Beaucaire, Béziers et Perpignan : 2.000 ans après la Nativité, la Sainte Famille est toujours SDF

CRECHE PERPIGNAN

Après celles de Beaucaire et de Béziers, la crèche installée dans la mairie de Perpignan a été déclarée illégale pour atteinte à la laïcité par le tribunal administratif de Montpellier, saisi par la Ligue des droits de l’homme. Le maire de Perpignan Louis Aliot a affirmé qu’il respecterait cette décision de justice, la crèche sera donc enlevée… le 2 janvier, à la date prévue initialement par la municipalité, à la fin des vacances... La mairie, si elle n’enlève pas la crèche dans les 24 heures suivant la notification de la décision du tribunal, devra payer une pénalité de 100 euros par jour de retard. Depuis son installation le 25 novembre dernier, cette a déjà reçu 12.000 visiteurs et fait l’objet de près de 8.000 photos.

La réaction de Louis Aliot ne s’est pas fait attendre. Il s’explique dans un communiqué : « Comme chaque année, et cela dans le plus strict respect des coutumes propres au pays catalan, la municipalité expose un Pessebre de Noël dans le patio de La Loge de Mer. En faisant cela, la ville offre à des milliers de personnes les moyens de participer à la célébration de nos traditions dans un lieu emblématique de la culture catalane." Le maire de Perpignan désigne les responsables : " Malheureusement, la Ligue des droits de l’homme et plusieurs organisations politiques ont décidé d’instrumentaliser la laïcité de la République et la justice administrative… Il est triste de constater que des responsables politiques s’acharnent à détruire, par pure idéologie, ce que nous construisons dans le respect de nos héritages et en accord avec une très large majorité de la population. » Notons que l’opposition municipale le soutient, preuve supplémentaire que la crèche s’inscrit dans une tradition occidentale, française et, ici, catalane. En effet, une motion a été votée à l’unanimité au conseil municipal du 15 décembre pour « la sauvegarde de nos traditions et des éléments de la culture catalane dont les Pessebres font partie ». Certains élus d’opposition - mais pas tous - souhaitent même participer aux amendes d’astreinte pour la non-exécution immédiate de la sanction. « Aujourd'hui, c'est le Pessebre. Demain, ce sera quoi ? La Sant Jordi ? La Sanch ? Et puis les noms de communes où il y a Saint ? », s’emporte le maire dont les propos sont cités dans L’Indépendant. À ce sujet, Louis Aliot réclame la levée de l’anonymat des signataires d’une tribune anti-crèche, ceux-là mêmes qui ont porté l’affaire en justice.

Aujourd’hui, les traditions françaises n’ont plus droit de cité en France

Ici une crèche interdite, là un sapin de Noël prohibé, ici encore un maire, celui de Limoges, qui souhaite - horresco referens ! - un joyeux Noël dans la « joie et la paix du Seigneur » et qui « suscite la polémique » : sont-ce vraiment les supposées atteintes à la laïcité que les collectifs et autres LDH dénoncent, ou bien participent-ils, sciemment, à l’effacement de nos us, coutumes et traditions hérités de quinze siècles de chrétienté ? Ajoutons, pour faire bonne mesure, que le 17 décembre dernier, le minaret de la mosquée turque de Flers, dans l’Orne, était inauguré en présence de l’ambassadeur de Turquie, du maire de la commune et d’une sénatrice centriste : assurément un objet cultuel et non culturel ! Et ce jour-là, la Ligue des droits de l’homme était opportunément absente…

Des sénateurs LR veulent défendre la crèche

Selon une information du Figaro du 23 décembre, un groupe de sénateurs LR a déposé une proposition de loi pour préserver les crèches de Noël. « Les symboles de nos traditions sont attaqués par un mouvement politique extrémiste et wokiste qui vise à déconstruire ce que nous sommes : arbres de Noël, crèches, santons, galettes des rois et même œufs de Pâques sont visés », expliquent-ils. Sans doute ont-ils à l'esprit cette décision du Conseil d’État de 2016 : « En raison de la pluralité de significations des crèches de Noël, qui présentent un caractère religieux mais sont aussi des éléments des décorations profanes installées pour les fêtes de fin d’année, le Conseil d’État juge que leur installation temporaire à l’initiative d’une personne publique, dans un emplacement public, est légale si elle présente un caractère culturel, artistique ou festif, mais non si elle exprime la reconnaissance d’un culte ou une préférence religieuse. […] le Conseil d’État juge qu’il convient de tenir compte du contexte dans lequel a lieu l’installation, des conditions particulières de cette installation, de l’existence ou de l’absence d’usages locaux et du lieu de cette installation. »


La tradition des crèches remonte au XIIIe siècle en Italie où elle est née, au XVIIIe en France. Il semble que la tradition soit suffisamment ancienne pour être parfaitement établie.

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

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