Borne devant l’Assemblée nationale : un embrouillamini de macronisme sans vertèbre et sans cap

assemblée nationale

L’Assemblée nationale était pleine à craquer, cet après-midi du 6 juillet. À gauche, la NUPES hurlante, sans cravate pour les hommes, au centre les macronistes disciplinés applaudissant et se levant comme des soldats de plomb à la parade au discours du Premier ministre Élisabeth Borne, à droite les députés du Rassemblement national, presque discrets.

Chacun joue son rôle, à commencer par Élisabeth Borne, plus macroniste que Macron lui-même, tant sa déclaration de politique générale part dans tous les sens et noie le poisson mieux qu'un pêcheur de gros en haute mer. Une forme de feu d'artifice du 14 Juillet, la magie en moins... On attendait, après cinq ans de barre à gauche et à droite en fonction du vent et après des mois de vacuité gouvernementale - le temps que passent la campagne présidentielle, la nomination (si longue…) d’un gouvernement et enfin le scrutin législatif -, on attendait enfin une colonne vertébrale, un cap, une direction. Une idée de la France, un moyen d’y parvenir. Mais Macron, qu’il prenne le visage et l’accent terroir de Jean Castex ou la voix technocrate d’Élisabeth Borne, reste Macron. Éparpillé, contradictoire, brassant l’idée que tout est dans tout et vice-versa.

On a écouté Élisabeth Borne, après les roulements de tambour, tenter de surmonter tant bien que mal une Assemblée houleuse. Cela avait pourtant bien commencé par une lueur de lucidité sur cette abstention, signe « d’une démocratie malade », sur cette « perte de confiance de la jeunesse » et cette « demande d’action ». « Nous ne pouvons pas décevoir », lance Élisabeth Borne. Raté ! C’est parti pour un « en même temps » géant, une forme de voyage dans la gigantesque bulle où évoluent nos macronistes. Borne évoque les angoisses des Français et mentionne tour à tour l’Ukraine, l’épidémie, l’urgence écologique et même… « l’insécurité […] qui brise des vies et des destins ». Le réel affleure parfois, brièvement. Elle revendique ainsi « le courage de dire la vérité aux Français ». Elle veut « redonner un sens au mot compromis ». Cela tombe bien, le vote des Français et la composition de l’Assemblée le lui imposent. Elle cite de Gaulle et Rocard qui, sans majorité à la Chambre, ont malgré tout fait passer de grandes réformes. Sauf que ces deux personnalités savaient où elles allaient. Élisabeth Borne ne sait pas, elle sait seulement comment elle y va : elle veut ouvrir « une nouvelle page, celle des majorités de projets ». « Les Français veulent un Parlement et un gouvernement d’action », dit-elle. Mais pour faire quoi ? Mystère. La méthode qui n’en est pas une est claire. Mais le but est absent, quelque part dans les méandres politiciens du cerveau macroniste. Alors, on égraine les mesures comme un infini chapelet : le plafonnement de la hausse des loyers, le chèque alimentation, la lutte contre la fraude, l’équilibre des comptes publics. Elle veut tout, Élisabeth Borne : le retour de la souveraineté et la soumission à l’Europe, l’écologie partout et la relance industrielle, sortir des énergies fossiles et améliorer le pouvoir d’achat, le rétablissement de l’équilibre des comptes que le macronisme a saccagés et la formation d’un million de jeunes « dans les métiers d’avenir dont la moitié dans le numérique ». Tout cela est gentil, très gentil...

Les députés s’en donnent à cœur joie. Lorsqu’elle évoque la revalorisation du travail, on entend un député lancer : « L’eau, ça mouille. » Lorsqu’elle parle d’investir dans le nucléaire, le député LFI François Ruffin hurle sans qu’on distingue ses propos. Les applaudissements et les cris se mêlent à l’annonce de la renationalisation d’EDF. Cela chahute ferme lorsque le Premier ministre explique que « le Covid a fragilisé notre système de soin » et les applaudissements se mêlent aux hurlements de la meute NUPES lorsque Élisabeth Borne dit « sa confiance dans les forces de l’ordre ». « Honte à ceux qui attaquent systématiquement nos policiers et nos gendarmes, honte à ceux qui cherchent à dresser les Français contre ceux qui les protègent. » Pour ces mots fermes et bien naturels, les plus charitables pardonneront-ils un peu à Élisabeth Borne ? Ces quelques secondes se prolongent par un mot aux armées devant une partie des députés debout.

Mais voilà, la liste à la Prévert a de quoi décourager les meilleures volontés. Élisabeth Borne n’évite aucun poncif : la « société inclusive » est là, la « cohésion des territoires » aussi, « l’égalité des chances », sans laquelle le politiquement correct ne serait pas ce qu’il est, a droit à son couplet, on n’oublie pas non plus « les violences sexuelles et sexistes » ni l’effrayante « haine en ligne », ni bien sûr la « France fidèle à ses traditions d’asile ». On note scrupuleusement les révolutions qui vont changer la face du pays : oubliez Pôle emploi, il faudra dire désormais France Travail. L’équipe macroniste a repeint la façade. Quant à EDF, l’entreprise a vocation à être nationalisée. Bon. Rien sur l’immigration qui ruine le pays, une soumission absolue à l’Europe... Macron tel qu'en lui-même.

Inspirée, Marine Le Pen n’a aucun mal à mettre des mots, lorsqu’elle monte à la tribune, sur le fatras de cette déclaration de politique générale. « Le pouvoir ne réfléchit plus, il tâtonne, lance-t-elle. Il ne décide plus, il improvise. Il n’agit plus, il titube […] On ne dirige pas un pays dans la disruption obsessionnelle et dans "le même temps" pathologique. La seule certitude qui lui reste, c’est l’illusion de la puissance. » La France repart pour cinq ans de macronisme, le chahut en plus !

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

38 commentaires

  1. Rien de surprenant dans tout cela car la première ministre Elisabeth Borne n’est qu’une pauvre marionnette articulée par Macron, c’est toujours le maitre manipulateur qui dirige et qui décide en respectant les ordres de Bruxelles .

  2. Que dire, le blabla macroniste continue, autre ministre même noyade en circonvolutions inutiles. On décerne quand même un sous appel au secours : aidez- moi, je coule heureusement son verre d’ eau l’ aide à préserver son semblant de calme
    Moralité, quota ou pas le nombre de personne responsable et capable à la tête de l’ état est au niveau des services publiques, nullité totale

  3. Rien de nouveau sous le soleil, une Elisabeth Borne habillée en E. Macron, la démocratie bafouée, en un mot tous les ingrédients réunis pour une crise démocratique et sociale dés la rentrée.

  4. Borne c’est Christophe Colomb version féminine elle est partie sans savoir où elle va mais c’est pas grave c’est avec l’argent des autres

  5. « La première » ministre m’a fait grincer des dents car elle a dépassé les bornes, Élisabeth, en osant affirmer que l’heureuse, l’immense éducation nationale apprenait à nos enfants à lire, écrire, compter … correctement !! On l’a vu encore cette année avec les copies du bac (à sable). Il y a des gens culottés tout de même ; surtout lorsqu’ils sont hyper-diplômés !!

  6. Fallait s,y attendre …et le grand chahut va s’ accélérer …bornée et les autres tous identiques puisque macronistes 100% ..rien à attendre de bon …mais le pire à venir .

    • Tout ce chahut fait le bonheur de tous ces journalistes de pacotilles , tout droit sortis des écoles de journalismes à la française .

  7. Un discours fastidieux long et sans borne.
    Après un quinquennat désastreux l’emploi du verbe faire revient inlassablement  » nous ferons, il faut, il faudra… » Du Surmacron telle une grande prêtresse du dieu Eole. L’intervention des opposants étaient plus logique. Les français attendent autre chose qu’un remake .

  8. E Macron navigue à vue , au jour le jour , il ose demander à une certaine opposition de se rallier à lui , (l’opposition uniquement « républicaine » (pas façon Larousse mais républicaine dans le dico « le petit Macron  » ) « ralliez vous à mon programme ! programme que j’élabore ,  » traduire ,signez moi un chèque en blanc ..Bravo à Marine Le Pen , qui a rappelé les « personnalités » reconduites du gouvernement et leurs casseroles .sans oublier le petit nouveau ministre de l’éducation nationale ..

    • Vous avez raison, Macron navigue à vue !
      C’est pire encore que le Capitaine Pédalo son prédécesseur, c’est tout dire !

  9. « Si tu ne sais pas ou tu vas, vas ou tu ne sais pas » . Saint Jean de la Croix. Le catalogue pour cadeaux de Noël est déjà livré, on ne perd pas de temps. On a tous bien compris qu’il existe deux catégories de députés, les avouables et les autres. Pour la seconde, Borne et sa clique de bisounours remettent au gout du jour le mépris institutionnel, l’ignorance, même stratégie qu’avec les non vaccinés.

  10. Mme Borne fait l’impasse sur l’immigration, on sa avait que pour Macron& co ce n’était pas un problème , la confirmation est là ! Encore 5 ans sans décisions drastiques . Pour le reste attendons les projets de lois, car Mme Borne est restée dans le flou , les poncifs de rigeur sont ressortis. Macron hier pourfendeur du nucléaire , veut renationaliser EDF , et construire des centrales ! Un éclair pour Jupiter détenteur de la foudre ! Idem pour les places de prison promises depuis 5 ans !

  11. Macron passera le même disque rayé : « l’Europe, rien que l’Europe, tout pour l’Europe », totale soumission à Bruxelles. Pas de dialogue avec les ennemis RN et Nupes
    Aucun plan concret de lutte contre le chômage, l’inflation, la désindustrialisation, l’insécurité, l’immigration débridée, l’effondrement de l’hôpital, de l’éducation ; des bouts de sparadrap pour le pouvoir d’achat.
    Un patchwork de mots, une litanie de phrases pompeuses. Des mots… et des maux pour les Français.

    • « Macron passera le même disque rayé : « l’Europe, rien que l’Europe, tout pour l’Europe », totale soumission à Bruxelles. » C’est l’adaptation « moderne » du fameux aphorisme mussolinien définissant le fascisme : « Tout pour l’Etat, rien sans l’Etat, rien contre l’Etat ». remplaçons Etat par Bruxelles, et nous y sommes. Le progressisme de nos élites nous ramène droit en 1920.

    • Oui des mots, rien que des mots …. toujours des mots….du baratin, de l’enfumage pour masquer le manque total de vision pour le pays, le déni de la réalité et l’incompétence crasse d’une bande d’amateurs. Pauvre pays !

  12. Élisabeth s’est Bornée à un gloubi-boulga de Blablabla propagandesque et outrageusement mensonger !

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