[CINEMA ] 13 jours, 13 nuits, beau récit de l’opération Apagan en Afghanistan

Martin Bourboulon a décidément le vent en poupe. Après le succès commercial de son diptyque Les Trois Mousquetaires, le cinéaste enchaîne avec un nouveau film spectaculaire, tiré cette fois-ci de faits réels. Un récit poignant et relativement récent sur l’engagement de l’État et la valeur de nos forces de sécurité françaises.

En effet, 13 jours, 13 nuits est l’adaptation du livre éponyme écrit par le commandant divisionnaire Mohamed Bida et publié aux Éditions Denoël en 2022. L’ancien attaché de sécurité intérieure adjoint de l’ambassade de France à Kaboul pour le compte de la DCIS (Direction de la coopération internationale de sécurité) y relatait l’opération Apagan de 2021 dont il fut l’un des principaux artisans.

L’ambassade de France sous la pression des talibans

Pour rappel, l’annonce en 2021 du retrait des troupes américaines d’Afghanistan amorce, dès le printemps, la reconquête du territoire par les terroristes. Le 15 août, Kaboul est reprise ; les pays occidentaux commencent alors à rapatrier leurs ressortissants. Seule l’ambassade de France est encore ouverte, car nos autorités attendent de réunir l’ensemble des Français d’Afghanistan pour procéder à l’évacuation générale. Une tâche complexe à réaliser dans la mesure où la circulation dans le pays est lourdement perturbée par les barrages et les checkpoints…

Surtout, le film nous montre comment l’exfiltration par hélicoptères américains, si elle fut dès le départ envisagée, tombe à l’eau en raison de tirs dont ils sont la cible. En outre, la population locale cherche rapidement la protection de la France et s’amasse devant l’ambassade qui finit par ouvrir ses portes : en l’espace de six heures seulement, ce sont quatre cents personnes qui s’ajoutent aux quatre-vingt Français et membres du personnel déjà présents. La grande crainte, bien entendu, des onze policiers chargés de la sécurité est l’infiltration de cette masse de réfugiés par des espions talibans ou par des kamikazes. Et c’est sans compter la question du rationnement des vivres, bien trop insuffisants pour tenir à près de cinq cents…

L’exode

Heureusement, le policier de la DCIS Mohamed Bida parvient (difficilement) à négocier avec les Américains l’exfiltration de réfugiés afghans placés sous la protection de la France puis, avec les terroristes, le convoi jusqu’à l’aéroport. Tout aussi périlleux et chargé d’imprévus, ce chapitre tendu se soldera par un attentat à la bombe, faisant deux cents morts et quatre cents blessés à proximité des pistes ; mais 2.834 personnes au total, dont 142 Français, 62 Européens et 2.630 Afghans, seront finalement évacuées.

Récit impressionnant d’un exode qui a bien failli échouer, 13 jours, 13 nuits est avant tout le témoignage précieux d’un policier aux commandes qui, à quelques jours de la retraite, n’hésita pas à tenir tête à des diplomates pour sauver le plus de vies possible. Un témoignage qui rappelle, au passage, que les Américains ne sont pas toujours des alliés fidèles et charitables et que ceux-là défendent avant tout leurs intérêts…

4 étoiles sur 5

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