Prise d’otages et évasion à l’explosif, samedi, à la prison de Sequedin, dans le Nord. Redoine Faïd s’est fait la malle et son avocat, Jean-Louis Pelletier, a passé la journée de plateau de télé en radio à débiter avec des trémolos dans la voix tout le bien qu’il pense de son client.
Il faut dire que l’autre est une vedette, ou que, du moins, on a tout fait pour qu’il le devienne. Le braqueur a une belle gueule de star pour Canal +. Condamné à trente et un ans de taule en 1998, il sort en 2010 et commence à jouer les repentis sur les plateaux. Son livre « Braqueur : Des cités au grand banditisme» fait un tabac. C’est un bon coup pour l’édition toujours friande de ces mémoires de salopards. On l’appelle même comme conseiller pour le cinéma. Le parfait « repenti » qui jure partout avoir tourné la page remet pourtant le couvert : il braque un fourgon et tue une jeune policière à Villiers-sur-Marne.
Hier matin, il a fait sauter la prison où il attendait une nouvelle fois de passer en jugement, et son avocat fait la tournée des micros en expliquant à qui veut l’entendre que « ce garçon très intelligent » ferait au fond un gendre parfait.
Interviewé sur i>Télé, Me Pelletier ne tarit pas d’éloges : « C’est un garçon très intelligent (bis), cultivé, avec qui je n’ai que de très bons rapports, toujours courtois, même quelle que soit l’issue des procédures judiciaires. » Bref, s’il n’était pas en taule, Me Pelletier l’inviterait volontiers à dîner avec madame et les enfants. Au fond, si on le suit bien, on fait des misères inutiles à ce garçon. Et puis quoi, les malheureux qu’il a tenus au bout de son flingue n’avaient qu’à pas se trouver là.
Pour finir, on demande à l’avocat s’il a quelque chose à dire à son client. Réponse claire : « C’est un garçon très intelligent (ter) qui sait fort bien mener sa vie. Je ne me permettrai pas de lui donner un conseil quel qu’il soit, y compris de se rendre, parce que ça n’entre pas dans mes fonctions. »
Merci, Maître. On a compris. Compris de quel côté vous êtes, compris que la morale n’a rien à faire dans votre métier, compris qu’à l’évidence, elle n’entre pas dans le champ de vos préoccupations.
Juste une question, pour finir : vous dormez bien la nuit ?