« Un acte odieux », a écrit ici même Robert Ménard, à propos de l’assassinat d’un jeune étudiant de gauche par des brutes « nationalistes et révolutionnaires ». Il m’arrive parfois d’être d’accord avec lui, parfois non. C’est selon.
Dans ce cas précis, ce qui m’intéresse, c’est l’usage – un peu restrictif – fait par lui du mot « amalgame ». Je ne lui reprocherai certainement pas de trouver lamentables les rapprochements imbéciles et intéressés faits entre les meurtriers et les centaines de milliers de manifestants qui ont défilé contre le mariage gay. Il suffit d’écouter Pierre Bergé accusant les organisateurs de la Manif pour tous d’avoir « préparé le terrain » propice à ce meurtre pour constater jusqu’à quel sommet peut se hisser la bêtise hargneuse…
Mais le mot « amalgame » est, en français, assez riche en sens. Dans le langage courant, il signifie confusion. Dans le langage scientifique et technique, il veut dire alliage (à ne pas confondre avec alliance). Ainsi, le laiton est un alliage de… etc. Un mariage possible donc. Contrairement à l’huile et à l’eau qui ne peuvent s’amalgamer.
Il y a donc des amalgames qui font sens. Et quand l’alliage se fait difficilement, quelques ingrédients de haine facilitent l’opération. Les assassins du jeune Clément Méric ont travaillé au poing américain comme d’autres, islamistes fanatisés, travaillent au couteau et au cutter. Tout les oppose ? Politiquement et idéologiquement, bien sûr. Mais l’envie de tuer, de battre et de frapper crée entre eux des liens qu’ils renieront évidemment mais qui les unissent fraternellement dans la haine. Fous de Dieu, fous d’extrême droite…
Les assassins du jeune Clément Méric sont de la même famille (au sens où les chacals et les hyènes appartiennent au même groupe animal, ce qui ne les empêche pas de se dévorer entre eux) que les salafistes qui ont tenté de lyncher les Femen en Tunisie. Et les crétins islamistes de Kairouan offrent des ressemblances évidentes avec les crânes rasés qui ont roué de coups ces mêmes filles en marge de la Manif pour tous.
Ni les uns ni les autres ne veulent se regarder dans ce miroir. Imaginez un ardent partisan de Serge Ayoub découvrant comme reflet de son image un islamiste barbu… Imaginez ce dernier se voyant sous les traits d’un skinhead raciste et antimusulman… Miroir, miroir, dis-moi qui est le plus laid ? Ce miroir ne ment pas. Et tous ceux qui crachent sur la tombe du jeune Clément Méric (« Il l’a bien cherché, ce n’est qu’un gauchiste… ») feraient bien de s’y regarder.
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