C’est une bien étrange décision qui vient d’être prise par la Cour de cassation italienne. Étrange et extrême : celle-ci a donné son feu vert à la "saisie des biens de la Ligue partout où se trouve de l’argent, jusqu’à l’obtention du montant de 49 millions d’euros". À côté, les deux millions saisis au Rassemblement national feraient presque rire… s’il ne s’agissait pas, dans un camp comme dans l’autre, de sentences politiques. L’extension de la saisie à toutes sommes futures perçues, et la sanction tombant avant la conclusion de l’enquête, laissent peu de doute sur les véritables motivations de cette affaire.

Pour l’actuel secrétaire de la Ligue et ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, "c’est le seul parti dans toute l’histoire européenne qui va être mis hors la loi par une sentence judiciaire pour un délit qui n’a pas encore été prouvé". Il juge, en outre, incompréhensible la décision de confisquer les recettes provenant des dons des électeurs, quand il s’agirait de faits de dix ans d’âge : "S’il y a eu fraude il y a dix ans, qu’ils prennent cet argent et pas celui des millions d’électeurs qui financent la ligue."

L’affaire remonte, en effet, aux années 2008-2010, quand la Ligue du Nord était impliquée dans une fraude présumée sur des remboursements électoraux. À cette époque, le scandale dit « the Family » - quand la famille Bossi puisait goulûment dans les caisses du parti pour ses dépenses personnelles - avait coûté la place à son fondateur Umberto Bossi (et une condamnation à deux ans de prison) et la moitié des électeurs du parti.

Et Matteo Salvini de renchérir : "Si quelque juge veut mettre hors jeu un parti en utilisant ses instruments [législatifs], bonne chance, il n’y arrivera pas, on est absolument serein." Car cette somme colossale est introuvable. Et la liquidité maximale jamais détenue par le parti depuis 2007 est de 31 millions d’euros, chaque pièce de monnaie étant facilement traçable, selon les actuels responsables du parti.

Quant à son allié du Mouvement 5 étoiles Luigi Di Maio, durement attaqué par l’opposition, il se dit lui aussi « tranquille » puisque les faits, s’ils sont avérés, "remontent à l’époque d’Umberto Bossi, pas Salvini".

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:38.

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11 juillet 2018 à 20:00

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