« 2020, pire année de l’Histoire », selon le magazine Time, rien que ça !

2020 covid

Vous l'ignoriez sans doute ; moi aussi. Le magazine Time vient de désigner l'année 2020 comme « la pire de l'Histoire ». Avec un grand H, qu'on ne se méprenne pas. La pire de toute l'Histoire. Time, qui avait déjà la gentillesse de nous indiquer chaque année qui était la personne de l'année, nous gratifie à présent d'un baromètre universel. On ne fait pas plus pédagogique. Alors, au fronton rouge du célèbre magazine tombe en lettres de marbre l'inexorable sentence : 2020, pire année de l'Histoire.

Tout le monde a ses « pires années » : la reine Élisabeth, par exemple, avait qualifié « d'annus horribilis » l'année 1992, qui avait été l'année de l'incendie de Windsor, des divorces de la princesse Anne et du prince Andrew, ainsi que de la parution d'un livre à scandale sur Diana.

Jean-Yves Le Gallou, plus pragmatique, fixait « la jauge », comme disent les guides bienveillants de la propagande sanitaire, en 1917 : année monstrueuse qui vit la mort de l'Occident sur les champs de bataille, la mort de la Russie sous les assauts diaboliques du communisme, et la mort de l'art avec l'urinoir de Marcel Duchamp.

À l'inverse, on pourrait (c'est très arbitraire) faire de 1967, par exemple, la dernière bonne année en Europe : avec le jazz, le rock, les mini-jupes et la radio, mais sans le maoïsme, Beaubourg et l'avortement. Ou de 1789, le début de la Révolution française : orgueil gallican, malhonnêteté, meurtres et malédictions. Ce ne serait pas plus absurde.

Alors, pourquoi Time a-t-il choisi 2020, me direz-vous ? Eh bien, le Covid-19, déjà, ou « la » Covid-19, enfin, ce monstrueux virus qui a déjà fauché plusieurs milliards de personnes en parfaite santé. Et puis la mort de George Floyd, cet agneau innocent, étonnamment victime d'un meurtre raciste dans un pays pourtant tellement fraternel. Et puis l'élection américaine, imprévisible chaos au centre du monde libre, dans une démocratie en pleine santé... Rien que de l'immédiat, américano-centré, biaisé par le politiquement correct.

Il faut être américain, c'est-à-dire n'avoir ni profondeur historique ni culture générale, pour désigner arbitrairement 2020 comme nadir de l'humanité. Mais le classement de Time est sans doute à la marche du monde ce que les Victoires de la musique sont à l'histoire de l'harmonie. Tout au plus avons-nous fait l'erreur d'accorder un peu trop de crédit à ce qui n'est qu'un journal, en perte de vitesse comme tous les journaux. Rien de grave, donc !

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois