Vivement dimanche prochain qu’on en finisse. Je ne le cache pas : j’ai honte de ce que j’entends, honte de ce que je vois, honte de la malhonnêteté intellectuelle qui s’étale en pleines pages, honte de voir tant de gens que je croyais encore estimables se vautrer dans le mensonge et la dénonciation tous azimuts. Honte de voir que ce qui pense, parle et écrit dans ce pays semble avoir perdu, depuis la victoire de Fillon, tout sens de la mesure et de la dignité.
Laurent Joffrin a ouvert le bal lundi matin dans Libération : "Il y a désormais en France un catholicisme politique, activiste et agressif, qui fait pendant à l’islam politique (sic). Le révérend père Fillon s’en fait le prêcheur mélancolique. D’ici à ce qu’il devienne une sorte de Tariq Ramadan des sacristies, il n’y a qu’un pas."
Ce mercredi, c’est Bruno Roger-Petit (habituellement journaliste sportif, aujourd’hui donneur de leçons politiques) qui se répand dans Challenges contre "le candidat des curés et des notaires" qui va "dérober à Marine Le Pen la frange de ses électeurs catholiques, campagnards et provinciaux". Pensez, François Fillon, cet homme qui ose aller écouter les moines chanter le grégorien à l’abbaye de Solesmes plutôt que Kalash, Booba et Niska ne peut être que "le candidat de l’identité populiste chrétienne". Celle qui sent le moisi des placards de sacristie. La thèse de ce monsieur est que Fillon, loin de prendre des voix au FN, va au contraire lui en apporter en flattant le "courant catholique ultra-réactionnaire" de Marion Maréchal-Le Pen, cette pauvre fille qui "s’affiche partout où se manifestent les manifestations liées à l’exercice des superstitions catholiques".
Clone de Margareth Thatcher, comme l’a montré Libération en une, François Fillon est "le candidat du peuple de droite, à l’exclusion de tous les autres. Le candidat de la droite bourgeoise, de la rente et de l’aisance. Le candidat du culturel, mais pas du social. Le candidat majoritaire à droite d’une droite minoritaire en France", assure Bruno Roger-Petit. Et c’est parce que Marine Le Pen et son programme mélenchonniste se posent en défenseur des sans-dents d’extrême droite que Fillon va la faire élire. CQFD.
Invité ce mercredi matin sur RTL, Alain Juppé répondait aux auditeurs. Et si la station, dans son compte rendu, n’en fait pas mention, il faut signaler que la majorité des appels faisaient état d’une indignation largement partagée sur le ton "Monsieur Juppé, vous me décevez grandement..." Seul message retenu : celui qui concerne les électeurs de gauche ayant voté au premier tour de la primaire, lesquels représenteraient "15 % de l’électorat". Réponse d’Alain Juppé : lors de sa visite à Toulouse mardi 22 novembre, il lui aurait été confié que "les communes de gauche de la banlieue de la Ville rose ont voté massivement pour François Fillon".
On peut alors lui faire remarquer que la Seine-Saint-Denis l’a largement placé en tête, ou que l’écart à Paris – ville traditionnellement à gauche – ne le met que 5 points derrière François Fillon. Remarquer, également, que si le quartier du Marais le place en tête avec près de 48 % des suffrages, les « LGBT » en ont pourtant accordé 32 % à Fillon.
Enfin, il apparaît surtout que les troupes de gauche ont massivement voté « contre » Sarkozy !
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