Une voix s’est élevée à l’UMP pour demander au Groupe France Télévisions d’embaucher des polémistes de droite dans un souci de rééquilibrage politique.

Reprocher aux bonnes consciences de gauche de pratiquer la discrimination éditoriale : quelle jubilation ! Bien sûr, je n’accepterai jamais d’être engagé sur une chaîne publique par la seule grâce d’une politique de quotas (« Prenez Brunet, par compassion. Donnez-lui une petite chronique par charité républicaine. »). Mais pour être honnête, cette requête de l’UMP m’a donné du baume au cœur.

Moquez-vous, mais je fais partie de ceux qui ont eu à souffrir de penser à droite dans des rédactions du groupe France Télévisions. J’étais jeune, je n’avais pas encore le cuir épais, et j’ai pleuré bien des fois, sous la douche, le soir en rentrant chez moi. Je ne l’oublierai jamais.

Et puis j’ai fait mon outing. Voici quelques années, j’ai remisé ma carte de presse et je me suis autoproclamé polémiste de droite. C’est sans doute une coquetterie, mais je suis plus heureux désormais, loin de cette corporation qui ne m’a jamais donné d’amour.

Aujourd’hui, mû par un réflexe auto-protecteur, les maitre censeurs nous expliquent, calculette à la main, qu’il y a autant d’éditorialistes de gauche que de bretteurs de droite. Faux, bien sûr.

Mais le problème est ailleurs : l’immense majorité des 36 300 cartes de presse que compte notre pays pense à gauche. Ceux-là ne sont ni éditorialistes ni débatteurs. On ne les voit pas sur BFMTtv ou i>TÉLÉ. Ce sont des journalistes discrets et « objectifs », des reporters de radio ou de télévision, des localiers de la presse régionale, des enquêteurs, des correspondants, des interviewers, des reporters d’images, des documentaristes… Des femmes et des hommes de gauche, qui estiment faire leur métier honnêtement mais dont l’écrasante supériorité arithmétique constitue à elle seule une entrave à la liberté d’information.

Chaque matin, réitérée des milliers de fois, leur vision du monde s’imprime dans les consciences. Ils sont l’Information. Ils accomplissent paisiblement et bourgeoisement leur petit ouvrage, avec le sentiment du travail bien fait, nous reprochant même de parler trop haut.

Ils sont tout et nous ne sommes rien.

Le journalisme est un territoire occupé de la gauche.

Embaucher deux ou trois alibis de droite à France Télévisions n’y changera rien.

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17 octobre 2012

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