Financièrement, le coût de la grogne des policiers qui, depuis plusieurs jours, défient le gouvernement a été estimé par le ministre de l'Intérieur à 250 millions d'euros. Tel est le montant chiffré du plan d'urgence qui vient d'être dévoilé, et qu'accompagnent un certain nombre de mesures législatives et réglementaires en faveur des forces de l'ordre.

Ces dernières devraient voir le jour dans les tout prochains mois. Parmi celles-ci figure en bonne place le principe des procédures anonymisées. Demandée depuis longtemps par les policiers, en particulier après le drame de Magnanville, ce moyen rendra plus difficile l'identification des agents par les délinquants, et leur assurera une meilleure protection. L'alignement des peines encourues pour outrage aux membres des forces de l'ordre sur celles encourues pour outrage aux magistrats se veut un signe fort de reconnaissance des pouvoirs publics envers ceux qui, chaque jour, dans le cadre de leurs missions, sont insultés et agressés physiquement. Il reste simplement à espérer que ces peines seront effectivement appliquées par la justice. La suppression des gardes statiques devant les tribunaux et les préfectures devrait également intervenir rapidement. Serpent de mer connu de tous les cadres de la police, cette mesure a été mainte fois promise sans jamais être tenue. Là encore, il faut espérer que les paroles se traduiront par des actes. Il est, en effet, inadmissible que des gardiens de la paix soient employés à la garde de bâtiments publics ou de personnes privées alors que, dans la rue, l'insécurité se fait chaque jour grandissante. Il faudra, d'ailleurs, rapidement faire une étude exhaustive de toutes les tâches indues que réalisent encore la police et la gendarmerie, et songer à leur transfert ou à leur privatisation. La place de ces fonctionnaires et militaires étant sur le terrain. Enfin, l'affectation prioritaire en sécurité publique d'effectifs nouveaux sortis des écoles relève, au vu des événements, du simple bon sens. Cette direction, constituée essentiellement de policiers en uniforme, réalise près de 65 % des affaires judiciaires et effectue l'ensemble des missions de voie publique. Elle est le bras armé de la police nationale. Ce constat ne remet, bien sûr, nullement en cause l'utilité et l'efficacité des autres directions spécialisées de la police.

La rénovation des locaux - commissariats et casernes - fait également partie de ce vaste plan. L'étendue des travaux à entreprendre, en partie révélée grâce à des photos sur les réseaux sociaux, est telle que l'on peut se demander ce qui se serait passé si les policiers n'avaient pas manifesté. Il est tout simplement intolérable, à un moment où de nombreuses catégories de personnes profitent, parfois indûment, de la générosité de l’État, que l'on ait laissé la situation se dégrader à un tel point. Pour le reste (armement, véhicules et matériels de protection), là encore, une grande question se pose. Qui gère la police nationale, qui évalue ses besoins, qui veille à ses conditions de travail ? Une vaste question à méditer par les syndicats.

Toutes ces mesures, même si elles s'avèrent indispensables, ne doivent pas occulter la réalité d'un malaise policier qui est plus profond. Révélateur d'une crise de confiance sans précédent envers leur hiérarchie et ceux qui gouvernent, rien ne semble pourtant, dans ce domaine, avoir été acté dans le plan proposé aujourd'hui. Alors, crise terminée ou crise repoussée ?

2644 vues

27 octobre 2016

Partager

VOS COMMENTAIRES

BVoltaire.fr vous offre la possibilité de réagir à ses articles (excepté les brèves) sur une période de 5 jours. Toutefois, nous vous demandons de respecter certaines règles :

  • Pas de commentaires excessifs, inutiles ou hors-sujet (publicité ou autres).
  • Pas de commentaires insultants. La critique doit obéir aux règles de la courtoisie.
  • Pas de commentaires en majuscule.
  • Les liens sont interdits.
  • L’utilisation excessive de ponctuations comme les points d’exclamation ou les points de suspension rendent la lecture difficile pour les autres utilisateurs, merci de ne pas en abuser !

Pas encore de compte, inscrivez-vous gratuitement !

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.