Compostage humain : le « nouveau monde » revient à la charge !

écologie
Il paraît que la différence entre les grands singes et les humains, entre quelques petites autres choses, réside dans les rites funéraires. Une excellente tribune de Marion Maréchal, il y a quelques jours, répondait aux antispécistes que, si nous partagions 98,7 % de nos gènes avec les chimpanzés, nous en partagions également 50 % avec les souris et 70 % avec les limaces - sans être pour autant à moitié souris ou deux tiers limaces. Il y a donc une singularité humaine dont on peut convenir, que l'on soit chrétien ou non, après avoir examiné les fallacieux arguments (génétiques, notamment) de l'antispécisme.
Hélas, le réchauffement climatique cherche à culpabiliser une vieille Europe déjà jugée coupable de tout. Au nom du réchauffement, il faut diminuer les émissions de gaz carbonique. Tous les moyens sont bons. Ainsi, la députée MoDem Élodie Jacquier-Laforge, invitée par André Bercoff le 23 février, a calculé, on ne sait comment, que la crémation d'un corps représentait 3 % de l'émission de CO2 d'une vie de « citoyen » (on n'ose plus dire une vie humaine : les droits du citoyen ont dévoré ceux de l'homme). L'inhumation, ce serait quatre fois plus (12 %, si on compte bien). Évidemment, c'est trop, conclut cette parlementaire pleine de « bon sens ».

C'est l'occasion de remettre sur le tapis un sujet qui ressort régulièrement dans les médias depuis quelques mois : le compostage humain. Certains lieux proposent déjà, en France, une esquisse de cette solution : vous êtes enterré dans un cercueil biodégradable et vous finissez par retourner en compost un peu plus vite que prévu. Mais la solution la plus pragmatique nous vient, comme bien souvent, des États-Unis : là-bas, on enferme le corps dans une boule qui contient déjà de la terre et de l'engrais. Rapidement, en un mois environ, il n'y a plus rien : la capsule elle-même s'est désagrégée et le cadavre a été traité par son environnement. Il est retourné en poussière, littéralement et sans traîner, et tout cela donne, au lieu d'une pierre tombale, un certain volume de compost que l'on peut épandre sur ses bégonias. « Regarde, ma chérie, ce joli massif, eh bien, c'est ton grand-père qui a fait pousser ces fleurs. » « Mais Papa, il est mort, pourtant. » « Justement ! »
Comme à chaque fois qu'il s'agit d'enlever un peu d'humanité à notre société, la majorité présidentielle avance masquée. En plus de la maîtrise de l'empreinte carbone, il s'agit de libérer de la place dans les villes : c'est du bon sens, c'est plus pratique. Curieux argument au passage, car la démographie européenne est catastrophique et toutes les constructions modernes se caractérisent par leur empilement d'appartements, sans commune mesure avec leur empreinte au sol. Mais bon, c'est comme ça.
Dans le nouveau monde, il n'y aura pas besoin d'abolir la fête des Défunts : on ne saura pas où leur rendre visite. Il n'y aura plus de cimetière. Il n'y aura que des cadavres dans des boules de compost, charognes anonymes destinées à fertiliser le sol. Le culte des ancêtres, l'attachement à la terre que l'on marque de son empreinte, le souvenir de ceux qui nous ont précédés et même - osons le mot - l'amour de sa lignée ? Balivernes passéistes ! Vous n'y pensez pas ! À l'autre bout du spectre, toujours pour préserver la Terre, on nous déconseille d'avoir des enfants, trop gourmands en carbone, eux aussi.
Pas d'enfants, pas d'ancêtres : la voie est libre pour des individus interchangeables, sans passé ni mémoire, sans autre horizon post-mortem que de devenir de l'engrais ; des gens qui ont oublié d'où ils venaient et ne laisseront rien derrière eux, à part peut-être quelques micro-pourcents de régulation carbonique.
Nous parlions, hier, de 1984, d'Orwell. Il serait intéressant de rapporter l'histoire d'aujourd'hui au film Soleil vert, dans lequel les personnes âgées ou malades sont broyées pour devenir des barres de céréales, que les survivants ingèrent. On n'en est pas encore là : pour l'instant, on peut mettre des insectes dans la nourriture, mais pas encore des morceaux de vieux. Ca viendra, vous verrez.
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

40 commentaires

  1. La proposition scandaleuse de cette députée m’a fait réagir. Je lui ai adressé à son adresse mail officielle un message où je la félicitais, alors que depuis toujours l’humanité a montré sa différence avec le monde animal par le respect montré aux défunts (jusque parfois par l’embaumement), de vouloir nous ramener à l’état de singes. Est il besoin de préciser que je n’ai reçu aucune réponse !

  2. Ces « idées » nous viennent des USA. Ces idées n’ont pas cours en Chine et en ….Russie. Quel est votre choix ?

  3. Je me pose la question si on éliminé la bêtise donc des gens du niveau de cette brillante élue on diminuerait de combien le % de CO2 . Je pense que ces électeurs vont se poser des questions au sujet de son équilibre mental

  4. Vous croyez que c’est ceux qui achètent la jardinière d’appartement en plastique de 50x30cm dont on fait la pub en ce moment?
    Ces gens sont d’un grotesque!

  5. Ce qui est inquiétant, c’est la désacralisation de la mort, instant important dans la vie d’une femme ou d’un homme. Lorsque l’homme est sorti de son animalité, il a commencé à enterrer ses morts avec cérémonie, à considérer la nature de son être avec respect et à penser que la vie ne s’arrêtait pas là, en cet instant, mais que son esprit poursuivait son chemin, vers un au-delà. La grande nouveauté, par rapport au premier homme animal, est que le nouvel homme devenait spirituel à part entière.
    Jeter un être humain dans la terre en le considérant comme du compost, sous une forme utilitaire, c’est nier toute humanité, toute grandeur humaine. À la décharge de la députée, il faut bien lui accorder que certains hommes ou femmes se conduisent comme des… et ne sont pas autre chose que des…

  6. On se souvient du dicton « Poussière, tu es, poussière, tu retourneras à la terre ». Eh, bien maintenant, avec Elodie Jacquier-Laforge, on dira : « Fumier, tu es, fumier, tu retourneras à la terre »

  7. Notre propre inertie pourrait laisser se réaliser les fantasmes de ces extrémistes. Le danger se rapproche, cette femme ( vidéo ) est proche de Bayrou… Depuis que l’humain existe, c’est maintenant que l’on parle de CO2, avec l’ère industrielle ! Pas avant. Que viennent faire ces fantasmes absurdes et destructeurs de civilisations d’individus assez incultes, totalement obsédés par le CO2, « l’écologie » conçue exclusivement selon leurs idées, aussi fantasques soient elles ! Attention, danger.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois