Accord commercial UE/Ukraine : les agriculteurs français en grand danger

« Quand c’est flou, il y a un loup. » Et la question se pose d’emblée, après l’annonce d’un accord de principe sur les échanges commerciaux à long terme de produits agricoles entre l’Union européenne et l’Ukraine : pourquoi annoncer un accord sans en dévoiler le contenu ? Là où il est question de quotas et de normes, silence radio de la part de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dont le communiqué s’est contenté d’assener qu’avec cet accord, « nous sécurisons les flux commerciaux de l’Ukraine vers l’Europe. […] Dans le même temps, nous continuons à protéger les intérêts de nos agriculteurs. » Lundi 30 juin, les deux commissaires européens concernés, Maroš Šefčovič (Commerce) et Christophe Hansen (Agriculture), n’ont guère été plus précis, qualifiant l’accord avec Kiev de « prévisible » et « réciproque », et annonçant que les détails seraient finalisés « dans les prochains jours ».
#Importationsukrainiennes : Bruxelles et Kiev ont trouvé un accord: L’UE a annoncé lundi 30 juin être parvenue à un accord avec l’#Ukraine sur les échanges commerciaux à long terme. Mais, pour l’heure, les détails restent pour la plupart inconnus.
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— Euractiv France (@Euractiv_FR) June 30, 2025
Rappelons ici que ce nouvel accord doit se substituer aux mesures commerciales qui autorisaient, depuis 2022, les importations agroalimentaires ukrainiennes sans droits de douane, leur validité ayant expiré le 5 juin dernier. Il fallait donc bien faire des annonces, mais Bruxelles se sait en terrain miné. Le site euractiv.fr relève d’ailleurs que l’Union européenne a été accusée de retarder les discussions « pour éviter de contrarier les agriculteurs avant l’élection présidentielle du 1er juin en Pologne, pays voisin de l'Ukraine où les agriculteurs étaient particulièrement défavorables aux importations ukrainiennes ».
Les agriculteurs français vigilants
Si l’intention était de rassurer les parties concernées, et notamment les agriculteurs européens et surtout français, qui ont tout à craindre d’une libéralisation des échanges avec l’Ukraine, alors l’objectif n’est à l’évidence pas atteint. « Depuis des années, on sait très bien que tout va être fait » dans ce sens, a réagi au micro de BV Édouard Legras, membre du Comité directeur de la Coordination rurale. Peu étonné par cette stratégie des petits pas où se succèdent les annonces qui n’annoncent pas grand-chose, il constate d’ailleurs que « c’est pour cela qu'au niveau de la PAC [politique agricole commune], on dit qu’on va annoncer des choses, puis on reporte, puis on annoncera une partie, puis une autre ». Pourquoi cet attentisme permanent ? « Bruxelles ne sait pas comment nous faire avaler la pilule. Ils ne peuvent pas avouer qu’en fait, les industriels veulent des prix, que la traçabilité, ils n'en ont rien à faire. » Les opérations de contrôle surprise réalisées, récemment encore, par les adhérents de la Coordination rurale sur des camions en provenance d’Ukraine ont permis de confirmer que le respect des diverses normes qui contraignent les agriculteurs français n’est pas une préoccupation majeure, du côté de Kiev. Pour Édouard Legras, l’équation est toujours la même : « On va chercher le produit au moins cher, et en plus, comme on fournit des armes, il faut bien se faire payer. Le problème est là, c'est tout simple. » Chez les agriculteurs français, l'Ukraine est depuis longtemps un sujet d'inquiétude.
Des quotas en hausse
Des petits pas, donc, et surtout pas de chiffres, donc. Mais à défaut, Christophe Hansen a dévoilé une nouveauté : dans le nouvel accord, le contingent des produits concernés serait divisé en trois groupes. Le premier, dans lequel se trouvent les produits les plus « sensibles » aux yeux des États membres de l’UE, comme les œufs, la volaille, le blé, le maïs, le sucre et le miel, les volumes seraient plafonnés, avec des quotas en légère augmentation, sans plus de précision. Dans le second groupe, qui rassemble notamment l’avoine, l’orge, le beurre, le lait écrémé en poudre, le malt et le gluten, les quotas augmenteront beaucoup plus, à hauteur des niveaux les plus élevés atteints depuis le début de la guerre avec la Russie. Le troisième groupe sera, lui, entièrement libéralisé. Ses produits (le lait entier en poudre, le lait fermenté, les champignons et le jus de raisin) ne seront donc soumis à aucun quota lors de leur importation dans les pays de l’UE. Christophe Hansen a par ailleurs indiqué que les mesures permettant un accès plus large de l’Ukraine aux marchés agricoles de l’UE seraient conditionnées par son alignement « sur les normes agricoles de l’UE d’ici 2028, notamment en matière de bien-être animal et d’utilisation des pesticides ».
