Charlie Hebdo a encore fait fort la semaine dernière avec, à la une du dernier numéro, une caricature du chanteur belge Stromae demandant, sur fond de corps déchiquetés, "Papa où t’es ?" (référence à sa chanson "Papaoutai"). Passée quasiment sous silence en France, cette caricature a suscité colère et indignation en Belgique, tant sur les réseaux sociaux que dans la presse belge. Et pour cause…
"Charlie Hebdo ne sait-il pas que son père a été coupé en morceaux ?"» Le quotidien belge néerlandophone Het Nieuwsblad se fait l’écho des propos indignés de l’entourage de Stromae en rappelant que son père a été tué et démembré lors du génocide de la population tutsie au Rwanda. "Charlie Hebdo toucherait-il le fond ? », se demande le quotidien belge La Dernière Heure. Sur les réseaux sociaux, les Belges répondent par "Où est Charlie ?", utilisant, sur fond de drapeau français, le personnage du célèbre livre de jeu éponyme, avec le petit Charlie, les yeux clos et une larme sur la joue.
Ce nouvel exemple conforte en tout cas toux ceux qui n’ont jamais voulu "être Charlie", même s’ils partageaient l’émotion suscitée par le lâche et sanglant attentat perpétré contre l’hebdomadaire. L’enchaînement de caricatures souvent ignobles leur donnera raison : faut-il rappeler, par exemple, le dessin sur le petit Aylan, le petit Syrien qui a péri noyé en septembre sur une plage turque et dont la photo avait ému le monde entier. Sous le crayon de Charlie, le petit Syrien était devenu un pervers à la poursuite d'une femme, avec cette légende : "Que serait devenu le petit Aylan s'il avait grandi ?" Et l’hebdo d'ajouter : "Tripoteur de fesses en Allemagne", en référence aux agressions sexuelles survenues lors du Nouvel An en Allemagne.
Plus près de nous, l’Alsace avait eu droit, il y a quelques années, à une attaque en règle de Charlie avec ce commentaire sur son statut concordataire : "Les lois républicaines m’autorisent à blasphémer en France. Strasbourg est en France. Et je n’aurais pas le droit de blasphémer à Strasbourg ? Quoi encore ? Dois-je en déduire que Strasbourg n’est pas vraiment en France ?" Dans la France de Charlie, de cette semaine et de toutes les autres, certainement pas !
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