Urgence et contrainte sont les deux mots qui règnent sur les esprits en proie aux médias. Après la loi sur le renseignement, et avec la prolongation de cette situation juridique, on peut dire que l’insécurité réelle crée une peur justifiée et que celle-ci engendre une restriction de nos libertés. Ce mécanisme mis en branle dans le temps court face à la violence se retrouve dans le temps long devant le risque climatique.
Si l’urgence n’est pas à la même échelle, le compte à rebours du réchauffement mortel est néanmoins lancé. Dans la mise en scène de la COP 21, l’objectif de cette réunion présentée comme celle de la dernière chance est la signature d’un accord contraignant, c’est-à-dire d’un engagement limitant la liberté des Etats et par voie de conséquence, celle des particuliers soumis à des restrictions. Dans les deux cas, nos sociétés d’esprit libertaire, vont accepter de troquer une part de liberté réelle contre une part de sécurité possible.
On se trouve donc à nouveau dans un contexte où le pouvoir politique couvert par la légitimité du protecteur va contrôler davantage les comportements individuels. La « Big Mother » de l’Etat social-démocrate prévenant, infantilisant, accompagnant les individus les plus fragiles, va étendre son emprise. Le danger rend tous les hommes fragiles. Il faudra donc tous les surveiller.
Dans le jeu habituel de la démocratie, la droite cultivait l’esprit sécuritaire tout en gardant ses faveurs pour la liberté économique, la liberté d’expression et l’autonomie de la sphère privée. La gauche s’opposait à la sévérité des lois, mais elle se mobilisait contre la liberté laissée à certaines idées ou à certains comportements, sous prétexte de lutter contre des « phobies » ou de faire payer les pollueurs. Ce double équilibre est aujourd’hui rompu. La peur du terrorisme, celle du désastre écologique, se joignent aux craintes du déclin économique sous les coups des pays émergents, et aux menaces ressenties pour la santé afin de créer un appel unanime à plus de sécurité, à plus de contrôles, à davantage de contraintes et de répression. Le gouvernement de la peur accroît les pouvoirs des gouvernants. Il n’est pas le chemin de la démocratie.
S’il y a une urgence, c’est de retrouver ce chemin, c’est de restaurer les équilibres nécessaires pour que la responsabilité personnelle et la confiance refassent surface. L’égalitarisme pathologique du « tout se vaut », du « tous citoyens du monde » va tuer les libertés parce que celles-ci ne peuvent être que les droits exercés par des citoyens en chair et en os dans un pays réel.
Ceux-ci sont libres sans une surveillance excessive parce qu’ils forment encore une nation homogène unie par des croyances et des valeurs collectives qui rendent possible la confiance entre ses membres et une foi en un avenir commun.
Le patriotisme, l’attachement à l’appartenance nationale, la reconnaissance de l’intérêt supérieur du pays ne sont pas des obstacles mais des conditions de possibilité d’une société libre.
Le patriotisme est ce qui protège, relativement, les États-Unis. La stupide tentation française puis européenne de singer l’Union des États d’Amérique a fait disparaître des frontières que cette dernière n’a jamais connues, a favorisé une immigration sans tenir compte ni des différences culturelles, ni des rancoeurs post-coloniales, ni des liens subsistant avec les pays d’origine. C’est la disparition de cette communauté nationale éclatée par le communautarisme qui fait perdre de vue l’objectif commun sans lequel il n’y a pas de nation, qui dissipe la confiance et qui rend les libertés de réunion, de déplacement ou d’expression suspectes.
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