Jusque-là plus ou moins épargnés par l'offensive tous azimuts de l'État islamique, les chrétiens du Liban ont subi, le 27 juin, une attaque en règle contre un de leurs villages frontaliers de la Syrie.

Huit kamikazes ont perpétré deux séries intermittentes d'attentats, à l'aube puis en fin de soirée, à Qaa, dans la Bekaa-Nord, limitrophe du Qalamoun syrien. Les habitants du village ont perdu cinq des leurs, fauchés par les djihadistes qui se sont fait exploser, faisant également 15 blessés.

Contrairement aux idées reçues, les assaillants ne s'étaient pas infiltrés à travers la frontière syrienne mais venaient, tout simplement, des camps de réfugiés abrités dans les vastes terrains environnants.

Qaa, dans son ensemble, est ceinturé du nord à l’est par l'armée, ce qui lui a permis de repousser, quelques mois plus tôt, des combattants de l'État islamique traversant la frontière syrienne. La surveillance extérieure de l'armée est relayée à l'intérieur du village par une autosécurité proclamée des habitants.

Ils s'agit d'hommes, jeunes et moins jeunes, mais également de femmes, parfois âgées. Ces habitants armés patrouillant dans les rues du village ont paradé dès mardi matin dans les rues de la localité, armes de guerre à la main, affirmant vouloir défendre leurs terres et leur église contre les islamistes.

Quant à l'aptitude de l'armée à contenir, seule, la situation, la seconde série d'attentats survenue quelques heures après la première laisse un doute sérieux sur ses capacités. C'est grâce aux habitants armés que le nombre de victimes reste limité. En effet, ce sont eux qui ont repéré, les premiers, des individus suspects et les ont interpellés, les pointant avec leurs armes personnelles, les poussant à se faire exploser à la hâte, mettant ainsi leur objectif initial, visant probablement à faire le maximum de victimes, en échec.

Le village de Qaa, majoritairement chrétien, en grande partie sympathisant phalangiste, avait déjà payé un lourd tribut au début de la guerre civil de 1975 : des Libanais musulmans venus des villages avoisinants y avaient commis des massacres pour venger leurs coreligionnaires combattant les groupes phalangistes à Beyrouth. En 1978, ce sont les brigades spéciales de l'armée syrienne sous les ordres de Rifaat el-Assad (l'oncle de Bachar) qui commettront des atrocités en enlevant plusieurs dizaines d'habitants du village, retrouvés tous massacrés les jours suivants.

Quand on pense qu'aujourd'hui, des idiots utiles nous présentent les Assad comme des protecteurs des chrétiens, on mesure la perte de tout discernement et les conséquences de cette nouvelle méthode d'analyse dominée par le sentimentalisme et le besoin de trouver un modèle ou même un héros étranger. Toute opportunité politique dans un contexte particulier est ainsi immédiatement interprétée comme un acte paternaliste, si ce n'est d’amour.

Mais l'homogénéité politique relative de la population de Qaa, historiquement hostile au régime syrien, avec les réfugiés des camps, prouve aussi que les convergences politiques avec des musulmans ne garantissent pas aux chrétiens la moindre sécurité. Avis aux autres idiots utiles d'un autre genre soutenant, avec acharnement, la cause palestinienne, dont ils seront la première victime le jour où ils croiseront un militant du Hamas sur leur chemin.

La leçon que l'on peut tirer de ces événements est simple : pour se protéger, les chrétiens ne peuvent compter que sur leur fusil d'assaut.

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2 juillet 2016

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