Attaque en Syrie : 86 victimes.
Attentat de Nice : 84 morts.
Sans compter les blessés et invalides définitifs !
Le monde s'enflamme contre l'attaque barbare, avec des armes chimiques, en Syrie. Nul ne sait encore réellement qui était détenteur des produits toxiques, mais la furia anti-Bachar s'est déclenchée à la vitesse d'un Tomahawk.

Je vais sans doute choquer, mais je suis interloqué que les morts syriens soient, avec de telles réactions horrifiées et instantanées, considérés plus précieux que nos victimes françaises. La mort est-elle plus sereine et plus morale avec des armes "classiques" et autorisées ? Un déluge de missiles de croisière s'est-il immédiatement abattu sur un centre stratégique de Daech à titre de représailles après le massacre niçois ?

Le président américain, qui réagit à l'émotion et son humeur du jour, est dangereusement versatile. Stratégie de cow-boy, a dit avec justesse Mélenchon. La diplomatie de casino venant de l'Ouest me paraît autrement dangereuse pour le monde que les opérations intérieures d'un pays péniblement souverain qui ne nous a jamais déclaré la guerre !

Le président Bush, responsable, avec un énorme mensonge d'État, de l'atomisation du Moyen-Orient et des conflits qui s'y succèdent depuis, n'a jamais été poursuivi et condamné. N'est-il pas autant, voire plus, comptable de ses actes que Bachar el-Assad, devant la Cour pénale internationale ?

En France, les réactions vont de l'indignation de circonstance aux commentaires plus nuancés.

Notre Premier ministre revient sur le passé pour encenser le Président en déclarant que, jadis, lorsque Obama s'est dégonflé, notre option de bombarder était la bonne ! Bombarder qui et où ? Le palais du président syrien ?

Le jeune et fringant Macron, qui n'a pas froid aux yeux et s'appuie sur un solide étai avec un ex toujours ministre de la Défense, prononce un verdict altier sur un coin de trottoir : "L'ennemi, pour nous, est Daech, pour les Syriens el-Assad." La justice internationale est "en marche" ! Pour la suite et fin, une action coordonnée internationale doit être menée. Voilà, question réglée !

Hamon, plus mesuré, en appelle à un règlement politique entre les parties concernées. Lesquelles ?

Fillon et Le Pen, réalistes et mesurés, sans être attentistes, font preuve de davantage de recul et de retenue. Connaître la vérité et ne pas hurler au loup semble plus compatible avec une véritable et responsable posture de chef d'État.

Quant à l'aspect technique de la réponse américaine, quelques doutes m'ébranlent. 59 missiles largués sur une base militaire qui "ne" font "que" neuf victimes syriennes ! Et probablement des civils. Étrange...

Première hypothèse : les Russes, avertis avec préavis, ont prévenu les Syriens qui ont eu le temps de quitter la place.
Autre interprétation : la base attaquée n'était plus opérationnelle et quasiment vide. Un repérage satellite (merci, Google Earth) m'inspire fortement ce sentiment. Le doute serait levé si les photos du résultat de cette attaque étaient publiées (avec vérité, s'entend) sans tripotage Photoshop !

Rappelez-vous la photo du petit Aylan, qui avait bouleversé le monde...

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08 avril 2017 à 11:05

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