Après Poutine et l’Ukraine, Xi Jinping et Taïwan ?

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Les manœuvres militaires chinoises autour de Taïwan s’intensifient depuis quelques jours. « Le 15 août, le Théâtre oriental de l'Armée populaire de libération chinoise a organisé une patrouille de préparation au combat interarmées multi-services et des exercices de combat dans la mer et l'espace aérien autour de Taïwan », déclare ainsi l’armée de la République populaire de Chine, dans un communiqué.

Il est dès lors légitime de se demander si l'on observe actuellement une situation semblable à celle de janvier-février 2022, lors des derniers jours précédant l’intervention russe en Ukraine. Les comparaisons à ce sujet ne manquent pas. Qu’en est-il vraiment ?

Premièrement, posons-nous la question de savoir si la Chine est vraiment prête à attaquer Taïwan ?

La République populaire de Chine n’est pas un pays belliqueux comme les États-Unis et la Russie. Même pendant une période de dictature particulièrement meurtrière, très peu de conflits armés ont été menés à l’extérieur du pays… si ce n’est contre Taïwan. Mais excepté la campagne de l’île de Dongshan qui, en 1953, mit fin à la contre-attaque des nationalistes sur la Chine continentale et quelques victoires ponctuelles telles que la bataille des îles Yijiangshan (1955) ou la bataille de l’archipel des Tachen (1955) qui permirent à la République populaire de Chine d’élargir son territoire, les conflits se sont généralement terminés par un statu quo. Il n’y a jamais vraiment eu de vainqueur : la République de Chine communément appelée « Taïwan » est restée indépendante et s’est même développée au point de devenir une puissance économique d’importance mondiale.

Aujourd’hui, la République populaire de Chine (RPC) dispose d’une armée de 2.183.000 hommes mais ne peut guère sous-estimer Taïwan qui, forte d’une armée de 293.000 actifs et 942.000 réservistes (plus du double de l’armée française), dispose d’un matériel de plus en plus sophistiqué : on estime le nombre de chars que l’armée de la RPC pourrait débarquer à un tiers du nombre de chars dont dispose Taïwan ; en outre, il serait aisé pour Taïwan d’affaiblir la Marine chinoise par des mines, des torpilles et des missiles. Il faut aussi rajouter que, si la RPC s’est dotée au cours des dernières années de nouveaux équipements militaires, elle a encore du retard à rattraper, notamment en ce qui concerne les moteurs d’aéronefs, les grands bombardiers stratégiques et les porte-avions avancés. Enfin, les Chinois, observant l’enlisement des Russes, pourtant initialement très sûrs d’eux en Ukraine, pourraient raisonnablement craindre un scénario similaire en cas d’invasion de Taïwan.

Il convient aussi de se demander si la République populaire de Chine osera déstabiliser un pays produisant 60 % des puces électroniques dans le monde (les États-Unis n’en produisent aujourd’hui que 12 % et l’Europe 10 %). En effet, son industrie dépend des importations de puces venant de Taïwan : des tentatives de développer une production en Chine se sont avérées insuffisantes. Selon le think tank « Asia Centre », les sanctions prises par la RPC sur l’économie taïwanaise sont très faibles, ne concernent que l’agroalimentaire et ne touchent pas l’industrie des puces « car l’industrie chinoise dépend des importations taiwanaises ». Ajoutons à cela que le dirigeant de l’entreprise Taiwan Semiconductor Manufacturing Company a averti qu’une invasion chinoise « rendrait les usines non opérationnelles ». En d’autres termes, c’est toute la production de puces qui serait paralysée. Les conséquences s’en ressentiraient dans le monde entier, à commencer par la Chine.

Les Chinois vont-ils prendre le risque ?

Vos commentaires

19 commentaires

  1. Dire que la Russie s’enlise en Ukraine me parait un peu osé. L’armée russe avance lentement pour ne pas détruire le pays et surtout faire le minimum de victimes civiles. Pour le reste, le but des russes se dessine et la partition de l’Ukraine reste inévitable.

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