Assassinat d’un scientifique syrien, le Mossad accusé
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Dimanche dernier, le général syrien Aziz Esber a été assassiné dans la ville de Masyaf, dans le centre de la Syrie. Son véhicule a explosé, le tuant sur le coup, ainsi que son chauffeur. L’attentat a aussitôt été revendiqué par le groupe islamiste Tahrir al-Cham, nouveau nom d’Al-Nosra, c'est-à-dire d’Al-Qaïda. Personne ne croit à cette revendication. Le général était un homme très protégé et les islamistes sont bien incapables de monter des attentats aussi sophistiqués. Pour eux, seuls les kamikazes tiennent lieu de stratégie.
Les Syriens et les Iraniens ont immédiatement accusé le Mossad israélien. Ceci n’a rien d’absurde, car le général Esber, avant d’être un militaire, était un scientifique. Physicien de formation (il aurait, notamment, étudié en France), il était un membre important du Centre d’études et de recherches scientifiques (CERS). Cette entité est notamment chargée du programme de missiles sophistiqués pouvant permettre à l’armée syrienne de frapper un objectif à plusieurs centaines de kilomètres de distance.
Très lié aux Iraniens, Esber était depuis longtemps dans le viseur des Israéliens. Ces derniers ont naturellement refusé de commenter l’assassinat, mais le ministre de l’Information a tout de même déclaré, à propos d’Esber : "Je suis absolument ravi qu’il ne soit plus de ce monde."
C’est le très sérieux New York Times qui a relancé le dossier en affirmant que c’est bien le Mossad qui a procédé à l’opération : "Aziz Esber était l’un des plus importants experts syriens en fusées, responsable de la mise en place d’un arsenal de missiles guidés qui étaient capables d’atteindre avec une précision extrême des villes israéliennes situées à des centaines de kilomètres." Le journal ajoute que c’est le quatrième scientifique assassiné au Proche-Orient par le Mossad depuis quatre ans.
Contrairement à ce qui a été annoncé dans un premier temps, ce n’est pas une bombe placée sur le trajet du véhicule qui a tué Esber, mais un explosif situé à l’intérieur, dans l’appui-tête. Méthode déjà utilisée par le Mossad…
Par cet attentat, Israël n’aurait pas seulement voulu éliminer un spécialiste des missiles. Il aurait aussi montré aux Iraniens qu’ils n’étaient pas en sécurité en Syrie. Esber était très lié avec eux, et plusieurs scientifiques iraniens travaillaient avec lui au CERS.
Comme Netanyahou l’a récemment rappelé à Poutine, l’exigence d’Israël est qu’aucun Iranien ne soit présent sur le sol syrien - militaire ou scientifique. Les Russes ont finalement obtenu des Iraniens un retrait de 85 kilomètres du plateau du Golan. Israël viendrait, ainsi, de signifier clairement qu’il exige beaucoup plus.
On connaît la redoutable efficacité du Mossad dans l’assassinat ciblé. Mais il en faut certainement plus pour intimider l’Iran. Il a perdu des milliers d’hommes dans la lutte contre les islamistes sunnites et, à l’orée de la victoire, il ne compte pas se soumettre aux diktats israéliens.
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