Devant la problématique inextricable de la montée du communautarisme religieux et de la criminalité dans les « quartiers sensibles de non-droit », rebaptisés pudiquement « quartiers de reconquête républicaine », le gouvernement tente de faire croire qu'il y met les moyens avec une police de sécurité du quotidien. En octobre 2018, Christophe Castaner avait déclaré, dès sa nomination comme ministre de l'Intérieur, vouloir tel un matamore « reconquérir mètre carré par mètre carré la souveraineté républicaine ». Un an après, les choses n'ont fait que s'aggraver.

Nonobstant les mesures d’insertion sociale que l’on pourra prendre, la reconquête du terrain par la puissance publique est une nécessité absolue. Il n’y a pas d’autre solution que de mettre hors d’état de nuire ces délinquants qui ont bénéficié de trop de bienveillance jusqu’à présent. Les Français y seront très favorables dans leur très grande majorité. C’est un vaste chantier qui demandera la réalisation de prérequis, un plan et des modes d’action précis ainsi que des mesures d’exception s’apparentant à un état d’urgence.

Premier prérequis : redonner du muscle aux forces de l’ordre. Il sera nécessaire de reconstituer les forces décimées depuis quelques années quand il a été décidé de procéder à une réduction très significative des effectifs de la gendarmerie mobile et des CRS. Ainsi, par exemple, depuis 2009, la gendarmerie mobile a vu quinze de ses escadrons dissous sur une centaine opérationnels, alors qu’elle a vocation, de par sa nature militaire et ses moyens, à aller au-devant des situations les plus complexes de rétablissement de l’ordre. Les effectifs en intervention de chaque escadron ont été, eux aussi, réduit à 50 au lieu de 75 auparavant.

Enfin, le budget consacré à la formation et à l’entraînement a diminué de moitié en 15 ans.

Deuxième prérequis : disposer de places de prison suffisantes. Cela suppose de libérer des places dans les prisons actuelles, notamment en éloignant vers un ou des bagnes dédiés outre-mer nos « djihadistes », dont le nombre est appelé à s’accroître, comme le préconisait Charles Pasqua, et de lancer le vaste plan de construction de prisons toujours repoussé.

Un plan et des modes d’action afin de reconquérir le terrain. Il s’agit de systématiser les interventions des forces de l’ordre dans les quartiers où elles ne vont plus ou presque plus aujourd’hui, en privilégiant l’effet de masse et la surprise afin d’y extirper définitivement les bandes de délinquants. L’appui de l’armée, en deuxième échelon, pourrait s’avérer nécessaire en fonction de ses moyens spécifiques, du mode d’action arrêté et de l’effet final recherché. La réorientation stratégique des missions des armées vers la sécurité intérieure est déjà amorcée avec sa participation pérenne à l’opération Sentinelle de lutte contre le terrorisme (7.000 hommes).

Des mesures d’exception comparables à un état d’urgence : le cadre légal de cette action devra être solidifié. Des pouvoirs exceptionnels seront donnés aux forces de l’ordre sur un territoire donné, dans un temps limité et sous le contrôle des procureurs de la République. Les procédures judiciaires engagées nécessiteront un gros travail de renseignement et de préparation en amont et l’application stricte de la loi devra être assurée par les magistrats dans un temps restreint. Un renforcement des moyens humains des tribunaux sera provisoirement nécessaire afin que la justice passe vite, tout en respectant les droits de la défense.

C’est un chantier à haut risque. Qui le décidera, qui le fera et quand ? Et puis rappelons-nous que « l’espérance est un risque à prendre » (Georges Bernanos).

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08 novembre 2019 à 20:21

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