Après les émeutiers du Grand Soir, les pèlerins du petit matin… quel contraste !

Les week-ends, en France, se suivent et ne se ressemblent pas : une semaine, jour pour jour, après les émeutes consécutives à la victoire du PSG, les 19.000 jeunes du pèlerinage de chrétienté ont traversé, samedi, les rues de la capitale, en chantant et bannières au vent, pour rejoindre les routes de Chartres.

@Jean Bexon
Sur le trottoir, quelques passants et touristes éveillés à cette heure les regardent passer, médusés. Car une autre différence est là, très symbolique : c’est aux premières heures de l’aube que le pèlerinage s’ébranle, c’est tard dans la nuit que les émeutiers ont œuvré : la France du petit matin contre celle du Grand Soir. Durant très longtemps, ils ont été occultés par les grands médias. Mais cette année, dire qu’ils n’ont eu droit à aucune couverture médiatique serait faux. Comme en 2024, CNews a retransmis la messe dominicale. Mais TF1 a également fait un sujet dans son JT. Ignorer l’équivalent d’une ville moyenne qui ne serait peuplée que de jeunes de 20 ans se déplaçant sans le moindre dégât ni trouble à l’ordre public sur 100 kilomètres est devenu impossible. Pour que le tableau soit complet, précisons que, dans l’autre sens Chartres-Paris, 5.000 jeunes pèlerinaient aussi, car en 1988, après les sacres d’évêques de Mgr Lefèvre, le pèlerinage s'est scindé.
Succès monstre qui agace
De même, Le Parisien en a évoqué « le succès monstre » et des « chiffres qui donnent le tournis ». Il cite les propos de Philippe Darantière, président de l’association Notre-Dame de Chrétienté : « On se serait cru à un concert de Madonna ou des Rolling Stones. C’était "sold out" en quelques heures. » Précisons, en effet, que si les chiffres de participation sont en progression constante, ils sont limités - quoique repoussés chaque année - par les contraintes logistiques. Le nombre de pèlerins étant contingenté, beaucoup de jeunes ont mis leur réveil pour avoir une chance d’obtenir le fameux « bracelet » qui vous permet de marcher et d’accéder au bivouac et fait sauter à plusieurs reprises le site, rendu inaccessible pendant plusieurs heures.
Pour Le Parisien, « les messes y sont célébrées selon le rite ancien, ce qui crispe le Vatican… mais explique le succès ». Dans La Croix, le sociologue Yann Raison du Cleuziou renchérit : « Les jeunes catholiques inquiètent leurs aînés. » Comme s’il n’y avait pas bien d’autres raisons, en France, de se faire du mouron.
Se Canto chanté par des scouts au pèlerinage de Chartres. pic.twitter.com/noguS2UeIY
— Boulevard Voltaire (@BVoltaire) June 7, 2025
C’est la querelle des anciens et des modernes. Mais paradoxalement, les anciens sont ici jeunes et les modernes sont âgés. Car il faut savoir que, loin de se réjouir de cette vitalité, une partie de l’épiscopat français semble la déplorer. Pour un évêque interrogé par Le Parisien, le « rite ancien », pratiqué de leur vivant par 99,9 % des saints, est une « forme de séparatisme ». Rien que ça. Selon Le Parisien, toujours - de qui ce média tient-il cette info ? On ne sait pas -, « à Rome, il se murmure que le Dicastère pour le culte divin réfléchirait à interdire le pèlerinage ». Interdire à 20.000 jeunes de prier, réciter le chapelet, se confesser, chanter des cantiques ou assister à la messe ? Quel est leur crime ? Vouloir raccrocher les wagons avec vingt siècles de foi ?
Après trois jours de marche, les pèlerins commencent à arriver à Chartres. pic.twitter.com/FkbzSbNDNb
— Boulevard Voltaire (@BVoltaire) June 9, 2025
Sans doute peut-on y voir du dépit - c’est le père qui ne comprend pas pourquoi le fils s’entend mieux avec ses grands-parents qu’avec lui, pourtant tellement plus dynamique et moins ringard - et une forme d’affolement : les digues cèdent. Avant, les tradis étaient contenus dans des réserves, ils restaient docilement derrière la barrière. Aujourd’hui, l’appétence pour ce pèlerinage dépasse largement les cercles des familles historiquement attachées au rite ancien, à la faveur d’une grande porosité chez les jeunes générations qui ramènent leurs amis de tous horizons.
Un prêtre diocésain, présent au pèlerinage, s’amuse d’y croiser ses jeunes paroissiens (anecdote rapportée dans un sermon en région parisienne dimanche matin) : « Mon père, vous êtes là ? Nous ne savions pas que vous étiez tradi ! », s’écrient ceux-ci. « Et vous, vous êtes là aussi… Je ne savais pas non plus que vous étiez tradis ! », répond du tac au tac leur curé.
Il est quand même fort de café qu’une génération de cathos qui, en son temps, a voulu s’émanciper d’une religion pétrie, de son point de vue, de trop d’obligations - de pratique, de morale - veuille aujourd’hui faire rentrer ces jeunes dans le moule par la coercition. Que ceux qui ont malmené leurs pères refusent catégoriquement de se faire bousculer par leurs enfants.

@Jean Bexon
Pourtant, si l’on en croit le succès sur les réseaux sociaux des publications du pèlerinage de Chartres, nombre de Français, y compris athées, y voient au contraire un signe d’espérance. Un tout petit signe, sans doute - que sont 20.000 pèlerins, à côté de plus de 60 millions d’habitants ? -, mais précisément, pour Péguy, celui qui a inspiré originellement ce pèlerinage, la « petite fille Espérance », « n’a l’air de rien du tout ».
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR

52 commentaires
Que cela fait du BIEN à voir et à entendre ! Un évènement sobre mais tellement plein de sens, de ferveur et de communion ! L’un des symboles de profonde et naturelle résistance de l’Occident ! Merci aux organisateurs et aux jeunes participants ! Dieu les bénissent tous !
Un espoir que les jeunes prennent la relève des anciens. Merci pour cet article qui réconforte le papy que je suis maintenant.
Merci à toute cette jeunesse pour ce grand signe d’espérance envoyé à tous les Français !
merci a tous , que d’espoir dans nos coeurs. Un ancien qui rêve de pouvoir re-marcher
Une vraie cure d’espérance!
Et de jouvence, dans ce marigot putride où Bergoglio, l’U.E.,Macron et ses invertis nous ont mis jusqu’au cou..