Il n’aura pas fallu un mois pour confirmer ce dont on se doutait : Castaner n’est pas au niveau. Cet homme, qui n’aurait jamais dû dépasser les fonctions de secrétaire de mairie, ce rescapé du socialisme qui faisait rire même ses petits camarades de la rue de Solférino, s’est retrouvé, après des semaines de contorsions macroniennes, au poste de ministre de l’Intérieur. Ce poste occupé, autrefois, jadis et naguère, par Clemenceau, Mitterrand, Edgar Faure, Chirac, Poniatowski, Pasqua, Chevènement, Sarkozy… On se pince.

Vraiment. Castaner n’est pas au niveau. Il est même en dessous de tout. Et il le montre en direct au moment même où ces lignes sont écrites.

Sur les Champs-Élysées, cela se passe mal. Très mal. Ça casse, ça castagne. Des agitateurs de l’ultra-droite, de l’ultra-gauche ? Qui sait ? La police, on l’espère. Il n’empêche qu’on voit des drapeaux rouges avec la silhouette du Che…

Et lorsque, à midi, le ministre fait son point de situation, entouré des plus hautes autorités de la sécurité de ce pays (le préfet de police de Paris, le général, directeur de la gendarmerie nationale), comme s’il lui fallait des béquilles pour assumer sa fonction, il ne trouve pas mieux que de mettre en cause Marine Le Pen. Citons Castaner : "À Paris, on voit une évolution. À l’appel de Marine Le Pen, qui avait invité les manifestants à venir sur les Champs-Élysées. Effectivement, près de 5.000 personnes sont mobilisées. Mais ce qu’on constate, c’est qu’aujourd’hui, l’ultra-droite s’est mobilisée et est en train de dresser des barricades sur les Champs-Élysées. Les séditieux ont répondu à l’appel de Marine Le Pen." En clair, Marine Le Pen, députée de la République, chef d’un grand parti, candidate à l’élection présidentielle et sur laquelle près de onze millions de Français ont porté leur suffrage est responsable de la casse sur les Champs-Élysées. Et, n’ayons pas peur des mots, elle est assimilée aux "séditieux". Le mot est très fort. La sédition est un appel préparé contre l’autorité établie.

M. Castaner connaît-il, au moins, le poids des mots ? Au mieux, non. Et l’on sera conforté dans l'idée qu’il est en dessous de tout. Au pire, oui. Et, dans ce cas, le ministre de l’Intérieur révèle que ce pouvoir est dos au mur. Il n’a pas vu venir la colère du « petit peuple » de province. Il n’a pas compris cette colère. Il est incapable de répondre à cette colère, enfermé dans ses certitudes : « C’est comme ça, c’est pas autrement. » Alors, il tente de faire porter les responsabilités de son impéritie sur ses adversaires politiques, notamment à droite. L’ultra-droite (ce qui reste à prouver) casse à l'occasion de cette manifestation ? Or, Marine Le Pen soutient la manifestation, donc, etc. Castaner s’offre ainsi un 6 février 34 à bon compte. Histoire de diaboliser le Rassemblement national et de se donner le beau rôle du garant de l’ordre. Par ses propos, le ministre de l’Intérieur s’est non seulement définitivement décrédibilisé mais aussi déshonoré. De plus, en prononçant des mots aussi tendancieux, flanqué de hauts fonctionnaires, le ministre a mis à mal la neutralité qui sied aux grands serviteurs de l’État, civils et militaires.

En tout cas, on aura compris que, dans cette interdiction de manifester sur les Champs-Élysées, le « petit peuple » de province n’est pas le bienvenu en ces lieux prestigieux. Les Champs-Élysées ? C’est fait pour être vidé de tout peuple un matin de 11 novembre afin qu’un président hors-sol fasse le beau devant soixante-dix chefs d’État. Pour les racailles de banlieue, un soir de match de foot. Mais les Champs-Élysées, c’est pas fait pour les ploucs, les gueux, les beaufs. Ils devraient savoir ça. Tous les ronds-points qu'il veulent dans leur bled, mais pas celui des Champs-Élysées.

PS : on lira avec intérêt ce tweet. "J’avais trouvé @CCastaner assez minable comme adversaire aux régionales, il l’est encore davantage comme ministre de l’Intérieur en réprimant violemment les @giletsjaunes. Du jamais vu contre les casseurs black bloc, les prières de rue, les étudiants bloqueurs ou les zadistes." Un tweet signé de Marion Maréchal qui, pour le coup, est sortie de sa réserve.

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24 novembre 2018 à 20:51

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