Étant médecin, spécialiste du stress et du stress post-traumatique (TSPT), j’aimerais partager pourquoi la réponse à cette question tombe sous le sens.

Le confinement et le déconfinement (tel que mené par nos autorités) sont des traumatismes évidents.

Le confinement et le semi-confinement ont été imposés à des millions de personnes de façon brusque, subite, excessivement violente. Les raisons invoquées étaient pour le moins incompréhensibles, tant sur le plan scientifique que celui du bon sens. La peur insufflée à chacun d’entre nous en était la raison principale : « Parce que nous voulons vous protéger, nous vous assignons à résidence et vous privons de liberté ! » Ce simple fait est déjà une source de traumatisme : se retrouver chez soi en prison, privés de notre liberté de sortir, de rencontrer les personnes que nous aimons, de fréquenter les lieux que nous apprécions, de continuer à pratiquer les activités que nous désirons, devoir annuler les voyages et déplacements prévus sont des éléments objectifs constituant des traumatismes possibles, voire certains. Chacun d’entre nous a été confronté à l’un ou l’autre de ces aspects.

La peur, entretenue par les autorités et la plupart des médias, a été un moteur pour certains qui se sont alors résignés à leur sort et sont même devenus leurs propres geôliers, alors que d’autres ont ravalé leurs frustrations en essayant de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Chacun a alors aménagé sa vie de prisonnier afin de survivre. Beaucoup ont trouvé des points positifs à cet emprisonnement, mais aucune personne ne peut affirmer qu’il n’a pas été confronté à un des aspects cités plus haut. Nous nous retrouvons ainsi avec des millions de personnes ayant subi un traumatisme plus ou moins sévère.

Le déconfinement, après des semaines de privation de liberté, est progressivement accordé par les mêmes autorités qui, dans leur grandeur d’âme, y consentent. Mais celui-ci est assorti de menaces, de limitations, de contraintes, d’informations diverses, contradictoires, continuant à insuffler la peur sans laquelle les autorités perdraient tout contrôle sur chacun d’entre nous. Tout autant de causes évidentes d’agression, de violation de notre personne et de mépris affiché (et même revendiqué parfois !) qui sont des sources évidentes qui font de nous des victimes d’actes de violence.

Face à tout traumatisme, tout mammifère, y compris l’homme, a trois possibilités qui s’offrent à lui : fuir, agresser ou figer. Ces réactions ne viennent pas du cerveau, ne découlent pas d’un choix délibéré mais s’imposent à lui de façon automatique, car ce sont des réflexes de survie. Figer s’est imposé comme étant le seul « choix » possible lors du confinement et du déconfinement.

Que se passe-t-il lorsqu’une victime fige ? Elle accumule en elle une énergie importante bloquée qu’elle ne peut libérer à laquelle vient se surajouter une autre encore plus intense : celle de la colère bloquée, car très souvent non reconnue et par conséquent non vécue. Ceci entraîne une phase bien connue appelée de stress aigu, qui est une phase normale d’adaptation touchant tout être humain avec des troubles du sommeil, une fatigue intense, une agitation, des anxiétés et peurs, une perte de concentration, par exemple. Si ces signes subsistent, il y a de grands risques que le TSPT puisse apparaître dans les mois qui suivent…

Il est essentiel que chacun d’entre nous prenne conscience et accepte, dans un premier temps, qu’il a été et continue à être victime d’un traumatisme. Cela est le début, alors, d’un travail qui permettra de libérer la colère bloquée afin de se détendre et prévenir l’apparition d’un TSPT.

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20 mai 2020 à 8:09

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