issus des plates-formes collaboratives numériques a été proposée par des sénateurs.
"Toute nouvelle dépense sera compensée par des économies", assure Michel Sapin. Au vu de l’incapacité de cette équipe à résorber un chômage foisonnant, conjuguée à son empressement à accueillir en masse les clandestins maritimes et à intensifier la construction de HLM en exerçant son droit de préemption, on prend la liberté (tant qu’il nous en reste encore un peu) d’émettre quelques doutes.
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