Plus macroniste que les macronistes, et bien que n’ayant hérité d’aucun portefeuille ministériel, Christian Estrosi continue à assurer le service après-vente de la politique sanitaire d’Emmanuel Macron, et la sienne. Le maire de Nice essaie d’avaler la pilule : malgré tout ce qu’il a fait et dit depuis deux ans pour passer pour le premier de la classe dans la gestion du Covid-19, celui-ci n’a pas été récompensé de ses efforts.

Cependant, celui-ci, interrogé ce lundi sur BFM TV, envoie des lauriers à Emmanuel Macron : « La France est le pays qui a fait le mieux », selon lui, dans la crise sanitaire. Une façon de se rappeler à son bon souvenir ? Rappelons que Christian Estrosi s’est toujours voulu à « l’avant-garde » dans la gestion sanitaire locale, ce qui l’a conduit à toute une série de mesures dépassant, voire outrepassant les décisions nationales.

De façon unilatérale, pendant le premier confinement, et sans qu’aucune décision nationale ne la justifie, celui-ci a décidé d’interdire «  la pratique sportive et les sorties de loisir » entre 12 h et 18 h chaque jour, et ce, pour « limiter les abus » : ce qui a conduit à priver les familles de toute possibilité de sortie vitale sur des heures essentielles de la journée, surtout avec des enfants en bas âge, et de produire l’effet inverse du but recherché : faire sortir dans la rue tout le monde au même moment chaque jour, c’est-à-dire à partir de 18 h.

Lors du deuxième confinement, le maire de Nice a décidé que le trottoir sud de la promenade des Anglais, celui bordant la mer, serait fermé, mais pas le trottoir d’en face car, comme chacun sait, le virus préfère circuler côté mer.

Des patrouilles de police et des hélicoptères étaient mobilisés pour interdire l’accès au couloir bordant la mer, seul lieu où l’air marin circule et où les risques de contamination étaient évidemment quasi nuls.

Quelques mois plus tard, n’étant toujours pas satisfait, celui-ci a décidé en conseil municipal de faire enlever toutes les célèbres chaises bleues de la Prom, haut lieu selon lui de promiscuité et donc de contamination… 440 malheureuses chaises bleues ont donc été descellées, le jeudi 12 novembre 2020, pour interdire de facto à toute personne de s’asseoir dessus. Les riverains s’indignèrent : «  Pourquoi pas retirer la plage et la mer aussi » ?

Finalement, après quelques jours, le ridicule et l’inutilité de ce geste ont été compris, et toutes les chaises sont revenues à leur place. Mais Christian Estrosi visait plus le symbole que l’effectivité sanitaire.

En 2021, se considérant toujours comme aux avant-postes de la lutte contre le virus, celui-ci a annoncé que la vaccination des enfants serait obligatoire pour pouvoir s’inscrire en centre de loisirs : une annonce parfaitement illégale et immédiatement retoquée par la Justice.

N’oublions pas non plus, dans cette artillerie débridée et absurde, la décision de fermer l’accès à tous les parcs sur la totalité de la ville, ces parcs étant désormais considérés eux aussi comme de dangereux vecteurs de contamination.

Et ceci, bien sûr, sous la surveillance des caméras réparties dans toute la ville (450 habitant de surveillance par caméra, le taux le plus élevé parmi les villes françaises) mais également des drones munis de haut-parleurs, dont le maire a fait usage pour disperser les personnes ne respectant pas le confinement.

Voilà pourquoi celui-ci, ce matin, a vanté sur BFM TV l’efficacité de la politique de la France dans la gestion du Covid-19 : il s’agit en réalité de vanter la sienne et d’adresser par ce biais un message subliminal à Emmanuel Macron.

On se souvient du titre du Zeit, le 12 novembre 2020, au sujet de la politique sanitaire du gouvernement français : « Corona-Regeln in Frankreich : Autoritäres Absurdistan ». L’absurdie autoritaire. Dans cette compétition, il n’y a en effet pas de limite. Ce matin, Christian Estrosi l’a assuré : « J’ai décidé de continuer à me consacrer à mes concitoyens. » On peut donc craindre le pire pour les mois à venir.

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7 juin 2022

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