Distorsion de concurrence
Mais d’ici là, quid de ces contraintes qui valent distorsion manifeste et importante de concurrence ? On en revient toujours au point central : « Ils veulent aider l'Ukraine en lui fournissant des armes qu’elle ne peut payer qu'avec des produits agricoles », insiste Édouard Legras, qui rappelle que « la Coordination rurale ne s’oppose pas au principe d’aider les Ukrainiens à vendre leurs produits ». Une aide, pourquoi pas, mais pas sur le dos des agriculteurs français : « Ce que nous ne voulons pas, c'est qu'il y ait davantage de produits agricoles ukrainiens qui rentrent chez nous sans traçabilité, avec un mauvais bilan carbone et sans aucune exigence de qualité, en employant des produits qui sont interdits en France et en Europe. » Quelle suite donner à ce petit jeu relevant autant du dialogue de sourd que du poker menteur ? La Coordination rurale donne rendez-vous à la fin de l’été, quand les moissons seront terminées et que les chiffres et dispositions précises de l’accord ukrainien seront sans doute connus.

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56 commentaires
je suppose que ces produits seront sans acétamipride, cancérigène pour les enfants, d’après nos pseudo-écolos.
Boycot en soutien de nos agriculteurs, c’est pas compliqué
absolument et je le fais depuis des années et ce n’est pas une question de prix car acheter local ou dans des boucheries charcuteries qui indiquent les provanances de fermes locales, ça ne coutent pas plus cher et c’est bien meilleur. Idem fruits et légumes : au lieu de remplir un caddy, on va dans 2 magasins et ça prend même moins de temps !
Une seule issue : Frexit. Ohé les candidats!
Le mondialisme c’est le poison de la France et les français ont élu deux fois de suite le pire agent du mondialisme en Europe, Macron, qui a mis deux fois à la tête de cette maudite commission européenne la faussoyeuse de la France, Vanderleyen.
On ne pourra jamais s’aligner sur leurs tarifs la France taxe trop nos agriculteurs et pas que.
L’UE est une aberration, elle va faire couler l’agriculture de plusieurs pays en Europe et surtout la France.
ben….c’est le but….et parfaitement annoncé
« nous sécurisons les flux commerciaux de l’Ukraine vers l’Europe. » Tout est dit ! Puisqu’il n’y a qu’un sens !
Le mot scandale n’est pas suffisant il n’évoque qu’un des moyens utilisés pour mettre tout le monde à genoux.
Mme VDL a désormais une casserole de plus , elle va bientôt cesser , la batterie de cuisine au complet. Elle avait déjà eu des problèmes avec le ministère de la défense en Allemagne ( dit-on ) , ajoutons -y l’affaire des vaccins Pfizer , la signature illégale des accords Mercosur et maintenant les accords avec l’Ukraine . Mais si on y ajoute la subvention de 15 millions qui vient d’être versée pour le soutien de la viticulture en Afrique du sud nous ne serons plus ou il faut arrêter la liste .
Il y a de plus ! le Mercosur. La Cheffe ( j’oublie son nom ) de l’U.E. est allé négocier cela. Naturellement , les agriculteurs français avaient reçus de « garanties »…
Le mois de septembre risque d’être chaud! Les agriculteurs vont-ils retourner à Paris? je ne leur donnerai pas tord et s’ils vont à Bruxelles, je serai même capable de les encourager…
C’est simple: Ne pas acheter les produits de l’Ukraine.
Dans les produits transformés, toutes les provenances ne sont pas indiquées.
Effectivement l’étiquetage n’est très souvent pas clair.
oui et c’est la raison pour laquelle je vais chez mes commerçants : je n’achète que si les provenances de fermes locales sont précisées. Faites le, vous serez étonnés des prix
La seule issue, solution : BREXIT et vite !!!! Marre de cette pseudo UE qui nous détruit lentement mais sûrement !
les agriculteurs français et européens sont -t-ils considérés à Bruxelles comme les financiers de l’aide militaire européenne à l’Ukraine?
Vous vouliez dire FREXIT.
Une destruction en règle des productions agricoles sinon de l’Europe du moins de la France.Les paysans sont des empêcheurs de tourner en rond pour la Commission alors il faut tordre le bras jusqu’à ce que, comme pour les médicaments, les masques, et autres nous soyons en pénurie et incapables de subvenir à nos besoins. D’expotateur, nous allons devenir impirtateurs sans moyens de paiment.
Soit on vire VDL et on ramène ce qu’on nomme l’Europe dans la voie démocratique soit c’est le Frexit… et je ne crois pas que nous serions seuls.
je suis pour le frexit sauf que les ignares de français ont peurs et incapables intellectuellement d’y réfléchir
c’est le résultat de la faillite de l’école et de l’université.
Les français sont tellement des « babaches » (qualificatif ch’ti) qu’on arrive même plus à vivre. Dans les magasins ou ailleurs, ils ne comprennent même pas ce qu’on leur dit !