Nous étions quatre amis qui sommes sortis de la petite salle du Lincoln groggy, assommés par deux heures de projection où chaque séquence est impressionnante de force et de vérité.

Pourtant, L'Apôtre, de Cheyenne-Marie Carron, n'a été programmé que dans deux salles parisiennes. Pourquoi cette censure ?

Ce film aborde le sujet extrêmement délicat, pour ne pas dire extrême, de la liberté religieuse en milieu musulman. Il décrit pas à pas la difficulté pour le héros du film, Akim - interprété magistralement et avec beaucoup d'authenticité par Faycal Safi –, de rencontrer le Christ. Il se heurtera à l'agressivité de son frère, au silence de ses parents et au mépris de sa communauté dont certains voudront faire la peau à l'apostat qu'il est devenu.

Le mot final « Alléluia » est toutefois un hymne à la joie et à l'espérance. L'espérance, vertu théologale, avec la foi et la charité, qui devient très vite la trame de ce film traité comme un documentaire.

Les premières séquences sont celle d'une famille musulmane pratiquante. Akim et son frère Youssef sont destinés à devenir imams pour succéder à leur oncle. Mais le jeune Akim découvre le Christ, non plus simple prophète de l'islam, mais Dieu né du vrai Dieu. Le voir réciter, agenouillé auprès de son lit, le "Notre Père" est un moment très fort filmé avec beaucoup de discrétion par la réalisatrice. Et le final que je ne vous révélerai pas est d'une très grande émotion.

On pourrait penser que ce film est une provocation, un acte violemment islamophobe. Mais la force de Cheyenne-Marie Carron est d'en avoir fait tout le contraire. C'est un film, selon ses propres termes, "qui n'a pas vocation à choquer, mais plutôt à transmettre un message de tolérance inter-religieuse". "Mais, rajoute Cheyenne, j'ai voulu aussi que ce film montre la beauté de la religion catholique, et rendre aussi hommage au prêtre de mon village de la Drôme où j'ai été élevée par ma famille d'adoption, et qui m'a baptisée à Pâques dernier. Car ce que je raconte dans L'Apôtre est une succession d'histoires vécues, à commencer par la mienne."

Akim a été très touché par le scénario, même s'il n'a pas été lui-même converti. Pendant les auditions et essais, plusieurs acteurs ont d'ailleurs déclaré forfait devant le trop-plein de foi de Cheyenne.

Pourtant, le CNC (Centre national de la cinématographie) n'a pas financé un seul euro du tout petit budget. Et les distributeurs ont refusé de mettre ce petit chef-d’œuvre dans leur circuit. Cheyenne explique qu'un distributeur catholique, dont elle ne veut pas révéler le nom, l'a lâchée après trois mois de réflexion, de peur des réactions. Quant aux grands circuits, ils n'ont pas voulu exploiter le film. Seuls le Lincoln et le 7 Parnassiens ont accepté de le présenter. Et ils ne le regrettent pas, vu l'affluence !

Ce film a pourtant reçu plusieurs prix à l'étranger, dont le prix spécial de la fondation Capax Dei, au Festival Mirabile Dictu au Vatican, ce qui n'a rien d'étonnant.

Les Français sont donc, une fois de plus, privés d'un excellent film, sauf à l'acheter en DVD. Mais nous avions déjà vu ce qui est arrivé à Cristeros, programmé grâce à la pression des réseaux sociaux, notamment catholiques.

Avis au CNC : Cheyenne prépare un autre film sur le racisme anti-blanc qu'elle traitera, m'a-t-elle dit, avec vérité et humanité. Soyez indulgents et participez à son prochain budget. Elle le mérite.

79 vues

25 octobre 2014

VOS COMMENTAIRES

BVoltaire.fr vous offre la possibilité de réagir à ses articles (excepté les brèves) sur une période de 5 jours. Toutefois, nous vous demandons de respecter certaines règles :

  • Pas de commentaires excessifs, inutiles ou hors-sujet (publicité ou autres).
  • Pas de commentaires insultants. La critique doit obéir aux règles de la courtoisie.
  • Pas de commentaires en majuscule.
  • Les liens sont interdits.
  • L’utilisation excessive de ponctuations comme les points d’exclamation ou les points de suspension rendent la lecture difficile pour les autres utilisateurs, merci de ne pas en abuser !

Pas encore de compte, inscrivez-vous gratuitement !

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.