Comment redresser l’économie française ?
Avant la crise actuelle, notre économie connaissait déjà une croissance faible et une lente désindustrialisation. Depuis plus de quarante ans, le nombre d’emplois dans l’industrie française était ainsi passé de 6,5 à 2,7 millions de salariés, cependant que la part de la valeur ajoutée industrielle dans notre produit intérieur brut était tombée de 24 à 10,5 %. Or, depuis l’an dernier, la pandémie du coronavirus a révélé au grand jour ce phénomène. Non seulement la désindustrialisation a rendu notre pays démuni pour faire face à cette maladie, mais il a fallu injecter 200 milliards d’euros pour tenter de limiter ses effets délétères, tant sur les salariés que pour les entreprises. C’est pourquoi il convient de s’interroger aujourd’hui sur les moyens de redresser l’économie française quand la pandémie aura été vraiment surmontée.
Afin d’apporter des remèdes efficaces, il est clair qu’il faut d’abord s’interroger sur les multiples causes de ce phénomène. La première en est l’état lamentable de notre Éducation nationale, considérée autrefois comme la meilleure du monde, mais qui a été graduellement dégradée par les théories « pédagogistes ». La deuxième cause tient aux politiques budgétaires : au lieu de s’attaquer aux dépenses inutiles et à la fraude sociale, les gouvernements successifs ont préféré réduire les dépenses régaliennes et les investissements publics. La troisième cause incombe à la financiarisation de l’économie, qui a favorisé les investissements spéculatifs au détriment des investissements productifs des entreprises. La quatrième cause est l’illusion d’une « société post-industrielle » : c’est par une mauvaise lecture de Jean Fourastié que nos élites se sont imaginé que l’on allait vers une économie de services, erreur que n’ont pas partagée les Allemands. La cinquième cause tient à une mauvaise répartition des gains de productivité, pénalisant le pouvoir d’achat des salariés et donc l’élévation de la consommation.
À côté de ces diverses causes, propres à notre situation intérieure, et auxquelles des remèdes peuvent être apportés, il convient toutefois d’examiner une autre cause tout aussi essentielle, qui tient à la position internationale de la France. Il s’agit du rôle fondamental que joue le taux de change dans toute économie. Tandis que le taux de change nominal d’un pays exprime la valeur de sa monnaie nationale dans chacune des monnaies étrangères, le taux de change réel indique en effet le niveau relatif des prix intérieurs de l’économie vis-à-vis du reste du monde. Dans l’ancienne économie internationale, il exprimait seulement la compétitivité relative des produits fabriqués par le pays, se traduisant par le déséquilibre de sa balance commerciale. Dans l’actuelle économie mondialisée, son rôle est encore plus important. Un taux de change réel surévalué signifie en effet que les coûts salariaux sont jugés trop élevés par les entreprises, tant locales qu’étrangères, décourageant leur investissement productif sur place, les incitant au contraire à délocaliser leur activité. La croissance de l’économie est ipso facto ralentie, le phénomène inverse se manifestant en cas de sous-évaluation du taux de change réel.
C’est précisément la surévaluation qui affecte la France depuis qu’elle appartient à la zone euro. D’une part, cette monnaie unique a été longtemps surévaluée, vis-à-vis du reste du monde, pour la plupart des pays membres, en particulier lorsqu’elle était gérée par Jean-Claude Trichet. D’autre part, les pays de la zone sont trop disparates entre eux, tant par leurs divers rythmes d’inflation que par les différentes qualités de leur spécialisation. Aujourd’hui, les pays membres ont évidemment le même taux de change nominal, mais les taux de change réels sont très différents selon les pays de la zone : sous-évalués pour l’Allemagne et quelques pays du Nord, largement excédentaires et à croissance plus forte, nettement surévalués pour la France et la plupart des autres pays de la zone euro.
En 2020, il est vrai que des transferts massifs, budgétaires et monétaires, ont été décidés temporairement afin de faire face aux conséquences de la pandémie du coronavirus. En revanche, de tels transferts ne vont sûrement pas pouvoir être poursuivis longtemps. Dans ces conditions, il est clair que, tôt ou tard, l’euro va fatalement exploser. S’il est lucide, tout gouvernement français devra par conséquent s’y préparer dès maintenant afin que l’opération se fasse dans les moins mauvaises conditions possibles.
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