Avec Olivier Mateu, la CGT de papa Joseph renaît de ses cendres

MATEU

Il est candidat à la succession de Philippe Martinez. Nous nous attacherons ici aux hommes et aux messages qu’ils transmettent. Vous entendrez bientôt parler de cet Olivier Mateu, si ce n’est déjà fait. Pour le physique et l’allure, corpulence et petit air matois d’apparatchik, avec un style coquet de moustache à la petit père des peuples. Sans oublier la barbichette comme héritée de l’homme de la Léna.

À 48 ans, le numéro 1 de l’UD 13 CGT, né à Port-de-Bouc, est un vieux de la vieille. Adhérent depuis 1996 (il avait 22 ans) après avoir été biberonné aux jeunesses communistes, cet employé forestier-sapeur du département des Bouches-du-Rhône est apprécié de nombreux « camarades » pour être depuis longtemps partisan d’une ligne « radicale », et donc de l’étincelle, dans le rapport de force avec gouvernement et patronat.

Un partisan de la lutte des classes, comme il l’exposait en 2016, durant les polémiques de la campagne présidentielle, avec sa gouaille provençale : « La classe, c’est la masse conscientisée. Oui, on revendique clairement des conceptions de classes. On a bien vu, dans la dernière période, un véritable affrontement de classes entre ceux qui possèdent et qui exploitent et ceux qui sont exploités et qui créent les richesses. Inutile de vouloir le nier pour paraître moderne, modéré, adouci, light… Nous, on n’est pas des yogourts 0 % ! ». Un néo-marxiste, pas tendance Groucho, donc !

Une image dans son bureau : l’homme pose ; derrière lui, un drapeau jaune avec un autre petit père bis à moustache, celui qu’on surnomme Apo, « l’oncle » en kurde ; le leader du PKK Abdullah Öcalan ! On reste en famille marxiste. Ajoutons un portrait présidentiel d’Hugo Chávez – vive le Venezuela ! – et une affiche du meilleur goût de l’Union départementale CGT 13 éditée lors de la loi travail 2016 : « La Police pour les Voleurs, pas pour les Travailleurs… » Voilà pour le passé, en attendant le passif, si Olivier Mateu peut s’imposer aux siens.

Ce lundi 6 mars, la CGT des Bouches-du- Rhône avait promis le blocage des raffineries et dépôts pétroliers du département à partir de mardi. Olivier Mateu et ses « camarades » sont conscients de l’enjeu qui se joue : « On est à un moment important qui va déterminer la suite du mouvement de refus de la réforme des retraites. » Un sentiment de force et une carte à jouer vite, tant que l’opinion publique suit : selon un dernier sondage, 72 % des Français soutiennent le mouvement et 65 % d'entre eux approuvent les appels des syndicats au blocage du pays, si l'on en croit un sondage de l'IFOP commandé par L'Humanité... Le rejet d’un Président qu’on juge méprisant fédère. Emmanuel Macron restera-t-il dans l’Histoire de la Ve République comme celui qui, par sa morgue, sa méconnaissance des aspirations populaires et ses maladresses technocratiques, aura réussi à bâtir contre lui la fameuse convergence des luttes que l’oligarchie redoute tant ?

Olivier Mateu poursuit : « Trop, c'est trop, nous sommes à l'heure des comptes. » Une exaspération feinte ou réelle, aux accents révolutionnaires de menace contre le pouvoir macronien qui s’affaisse. Dans la bagarre interne pour la succession de Philippe Martinez, l’autre petit père cégétiste sur le départ, Olivier Mateu sait que la radicalisation comptera pour son propre destin. La lutte pour l’abrogation de la réforme déjà morte n’est qu’un palier intermédiaire : « Nous voulons que le gouvernement retire sa réforme. Mais nous voulons aussi aller plus loin... »

Dans le local syndical de la bioraffinerie de Provence, propriété du groupe TotalEnergies, derrière les leaders apparemment déterminés pour le prochain Grand Soir, un autre symbole : l’affiche rouge du Che avec son slogan révolutionnaire : « Hasta la victoria siempre! »

Pierre Arette
Pierre Arette
DEA d'histoire à l'Université de Pau, cultivateur dans les Pyrénées atlantiques

Vos commentaires

14 commentaires

  1. Il y a déjà longtemps que je dis que la CGT est restée à l’époque de l’URSS où les consignes du Kremlin étaient de tout faire pour saboter l’économie occidentale (francaise en l’occurence)…

  2. Heureusement que je ne dois pas voter car ce serait un choix cornélien pour moi ! Contre la réforme parce que je suis contre Macron ou, pour la réforme parce que je suis contre le gauchisme !

