À en croire la teneur de l'interview de Florian Philippot réalisée par Jean-Jacques Bourdin ce matin sur BFM, les chiens sont lâchés contre Robert Ménard. Il est vrai que ce dernier, à Béziers, a commis deux fautes impardonnables. D'une part, il a souhaité redonner du sens et du contenu à cette droite en déshérence depuis de nombreuses années. D'autre part, il a voulu entendre, sans intermédiaire, la parole du peuple.
Comment faudra-t-il le dire ? Ce dont souffre la droite, et donc tous les Français qui portent ses valeurs dans notre pays, c'est bien un manque de repères. Dilués dans les politiques diverses et variées, conduites ces dernières décennies par des hommes et des femmes politiques qui se disaient de droite, ces repères ont peu à peu perdu de leur consistance et de leur réalité pour ne plus être audibles aujourd'hui.
Cette sensibilité de la droite française, ainsi que la nomme Denis Tillinac dans son ouvrage L'Âme française, s'est endormie, au fil du temps, sous les belles paroles et les promesses sans lendemain d'une classe dirigeante plus préoccupée de son avenir que de celui de la France. L'idée générale qui ressort de Béziers, grâce à ses intervenants de grande qualité, est qu'aucun redressement de la France ne sera possible sans que les fondations structurantes de notre pays ne soient remises debout. Et c'est à une droite conquérante et fière de ses valeurs qu'il appartient, dès à présent, de se mettre au travail.
Qui, aujourd'hui, à droite, prétendant défendre notre histoire, notre culture et surtout préparer notre avenir, peut ne pas constater l'impérieuse nécessité qu'il y a à reconstruire un socle fondateur et unificateur pour le pays ? Ce n'est qu'à cette seule condition qu'un programme politique, en vue d'une élection majeure, sera crédible et pourra emporter l'adhésion des Françaises et des Français. L'important n'est donc pas aujourd'hui de savoir qui roule pour qui, mais de se réunir autour d'un projet commun tant attendu par celles et ceux qui désespèrent au quotidien.
Pour cela, il faut entendre le peuple. On connaît les réticences du monde politique à donner la parole aux citoyens. Un fois les élections passés et le blanc-seing délivré par les électeurs, plus question d'interroger celles et ceux qui pourraient avoir l'outrecuidance de poser les bonnes questions. À Béziers, ce fut pourtant le cas. 51 propositions sont nées de discussions et d'échanges fructueux. Bizarrement, cela ressemblait beaucoup à de la démocratie, un régime donné en exemple, qui permet au peuple de se faire entendre, y compris en dehors des périodes électorales.
En vérité, loin de fustiger l'initiative du maire de Béziers, beaucoup de dirigeants politiques, et pas seulement à droite, auraient dû venir écouter, le temps d'un week-end, ce peuple qui n'en peut plus de se taire. Ils auraient, ainsi, sûrement réalisé combien ils se sont coupés peu à peu d'une réalité qui, tôt ou tard, leur reviendra au visage comme un boomerang.
BVoltaire.fr vous offre la possibilité de réagir à ses articles (excepté les brèves) sur une période de 5 jours. Toutefois, nous vous demandons de respecter certaines règles :