Depuis la rentrée, de nombreux établissements scolaires se trouvent confrontés aux revendications communautaires d’une minorité d’élèves qui entend imposer le port du voile ou d’autres tenues islamiques dans les salles de classe. Alors que, de Nanterre à Clermont-Ferrand, ces lycéens haussent le ton, la grande mosquée de Paris, dans un communiqué publié le 21 octobre, « rappelle que la loi interdisant le port de signes religieux ostensibles à l’école doit être respectée par tous ». La communication de cette entité réputée « modérée » n’a pas manqué d’irriter les tenants d’un islam rigoureux.


Des lycéens, vêtus d’abayas ou de qamis – vêtements amples et longs ancrés dans la culture arabo-musulmane –, tentent de contourner la loi de 2004. Sur les réseaux sociaux, fiers d’eux, ils relaient leurs actions, partagent leurs conseils et encouragent leurs « frères et sœurs » à les imiter. Des jeunes influenceurs, suivis par plusieurs dizaines milliers d’abonnés sur TikTok, surfent sur la vague et encouragent les musulmans à poursuivre ce combat contre la laïcité à l’école. Face à l’ampleur du mouvement, la grande mosquée de Paris et le Conseil des mosquées du Rhône, rares piliers d’un islam modéré en France, tentent d’éteindre l’incendie. En vain. Face à eux, des prédicateurs et imams, véritables influenceurs sur les réseaux sociaux, dénoncent la loi de 2004 et saluent l’action de cette minorité active de jeunes musulmans.

Imams et prédicateurs proches des Frères musulmans

Après la publication du communiqué du Conseil des mosquées du Rhône, début octobre, qui dénonçait « les comportements provocateurs et irresponsables » d’une frange de la jeunesse musulmane, le prédicateur Vincent Souleymane ne mâche pas ses mots : « La grande mosquée de Lyon dévoile sa soumission aux injustes. » Sur son compte Facebook, ce converti à l’islam, formé notamment à l’Institut européen des sciences humaines (IESH) de Château-Chinon à la réputation très engagée, écrit : « Alors que l’interdiction du hijab au collège est une injustice de plus à l’égard des musulmanes, voilà que l’on voudrait leur interdire de se vêtir avec des robes amples. » Et de poursuivre : « Ce communiqué relève de la traîtrise, il est vraiment temps que les béni-oui-oui à la tête des mosquées soient remplacés par des gens véritablement soucieux de l’avenir de la communauté musulmane en France. » Quelques jours plus tard, ce prédicateur aux plus de 33.000 abonnés sur Facebook publie un enseignement sur « l’obligation de porter le hijab ». Un discours visionné plus de 56.000 fois et relayé notamment par Mehdi Bouzid, fondateur d'Islam Mag, suivi par plus de 100.000 personnes. Cet ancien imam de la mosquée de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), limogé à l’été 2021 après un prêche « contraire à l’égalité homme-femme », peut notamment compter sur le soutien du Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE), organisation elle aussi très militante.

À leurs côtés, Mohamed Nadhir, un jeune imam qui vend des cours de « sciences religieuses » en ligne, partage la même indignation. « La mosquée de Paris n’est qu’une vulgaire officine à la solde de l’islamophobie étatique, utilisée pour valider son despotisme. Vous ne représentez ni l’islam, ni les musulmans, ni l’héritage sunnite ! » s’emporte-t-il sur son compte Twitter.


Et de prendre la défense des lycéens prosélytes avant de conclure : « Le hijab dans tout ce qui le représente est une obligation à l’unanimité des musulmans. » À l’instar de Vincent Souleymane et Medhi Bouzid, Mohamed Nadhir, suivi par plus de 63.000 abonnés sur YouTube et 27.000 sur Twitter, est connu pour sa proximité avec l’islam radical, selon Isabelle Surply, conseillère régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes. Dans une compilation vidéo publiée sur son compte Twitter, l’élue pointe du doigt les déclarations rigoristes de cet imam : hijab obligatoire, femme inférieure à l’homme, opposition à la Charte des principes pour un islam de France…

La grande mosquée de Paris a beau affirmer son attachement à la laïcité, des prédicateurs, qui ont l’avantage indéniable de maîtriser les codes de la communication moderne, continuent d’encourager avec succès une frange de plus en plus importante de la jeunesse musulmane.

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24 octobre 2022 à 19:41

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28 commentaires

  1. L’appel de la mosquée de Paris pour le respect de la laïcité ne mènera pas à grand chose vu qu’en islam il n’ y a pas une institution hiérarchique supérieure unique qu’il faudrait obligatoirement suivre, à moins qu’elle ne soit appuyée par une force militaire comme en Iran. Donc l’avis des dirigeants de cette mosquée modérée ne vaut pas plus que l’avis d’un simple imam radical de la mosquée du quartier.
    Il en résulte que les politiques français qui veulent instaurer une sorte de hiérarchie pyramidale qui fera office d’autorité pour tout le monde vont se casser les dents devant de simples prédicateurs radicaux.

    Un imam pourrait à la fois être tout ou rien dans les yeux de ces fidèles; d’ailleurs celui-ci peut dans certaines occasions (absence, maladie…etc) être remplacé par un simple fidèle pour conduire la prière.
    Pour faire respecter la laïcité dans l’école, il faudra que les autorités civiles compétentes (école, mairie, justice…etc) fassent leur job en interdisant catégoriquement l’entrée à l’école de tout élève qui viendrait avec des signes religieux ostentatoires. C’est aussi simple que ça.

  2. Il est étrange de constater qu’il se trouve en France des gens qui soutiennent le port du voile au nom de la liberté et refusent de soutenir les femmes iraniennes qui luttent elles contre le voile au nom de cette même liberté… Des libertés qui seraient différentes ici ou la-bas… ou peut-être des motivation autres et inavouées ?

  3. Sur le Coran (sourateXXXIII), je recopie bêtement le verset 57 : »Ô Prophète ! prescris à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants d’abaisser un voile sur leur visage. Il sera la marque de leur vertu et un frein contre les propos des hommes ».
    Le Coran n’insiste pas sur le voile mais il en parle. Les musulmanes de France en font une bataille politico-religieuse. En France, devons-nous suivre le Coran ?

  4. Le port du voile manifeste l’allégeance au coran qui dit que les femmes sont des êtres inférieurs, que les hommes ont le droit de les battre (sourate IV, verset 34), et que tous les non-musulmans doivent être tués ou convertis de force : c’est illégal et inacceptable.
    Les femmes voilées insultent toutes les femmes occidentales et leurs ancêtres qui se sont battu(e)s pour l’égalité des droits !!! Pourquoi les occidentales devraient-elles se laisser insulter sans rien dire ?!
    Le voile est une insulte aux femmes qui ne sont considérées que comme des objets sexuels, et une insulte aux hommes qui ne seraient que des animaux obsédés et incapables de se contrôler à la seule vue d’une mèche de cheveux…
    C’est une négation de la dignité humaine.

  5. Il n’est dit nulle part dans le Coran que les femmes doivent être voilées. Il s’agit seulement de tentatives de faire plier la République.

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