Le 29 juillet, le président de la FDSEA avait convié les parlementaires de Haute-Garonne afin de faire le point en particulier sur les accords CETA et Mercosur. Malgré une invitation lancée depuis plus de quinze jours, aucun député n’a fait le déplacement. Les membres de la FDSEA ont bien essayé de défendre cette « absence » avec les congés, personne n’a été vraiment dupe.

Sept députés sur dix ont voté le CETA, les deux seuls ayant voté contre étant Joël Aviragnet (PS) et Sébastien Nadot (ex-LREM), Élisabeth Toutut-Picard (LREM) s’étant abstenue. On peut légitimement penser que cette absence, c’est un peu « courage, fuyons ! » Notons, quand même, que ce refus d’un dialogue constructif démocratique ne peut qu’engendrer de la colère chez certains agriculteurs un peu « motivés ».

Par contre, on a noté la présence de M. Pierre Médevielle, sénateur UDI très proche du monde agricole.

La réunion s’est donc résumée à une revue de détail des différentes difficultés rencontrées par le monde paysan aujourd’hui, les traités signés par l’Union européenne étant une partie de ces difficultés.

Les accords (CETA, Mercosur), c’est l’énorme problème du jour, en particulier pour les éleveurs, qui verront une concurrence déloyale déferler en Europe. Déloyale car les normes européennes imposées à tous les producteurs français ne sont pas respectées par le Canada ni par les pays d’Amérique du Sud.

Pierre Médevielle, dans son intervention, a été très clair. En premier lieu, il a expliqué que le traité Mercosur lui faisait beaucoup plus peur que le CETA. Il a, ensuite, insisté très fortement sur deux points, le premier étant que des contrôles stricts doivent être faits pour tout ce qui sera importé en Europe, et « sans failles », dit il. Le second est le coût de ces contrôles ; il affirme : « La France n’a plus aucun moyen, ces contrôles devront impérativement être payés par l’Union européenne. » Le Sénat fera des amendements dans ce sens, dit-il ; espérons que les sénateurs soient entendus.

Un des adhérents FDSA a tenu à rappeler que les éleveurs n’étaient pas les seuls impactés par ces accords, les grandes cultures de céréales le sont aussi. Il a donné comme exemple le blé dur pour la fabrication des pâtes, arrivant en masse par bateaux en Italie pour la société Barilla. Ce blé dur, poussé dans des conditions climatiques limites, dit-il, est chargé de glyphosate juste avant la récolte, avec des doses beaucoup plus importantes que celles autorisées en Europe et en France. Ce glyphosate se retrouvera inéluctablement dans les pâtes vendues en Europe, sans aucune indication.

Ces accords européens sont, aujourd’hui, la grande angoisse de tout le monde agricole. Aucun politique ne veut entendre les arguments développés, en particulier l’interdiction en Europe de produits ne répondant pas aux normes draconiennes face à une importation autorisée de viandes ou de matières premières ne répondant pas à ces normes. Même le ministre de l’Agriculture dit qu’aucun contrôle ne sera fiable à 100 %. L’alimentation, ce n’est pas les voitures ou l’informatique, réaffirment les agriculteurs, c’est avant tout un problème de santé publique.

Quand on voit l’empressement des députés à écouter les agriculteurs, on peut tout craindre.

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31 juillet 2019 à 17:00

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