Il y a un an, Emmanuel Macron…

Il y a tout juste un an, un certain Emmanuel Macron se déclarait à l’élection présidentielle, avant de faire son entrée à l’Élysée, six mois plus tard. Personne n’y croyait, que ce soit dans les cercles politiques ou médiatiques ; pas plus, d’ailleurs, qu’à Boulevard Voltaire - l’auteur de ces ligne en premier.

Certes, avec à peu près un tiers des électeurs inscrits, il s’agit d’un Président mal élu. Certes, contre Marine Le Pen, il pouvait difficilement ne pas être élu. Certes, c’est encore par une certaine France - celle, minoritaire, de la mondialisation heureuse, des visibles et des inclus - qu’il a été élu. Certes, il continue de battre des records d’impopularité, mais au moins a-t-il été élu. Et en face ?

En face, rien ou plus grand-chose. Comme si tous les compteurs avaient été remis à zéro. Comme si tout était désormais à recommencer, à la manière de survivants s’extrayant des décombres, après des mois de bombardements aériens.

Il y a ceux qui peineront à se relever, les écologistes, les communistes et l’extrême gauche traditionnelle, dont les derniers spécimens encore en vie, malgré un encéphalogramme plat, n’ont plus guère le choix qu’entre ralliement piteux à La France insoumise et mort clinique.

Le Parti socialiste et Les Républicains ? Les traîtres avaient déjà rejoint la puissance montante avant même le début de la bataille. Logique, puisque l’algorithme macronien leur ouvrait cette troisième voie permettant à tout un chacun de faire son chemin entre libéralisme social et socialisme libéral ; soit la social-démocratie libertaire que prônait naguère Valéry Giscard d’Estaing, désormais seul homme politique français à connaître un triomphe posthume de son vivant.

De cette gauche et de cette droite, données il y a peu pour être de gouvernement, ne demeurent plus, face à Macron, que des lambeaux : ceux qui ne l'ont pas encore rejoint. Ils entendent résister. Mais à quoi ? À un Emmanuel Macron dont ils applaudissent les initiatives en cachette de leurs derniers électeurs ? Et en s’alliant avec qui ? Faire front commun, les uns avec Jean-Luc Mélenchon, les autres avec Marine Le Pen ? Dans ces deux cas de figure, leurs « cordons sanitaires » respectifs demeurent solides et, aujourd’hui encore, le « rejet des extrêmes » continue de tenir lieu de bréviaire aux arbitres des élégances démocratiques.

Pis : France insoumise et Front national ne sont pas au meilleur de leur forme, leurs leaders n’en finissent plus de lécher leurs plaies, inconsolables qu’ils sont, l’un du second tour lui ayant échappé de peu, l’autre d’un débat d’entre-deux-tours raté, devenu depuis sorte de tunique de Nessus. Pour tout arranger, Mélenchon est embourbé par l’échec du troisième tour social sur lequel il avait tant misé, tandis que Le Pen s’enlise dans une refondation de son mouvement, refondation dont les contours demeurent des plus flous.

Ces deux formations sont pourtant celles qui parviennent encore à tirer à peu près leur épingle du jeu, malgré le désenchantement visible de leurs chefs de file. Lesquels demeurent condamnés à ramer, en eaux basses et à contre-courant. En effet, même si contestés de l’intérieur, qui pour remplacer Jean-Luc Mélenchon ou Marine le Pen ? Même si un ressort s’est cassé, si une dynamique s’est brisée, ils n’ont plus d’autre choix que de rebondir.

Il en va parfois de la politique comme de la boxe. Le 20 mai 1974, à Kinshasa, Mohamed Ali était donné perdant contre George Foreman. Il a longuement encaissé. Et, contre toute attente, au huitième round, lui, le challenger, mettait KO le tenant du titre. L’endurance est la marque des vrais champions.

Emmanuel Macron, lui, n’a jamais souffert.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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