  3. Ancien délégué syndical.Pas à la CGT,je connais ces grandes gueules dont le seul souci est de défendre leurs propres intérêts!
    Dans les faits,ils intimident,menacent,fustigent pour inscrire des adhérents pas toujours motivés.
    Et ils entretiennent électoralement ceux qu’ils désignent comme ennemis!

  4. Cela est bel et bon, mais tant que ces  » révolutionnaires  » appelleront à voter contre Marine ou Zemmour, le bal des faux culs continuera. C’est du theatre dixit un orfèvre en la matière : Jospin.

  5. entre çà et les militantes écolos féministes non genrées non binaires, lgbtq+, etc… la société Française est en train de sombrer

  6. On a les héros qu’on peut, la CGT admire les pires criminels de l’histoire car ils ne connaissent rien de leur parcours. Le monde syndical est en perdition et ce ne sont pas ces manifestations dites unitaires qui vont le réformer. La CGT 60 ans de retard.

  7. Ils causent, ils causent… Mais ne font rien. Que demain Macron dissolve l’Assemblée et que de nouvelles élections arrivent, la NUPES éclatera, les cartes seront redistribuées car aucun candidat n’osera se revendiquer d’un parti qui s’est donné une telle image. Et ça, nos syndicats le savent. Ainsi, malgré leur grande s déclarations ils continueront à s’opposer aux motions de censures et vont cesser d’en présenter… Car le RN n’à pas leurs pudeurs de fausses vierge. Il veut, lui, une telle motion et la votera d’où qu’elle vienne… Il sait qu’il en sortirait gagnant, ce que sera loin d’être le cas de la gauche.

  8. Communiste en 1996, il était donc au courant de toutes le déviances du Parti (le contraire d’un Fernand Dupuy, chassé du Parti pour n’avoir pas approuvé les blindés soviétiques à Prague). Au moins le décor est planté et nous savons à quoi nous attendre.

  9. Il serait juste de rappeler qu’avant la guerre la majorité socialiste de la CGT s’était fermement opposée aux communistes notamment lorsqu’ils suivaient les consignes de Moscou, d’août 39 (pacte Hitler Staline) à juin 41 (Barbarossa). La France était en guerre contre le nazisme (sept 39) mais les ‘communazis’ sabotaient le matériel de guerre français (les avions). Certains cocos furent fusillés. Ce n’est qu’en 1946 que le PCF met la main sur la CGT avec l’aide de Thorez , un traître déserteur de l’armée, que de Gaulle été allé récupérer à Moscou…pour le fusiller ? Non ! pour lui restituer sa nationalité française et le nommer ministre.

  10. Ayant été délégué syndical pendant plusieurs années , j’ai rencontré de nombreux membres ainsi que des responsables de cette organisation et je peux vous affirmer que ce n’est pas le « haut du panier » .

  11. Qu’ils soient encore dupes ou pas de l’assassin cubain de la prison de la « barraca » c’est pathétique. Comment des gars qui ont de telles références peuvent ils vouloir le bien du peuple ?
    Même les anciennes adolescentes soixante huitardes ont changé la déco de leurs chambres.

  12. Si l’habit ne fait pas le moine, le physique semble faire l’apparatchik cégétiste. Quant à l’affiche avec le Che on ose espérer que ces syndiqués ne connaissent pas la vraie histoire de leur « héros ».

  13. Pourriez-vous imaginer un instant ce genre de guignol avec quelques pouvoir ou responsabilités ?

    Bercé à l’Huma et à la rhétorique de caniveau. Incapable d’envisager un instant que ce sont les gens de son engeance et la gauche qu’ils portent au pouvoir qui tuent ce pays depuis 40 ans.

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